La Cité de la violence (2012) : le test complet du Blu-ray

Ill Manors

Réalisé par Ben Drew
Avec Riz Ahmed, Ed Skrein et Natalie Press

Édité par France Télévisions Distribution

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 18/09/2013
Critique

Après 15 ans en prison pour trafic de drogue, Kirby ne cherche que trois choses : reconquérir son territoire, s’envoyer en l’air et prendre sa revanche sur la bande de malfrats qui lui ont manqué de respect. Mais une rencontre humiliante avec son ancien protégé déclenche une réaction en chaîne : violence, vengeance et représailles mortelles vont entraîner la communauté de dealers, de proxénètes et d’innocents dans un tourbillon de violence…

La cité de la violence (pourquoi n’avoir pas choisi une traduction littérale du titre original, Ill Manors, « Mauvaises manières ? ») est une descente aux enfers, à Manor Park, au nord-est de Londres. Un univers à la Charles Dickens, transposé à notre époque, qui nous abandonne dans un monde cauchemardesque peuplé de junkies végétant dans des taudis crasseux, de proxénètes regardant leurs « protégées » comme des « morceaux de viande », de petits malfrats à « l’honneur » chatouilleux et la gâchette facile. Un monde où l’importance d’un homme se mesure à la taille de son arme (« a gun, it’s power! »). Un monde d’autodestruction où la vie semble n’avoir aucun prix, où un adolescent, contraint à « travailler » pour un dealer de crack, doit prouver qu’il est à la hauteur de ses nouvelles responsabilités en abattant deux personnes contre lesquelles il n’a rien, où une jeune prostituée doit abandonner son bébé dans un train pour le soustraire au triste sort que lui réserve son souteneur…

Voilà un premier film (au budget limité à 120.000 euro) qui ne peut pas laisser indifférent et qui s’imprime dans la mémoire (comme le Last Exit to Brooklyn de Uli Edel dont on espère une réédition sur Blu-ray), écrit et réalisé par Ben Drew, un jeune compositeur et chanteur de rap qui semble vouloir se lancer dans une carrière au cinéma : il tenait le second rôle de The Sweeney (voir notre critique du Blu-ray). C’est dans son expérience de la vie dans la banlieue londonienne de Forest Park qu’il a puisé l’inspiration du film.

La cité de la violence met en situation une dizaine de personnes dont les destins s’entrecroisent, au long d’un récit morcelé, déstructuré, avec des gestes inexplicables qu’un retour en arrière nous permettra de comprendre, avec des flashes sur l’enfance des protagonistes sous forme de scènes aux images bruitées qui veulent probablement rappeler les films de famille en 8 mm.

L’image est manipulée avec insistance. Le format 16/9 fait place au cinémascope puis à une image réduite au quart de sa taille normale ; plus rarement, le noir et blanc se substitue à la couleur. Quelques séquences sont même projetées à l’envers, avec des déplacements à reculons. La symbolique de ces métamorphoses, peut-être un peu trop fréquentes, aurait pu être utilement justifiée par un commentaire du réalisateur et du directeur de la photo.

Belle photo, dans un style pas léché qu’imposait le sujet. Le chef op’ Gary Shaw a été justement récompensé par le prix de la meilleure photo au Festival du film britannique de Dinard en 2012, qui a aussi attribué son « coup de coeur » à Ben Drew.

Le choix des lieux de tournage accuse la tonalité glauque de La cité de la violence : venelles étroites et sombres, entrepôt désaffectés aux vitres brisées, palissades branlantes recouvertes de graffiti tranchant avec la propreté rutilante d’un train tout neuf roulant vers le centre de Londres. Un rap song commente certaines scènes, à la manière du choeur de la tragédie grecque.

Le fait que nous n’ayons qu’un aperçu sur les personnages et le découpage complexe du récit estompent la dimension fiction de l’oeuvre et donnent au film les allures d’un documentaire. Tout semble authentique, même la violence impensable. Une petite lueur d’espoir commence à vaciller faiblement à la fin du film avec une tentative de rachat de trois personnages et le prénom donné au nouveau-né : Hope (espoir)…

Édition - 7 / 10

Le test a été effectué sur un check disc. Menu animé et musical. Deux versions audio, originale en anglais et doublage en français, toutes deux au format DTS-HD MA 5.1. Retour imposé au menu pour changer de version. Sous-titres français imposés sur la VO du film.

Au rayon des suppléments, l’édition française ne nous fait l’aumône que d’une bande-annonce (avec sous-titres français optionnels). La note technique se ressentira d’une pingrerie d’autant moins pardonnable que le Blu-ray proposé au Royaume-Uni et aux USA contient des suppléments de près d’une heure et demie : un documentaire sur le tournage, deux courts métrages, deux clips vidéo, une conférence de Ben Drew et cinq scènes coupées !

L’image, à l’aune du film, ne fait pas dans le style carte postale glacée. Elle est délibérément rugueuse, captée pratiquement sans éclairage artificiel et avec une profondeur de champ limitée dans certaines scènes de nuit où les personnages se détachent d’un arrière-plan flou. Ce qui n’empêche pas l’encodage AVC 1080p d’être à la hauteur de sa tâche en montrant qu’il est capable d’une étonnante précision dans les plans larges de Londres la nuit.

Le son, dynamique, restitue avec netteté les dialogues. Il reste, en revanche, trop concentré sur les voies frontales. Les enceintes latérales et le caisson de basses ne sont pratiquement sollicités que par l’accompagnement musical.

Crédits images : © FTD

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
7 / 10
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 18 septembre 2013
Pas de commentaire.

Lire les avis »

Multimédia

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)