Réalisé par Gus Van Sant
Avec
Matt Damon, Benjamin Sheeler et Terry Kinney
Édité par TF1 Studio
Steve Butler, représentant d’un grand groupe énergétique, se rend avec Sue Thomason dans une petite ville de campagne. Les deux collègues sont convaincus qu’à cause de la crise économique qui sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur lucrative proposition de forer leurs terres pour exploiter les ressources énergétiques qu’elles renferment. Ce qui s’annonçait comme un jeu d’enfant va pourtant se compliquer lorsqu’un enseignant respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que personnel…
Si beaucoup de spectateurs se souviennent de Will Hunting (1997), la première collaboration entre Gus Van Sant et Matt Damon, peu semblent connaître leur deuxième association avec le sublime Gerry sorti en France en 2004. Presque dix ans après ce chef d’oeuvre, le réalisateur d’Elephant retrouve le comédien pour Promised Land, une oeuvre écrite et proposée par Matt Damon lui-même - qui devait initialement passer à la réalisation - à Gus Van Sant, l’acteur étant également producteur avec l’acteur John Krasinski, coscénariste et présent au générique.
Tourné en seulement 30 jours, Promised Land reflète une rage intériorisée, une urgence d’évoquer le sujet épineux de l’extraction du gaz de schiste et ses effets néfastes sur l’environnement, l’ensemble reposant sur une mise en scène classique, toujours maîtrisée et en parfaite adéquation avec son sujet, un bouillonnement sous un calme apparent. Les deux auteurs signent une histoire engagée, dans l’air du temps, eux-mêmes étant de fervents écologistes.
Les comédiens, Matt Damon (maître dans l’art d’incarner Monsieur Tout-le-Monde), John Krasinski, Frances McDormand, Rosemarie DeWitt et le merveilleux Hal Holbrook sont évidemment parfaits de naturel, d’énergie et d’empathie. C’est d’ailleurs ce qui fait la grande réussite de Promised Land, une sincérité comme on en trouve finalement rarement dans le cinéma hollywoodien contemporain, une soif d’informer les spectateurs sans jamais tomber dans le piège du didactisme à deux balles ou une naïveté gratuite.
On sent le plaisir de Gus Van Sant à filmer une petite bourgade paumée des Etats-Unis en mettant en avant ses habitants, leurs us et coutumes, tel un véritable photographe humaniste qui imprime sur la pellicule un monde voué à disparaître à cause du rouleau compresseur capitaliste. Ou quand les petites villes agricoles laissent progressivement place aux cités industrielles…
Promised Land est une oeuvre intelligente, émouvante, limpide, toujours teintée d’humour, passionnante, peut-être l’une des plus belles du cinéaste, malheureusement passée trop inaperçue dans les salles.
La sérigraphie du disque reprend le visuel de l’affiche française du film. Le menu principal est joliment animé et musical.
Nous commençons par une petite scène coupée au montage (2’) intervenant lors de la première séquence du film, celle où Steve s’entretient au restaurant avec les pontes de Global. L’un des boss arrive en retard et explique que sa fille de 11 ans a été obligée de disséquer une grenouille en classe. Il demande à Steve, en guise de test, si cette opération est nécessaire chez les enfants et ce que cela peut apporter aux élèves de cet âge. Evidemment, Steve répond brillamment.
Egalement au programme, un making of (11’) de courte durée mais qui sait aller droit à l’essentiel via quelques entretiens avec les comédiens et le réalisateur. Les thèmes de Promised Land sont rapidement mais impeccablement exposés, diverses images de tournage viennent illustrer tous ces propos. Hormis quelques passages de pommade obligatoires (amazing, terrific), ce documentaire remplit facilement son contrat.
Ce master HD permet d’admirer la photo de Linus Sandgren avec sa belle luminosité et ses contrastes duveteux toujours plaisants pour les mirettes. Si les séquences sombres dénotent par rapport au reste avec un léger fléchissement de la définition, des noirs tirant sur le bleu et un piqué plus émoussé, les scènes diurnes tirent agréablement parti de l’élévation HD avec des détails plus ciselés, une profondeur de champ appréciable, un grain respecté et des visages plus précis.
Promised Land n’est pas un film à effets et les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne inévitablement d’ambiances naturelles sur les latérales. Il en est de même pour la belle composition de Danny Elfman (5e collaboration avec Gus Van Sant), systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes, y compris par le caisson de basses. Les voix demeurent solidement délivrées par la centrale, bien que la version française (horrible il faut bien le dire) demeure nettement moins ardente que son homologue.
L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Mars Distribution