Le Verdict

Le Verdict (1982) : le test complet du Blu-ray

The Verdict

Édition Digibook Collector + Livret

Réalisé par Sidney Lumet
Avec Paul Newman, James Mason et Charlotte Rampling

Édité par 20th Century Fox

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Le 19/08/2013
Critique

Avocat déchu et alcoolique, Frank Galvin racole ses clients dans les salons funéraires jusqu’au jour où il accepte de travailler sur l’affaire d’une jeune femme victime d’une erreur médicale et plongée dans le coma. Ce dossier qui risque de provoquer un scandale et de nuire à la réputation de l’hôpital, va être pour l’avocat l’occasion de retrouver sa dignité… ou de la perdre définitivement.

C’est l’histoire d’un homme déprimé, alcoolique, au plus bas, vieillissant, hanté par son passé auquel il reste enchaîné. Cet homme s’appelle Frank Galvin. Avocat au bord du gouffre, démuni, il survit en passant d’une affaire minable à l’autre jusqu’au jour où une affaire controversée va peut-être lui permettre de se racheter. Depuis son premier long métrage en 1957, l’immense Sidney Lumet n’aura de cesse de disséquer la loi, ses victimes et ses acteurs. Dans Le Verdict, il se place du point de vue d’un avocat qui décide de se lancer à corps perdu dans un probable dernier tour de piste, seul contre tous.

Magnifique histoire de rédemption, Le Verdict est porté par l’immense interprétation de Paul Newman, restituant merveilleusement le côté vulnérable voire parfois antipathique de son personnage au bout du rouleau, qui progressivement retrouve une conscience tant personnelle que professionnelle, une intégrité qui va l’aider à aller jusqu’au bout de son combat mené contre une institution hospitalière religieuse responsable d’une erreur médicale ayant entraîné le coma d’une patiente lors d’un accouchement. Le plaidoyer final du comédien est renversant de beauté.

A ses côtés, Charlotte Rampling, Jack Warden et James Mason sont tout aussi exceptionnels. Chacun s’accorde habilement telle une note sur la partition d’une magistrale symphonie.

Sur un scénario brillant, un joyau signé par le dramaturge, réalisateur et écrivain David Mamet, librement adapté du roman de l’ancien avocat Barry Reed, Le Verdict permet à Sidney Lumet d’analyser la machine judiciaire américaine et de dresser le portrait d’un homme luttant contre l’injustice, avec sa virtuosité légendaire. Le montage (d’une affolante précision), la photographie, le cadre, la direction d’acteurs, tout y est exemplaire. Le réalisateur collabore entre autres avec le chef opérateur polonais Andrzej Bartkowiak qui reflète l’état d’esprit des personnages en les plongeant dans une atmosphère aux clairs-obscurs saisissants, largement inspirés des oeuvres du Caravage.

Drame psychologique sous tension, Le Verdict, cinq fois nommé aux Oscars et tout autant aux Golden Globes en 1983, peut être considéré comme un énième sommet dans la prolifique et éclectique carrière de Sidney Lumet.

Présentation - 4,5 / 5

Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un Digibook d’une folle élégance aux couleurs soignées et au visuel attractif. Le petit livret joint revient sur la production du film de Sidney Lumet à travers un texte signé Marc Toullec, qui reprend quelques propos issus du commentaire audio. Des filmographies sélectives de Paul Newman et Sidney Lumet sont également proposées. Le menu principal est fixe et musical.

Bonus - 4,5 / 5

Une superbe édition Collector.

L’éditeur reprend le même commentaire audio disponible sur l’édition DVD éditée en 2002. Si le menu indique « Commentaire audio de Paul Newman » il s’agit en réalité d’un commentaire audio de Sidney Lumet (VOST), Paul Newman n’intervenant que deux minutes à 1h49 pour parler rapidement de son personnage et du plaisir qu’il a eu à le jouer, le cinéaste reprenant ensuite la parole.

Prenez donc 2h05 pour écouter cette prodigieuse leçon de cinéma ! Sidney Lumet n’est pas avare en anecdotes de tournage, dévoile ses « petits secrets de fabrication » comme il le dit d’entrée de jeu, analyse la personnalité de son antihéros et la performance de Paul Newman, le scénario de David Mamet, le casting, les trois semaines de répétitions avant le tournage, les partis pris esthétiques et sa collaboration avec le chef opérateur Andrzej Bartkowiak, évoque les lieux de tournage tout en s’adressant aux étudiants réalisateurs, surtout sur la façon de filmer les scènes de procès. Inmanquable.

Nous trouvons ensuite un making of (9’) d’époque, constitué de précieuses images de tournage ainsi que des interviews de Paul Newman, James Mason, de l’écrivain Barry Reed et des producteurs David Brown et Richard D. Zanuck. Les thèmes du film sont passés en revue, les comédiens abordent leur travail avec Sidney Lumet.

Dans le segment intitulé Paul Newman, l’art de jouer (9’), le comédien alors âgé de 81 ans (en 2006) se penche sur ce qu’il considère comme l’un des plus grands rôles de sa carrière. Notre interlocuteur se penche sur la création du personnage, un défi passionnant à relever qui lui a apporté une immense satisfaction. Quelques photos de tournage viennent illustrer cet entretien.

La même année, Sidney Lumet donnait également une belle leçon de cinéma restituée dans le module Sidney Lumet, l’art de réaliser (11’). L’immense cinéaste se penche ici sur sa longue et éclectique carrière. Sa condition de metteur en scène, le travail sur un scénario, son rapport aux spectateurs, les succès et les échecs, les répétitions avec les comédiens (héritées de son expérience à la télévision, où il a fait ses armes pour des programmes en direct) et plus particulièrement son travail sur Le Verdict, Sidney Lumet livre un remarquable et passionnant exposé.

L’éditeur livre ensuite un documentaire rétrospectif de 23 minutes, prolongeant les informations déjà entendues ici et là au cours de cette interactivité. Quelques éléments font inévitablement redondance, tandis que d’autres anecdotes méritent amplement le détour, notamment sur l’écriture chaotique du scénario et le choix de l’interprète principal, Dustin Hoffman, Frank Sinatra, Roy Scheider, Robert Redford et même Cary Grant ayant été envisagés jusqu’à ce que Sidney Lumet jette immédiatement son dévolu sur Paul Newman. Le cinéaste, David Brown, Richard D. Zanuck, Paul Newman, mais aussi l’excellente Lindsay Crouse interviennent à plusieurs reprises pour partager leurs souvenirs liés au tournage, à la production et au triomphe du Verdict à sa sortie, accompagné de nominations aux Oscars.

Arrivant en dernier, le module Petites histoires d’Hollywood : Le Verdict (22’) issu de l’émission Hollywood Backstories apparaît entièrement facultatif puisqu’il ne fait que compiler certaines informations disponibles dans le reste de l’interactivité.

La bande-annonce est également disponible et clôt la section consacrée aux suppléments.

Image - 4,0 / 5

Hormis des points blancs et noirs, ce master HD du Verdict présente une propreté quasi-irréprochable.

Les partis pris rappellent un peu ceux de Contre-enquête et Le Prince de New York et pour cause, la magnifique photographie du film est signée par le même chef opérateur, Andrzej Bartkowiak. Les gammes automnales, rouge, marron, ocre, jaune, brune, rousse, inspirées des oeuvres du Caravage prédominent dans le film. Les décors dépouillés reflétant la dépression du personnage principal sont omniprésents (voir le bureau de Galvin) et les personnages se détachent sans mal devant des fonds unis, les gros plans étant bien restitués et très bien détaillés. Les noirs paraissent tantôt concis tantôt poreux. Un léger grain cinéma est heureusement conservé donnant une texture non déplaisante à l’image, les contrastes paraissent raffermis, le piqué est plaisant. Les séquences se déroulant dans le bar irlandais doucement éclairé sont particulièrement soignées tout comme celles durant le procès, le codec AVC consolide l’ensemble avec brio et évite au maximum les fourmillements intempestifs, surtout sur les nombreuses scènes sombres, tandis que les fondus enchaînés demeurent fluides, sans décrochages.

Notre verdict : voilà un nouvel écrin idéal pour redécouvrir ce chef-d’oeuvre de Sidney Lumet.

Son - 3,5 / 5

Soyons honnêtes, les remixages DTS-HD Master Audio 5.1 pour la version originale et DTS 5.1 pour la langue française ne servent strictement à rien. Aucun effet latéral ni spatialisation musicale ne se font ressentir, surtout que Le Verdict est quasiment dépourvu de partition. L’entièreté du film repose sur les dialogues du film. Heureusement, l’éditeur joint également le mixage mono relevé en DTS-HD que nous vous conseillons immédiatement, d’autant plus qu’il n’y a pour ainsi dire aucune différence avec la 5.1. Les dialogues y sont exsudés avec force, les quelques effets sont propres, l’écoute demeure nette et précise. Le doublage français est soigné et les conditions acoustiques probantes.

Crédits images : © 20th Century Fox

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm