Passager 57 (1992) : le test complet du Blu-ray

Ce qui aurait dû être un vol tranquille pour Los Angeles devient un brûlant cauchemar lorsqu’un terroriste prend en otages les passagers et menace de tout faire exploser. Mais à son bord se trouve le passager n°57, le meilleur agent de la sécurité aérienne, prêt à agir…

C’est un ex-flic, avec une mauvaise réputation et une mauvaise conduite. Pour les terroristes du vol 163, c’est un très mauvais numéro scandait une des affiches de Passager 57 à sa sortie en 1993. Tout juste promu premier rôle depuis New Jack City de Mario Van Peebles et Jungle Fever de Spike Lee, Wesley Snipes devient avec Passager 57 une nouvelle star du film d’action mettant en valeur ses prouesses physiques et sa maîtrise des arts martiaux. Démarrant comme un Die Hard dans un Boeing 747, ce film d’action désuet est caractéristique du début des années 1990. Après un générique soigné, élégant et efficace, le film de Kevin Hooks (qui?) démarre sur les chapeaux de roues avec une évasion aussi improbable que drôle du very bad guy interprété par l’inénarrable Bruce Payne qui en fait des tonnes dans la perfidie (rire sardonique).

Le ton est donné, le n’importe nawak est lancé. Wesley Snipes joue un ancien gorille du Président des Etats-Unis qui s’est reconverti dans la sécurité aérienne et la lutte contre le détournement d’avions. Comme le monde est bien fait, cet adepte de la méditation se retrouve dans le même avion qui transporte le méchant blond aux yeux bleus qui n’attend pas longtemps pour prendre possession du Jumbo Jet avec ses sbires et une Elizabeth Hurley toute fraîche et toute lisse. Si le côté 58 minutes pour vivre pouvait présager un bon film, Passager 57 déçoit rapidement puisque l’avion atterrit plus vite que prévu après que Wesley Snipes, sauvé par une envie pressante et réfugié dans les toilettes (véridique), ait entraîné une fuite de kérosène.

S’ensuit des échanges peu enthousiasmants, des bagarres un peu moles,une poursuite sur un carrousel de fête foraine (véridique encore une fois). Finalement, vingt ans après, on se met à regarder les à-côtés. La mode vestimentaire fait vraiment très peur avec le jeans-baggy taille haute portés par Wesley Snipes, et ne parlons pas des coupes de cheveux ! Les portables n’existaient pas, ou alors de la taille d’un frigo ce qui n’est pas très cinégénique, les gamins jouent à la Game Boy en disant qu’on ne fera jamais mieux du point de vue des graphismes, Wesley Snipes lit L’Art de la guerre de Sun Tzun, qu’il tournera en 2000, le 747 est aussi grand qu’un immeuble de dix étages, les victimes collatérales sont très vite oubliées, les méchants sont des as de la gâchette mais ratent ce bon vieux Wesley à deux pas devant eux, le héros fait des galipettes avant de tirer mais prend bien soin de reprendre la pose héroïque avant de vider le chargeur. Malgré tout, cette tambouille reste comestible.

Les dialogues « Put the gun down ! », « Drop the fucking gun ! » « Tu joues à la roulette ? Alors je te donne un conseil, parie toujours sur le noir ! » arrachent quelques joyeux sourires, les coups de pied de Wesley Snipes frappent dans le vide à un mètre du méchant qui s’effondre dans un fracas de plateau métallique, la musique saxo-sexy rappelle les pires épisodes de la série Hollywood Night. En 80 minutes montre en main, Passager 57 continue de divertir malgré tout puisqu’il a su devenir un gentil petit nanar que l’on regarde une bière à la main en se fendant la poire et en oubliant complètement d’avoir rendu son rapport en temps et en heure. Après avoir botté les fesses du terroriste et l’avoir envoyé valdinguer par-dessus bord, il s’en va dans son jean sac à patates avec l’hôtesse de l’air toujours bien coiffée malgré la dépressurisation de la cabine, let it snow, let it snow…ah non c’est dans un autre film.

Le Blu-ray repose dans un boîtier classique. La jaquette diffère sensiblement de l’affiche du film et présente Wesley Snipes tout seul. Le menu principal est fixe et muet, et reprend le visuel de la jaquette. Malheureusement, seule la bande-annonce est disponible en guise d’interactivité.

Disons le d’emblée, le master HD de Passager 57 ne rivalise pas avec les standards actuels mais bénéficie tout de même d’une révision de la luminosité, de la colorimétrie et du piqué sur les scènes diurnes. Le bât blesse légèrement sur les scènes en intérieur et l’apport de la Haute définition s’en trouve par conséquent réduit. En extérieur, à l’instar des scènes se déroulant dans la fête foraine, les détails se font plus ciselés, le relief est plutôt probant. Les visages des comédiens sont détaillés à souhait, le grain original est respecté et discret, la copie stable grâce à un codec AVC qui fait agréablement son taf. La copie est très propre, les contrastes joliment concis. Le Blu-ray de Passager 57 permet de revoir ce classique des années 90 dans les meilleures conditions.

Seule la piste anglaise bénéficie d’une excellente piste DTS-HD Master Audio 5.1. De son côté, la version française doit se contenter d’un pauvre mixage Dolby Digital 5.1 qui fait ce qu’il peut pour sauver les meubles. S’il est indéniable que cette piste n’arrive pas à la cheville de la version originale, moins ample et dynamique, le doublage reste excellent et très drôle. En DTS-HD Master Audio 5.1 la partition saxo et synthé est brillamment restituée, la balance frontale est riche, fluide et excellemment équilibrée, tandis que les latérales sont utilisées à bon escient (les ambiances dans l’avion, les scènes de fusillades), sans esbroufe, et souligne chaque séquence d’action à l’instar des divers assauts ou de l’unique explosion. Seules les voix manquent un peu d’ardeur, mais le caisson de basses est souvent à la fête !