Réalisé par Gary Fleder
Avec
Morgan Freeman, Ashley Judd et Cary Elwes
Édité par Paramount Pictures France
Quand l’inspecteur de police Alex Cross de Washington apprend que sa nièce, qui fait des études en Caroline du Nord, a disparu, apparemment victime d’un enlèvement, il se rend immédiatement à Durham pour participer aux recherches. Bravant la police locale, il mène sa propre enquête. Il découvre qu’en fait huit jeunes filles ont disparu et que l’une d’entre elles vient d’être retrouvée assassinée. Cross comprend alors qu’il a affaire à un collectionneur amateur de filles aussi belles qu’intelligentes.
Bien que très présent sur les écrans depuis la fin des années 1980, Morgan Freeman aura dû attendre le carton mondial de Seven en 1995 pour être enfin reconnu. Depuis, le comédien n’aura eu de cesse d’enchaîner les rôles principaux ou de second plan, devenant un acteur culte voire une icône à part entière dans le panorama du cinéma hollywoodien.
Réalisé en 1997, Le Collectionneur de Gary Fleder profite encore de l’engouement du chef d’oeuvre de David Fincher en faisant incarner à Morgan Freeman le profiler Alex Cross, créé en 1993 sous la plume du romancier James Patterson. Malheureusement, ce thriller a vraiment très mal vieilli. Il faut voir comment le personnage principal reconstitue les scènes de meurtre à l’aide d’un seul petit indice qui échappe à tout le monde sauf à lui, en prenant un air sérieux, les yeux au loin.
Aujourd’hui, le spectateur ne peut s’empêcher de rire devant la pauvreté des dialogues et l’interprétation mollassonne, en particulier Ashley Judd, étonnamment mauvaise du début à la fin. C’est peu dire qu’on s’ennuie en regardant Le Collectionneur. Il ne s’y passe absolument rien, Morgan Freeman marche au ralenti, à la cool, les mains dans les poches, en attendant que ça se passe, tandis que l’enquête se déroule sans qu’il ne fasse pratiquement rien, en laissant les autres faire le boulot à sa place. L’histoire n’est jamais prenante, les scènes s’enchaînent sans rythme, l’atmosphère est devenue clichée, vue et revue, la mise en scène est au point mort. Cerise sur le gâteau, le final est absolument consternant.
Le problème est que la télévision a tellement repris ce concept d’enquête sur un serial killer que ce genre de film se voit de nos jours comme un simple épisode d’une mauvaise série. Cependant, Le Collectionneur aura connu un tel succès à sa sortie qu’une suite aura vu le jour en 2001, Le Masque de l’araignée, avec une fois de plus Morgan Freeman dans le rôle principal et le même engouement.
Le visuel de la jaquette est immonde. On se demande quel est le tâcheron qui a bien pu signer un truc pareil ! Il en est de même pour le menu principal, fixe et muet. Ajoutez à cela une section interactivité complètement vide et vous obtenez ce qui peut se faire de pire de la part d’un éditeur.
Si la restauration et la propreté de ce nouveau master ne font aucun doute, l’élévation HD du Collectionneur demeure franchement anecdotique et nous avons plus l’impression de visionner un DVD sensiblement amélioré à défaut d’un réel Blu-ray. La gestion du grain manque d’équilibre, le piqué et les contrastes sont aléatoires parfois au cours d’une même séquence avec un jeu de champ-contrechamp tantôt émoussé, tantôt acéré. Le cadre large n’est guère exploité, les noirs auraient pu être plus concis, divers flous et fourmillements restent constatables et le codec AVC tente d’harmoniser tout cela, sans réel succès. Peu convaincant tout cela…
C’est déjà mieux au niveau du son, du moins en ce qui concerne la version originale, la seule piste du lot qui se voit auréoler d’un encodage DTS-HD Master Audio 5.1. Les basses sont frappantes à souhait sur le caisson, les latérales ont quelques occasions de briller tant au niveau de la musique que des ambiances naturelles, les dialogues se révèlent fermement exsudés par la centrale tandis que les frontales assurent du début à la fin. La langue de Molière fait pâle figure avec son petit Dolby Digital 5.1 et implique de monter le volume à un niveau assez élevé pour pouvoir instaurer un confort phonique suffisant.
A noter que la version française trahit étonnamment l’identité du tueur dès le début du film puisque la voix n’est pas masquée ou légèrement déformée comme sur la piste anglaise ! Si cela peut faire passer les quelques réfractaires à la version originale, Le Collectionneur aura au moins servi à quelque chose.
Crédits images : © Paramount