Les Amants passagers (2013) : le test complet du Blu-ray

Amantes pasajeros, Los

Réalisé par Pedro Almodóvar
Avec Antonio Banderas, Penélope Cruz et Antonio de la Torre

Édité par Pathé

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Le 09/10/2013
Critique

Des personnages hauts en couleurs pensent vivre leurs dernières heures à bord d’un avion à destination de Mexico.

Une panne technique (une sorte de négligence justifiée, même si cela semble contradictoire ; mais, après tout, les actes humains le sont) met en danger la vie des personnes qui voyagent sur le vol 2549 de la compagnie Península. Les pilotes s’efforcent de trouver une solution avec le personnel de la tour de contrôle. Le chef de la cabine et les stewards sont des personnages atypiques et baroques, qui, face au danger, tentent d’oublier leur propre désarroi et se donnent corps et âme pour que le voyage soit le plus agréable possible aux passagers, en attendant que la solution au problème soit trouvée. La vie dans les nuages est aussi compliquée que sur terre, pour les mêmes raisons, qui se résument à deux mots : « sexe » et « mort ».

Les passagers de la classe Affaires sont : un couple de jeunes mariés, issus d’une cité, lessivés par la fête du mariage ; un financier escroc, dénué de scrupules, affligé après avoir été abandonné par sa fille ; un don juan invétéré qui a mauvaise conscience et qui essaie de dire au revoir à l’une de ses maîtresses ; une voyante provinciale ; une reine de la presse du coeur et un Mexicain qui détient un grand secret. Chacun d’eux a un projet de travail ou de fuite à Mexico. Ils ont tous un secret, pas seulement le Mexicain.

La vulnérabilité face au danger provoque une catharsis générale, aussi bien chez les passagers qu’au sein de l’équipage. Cette catharsis devient le meilleur moyen d’échapper à l’idée de la mort.

Avec Les Amants passagers, Pedro Almodóvar renoue avec son genre de prédilection, la comédie chorale loufoque et bordélique période Movida. Ce 19e long métrage se révèle être le pire de sa filmographie. Si nous pouvions espérer que ce retour à la fantaisie réveille les zygomatiques, rien, il n’y a absolument rien à sauver de ce naufrage artistique.

Voulue « irréaliste et métaphorique » selon les dire du réalisateur, cette comédie étouffante aux couleurs kitsch et bariolées a été conçue comme une métaphore de l’état de la société espagnole post-crise économique. Ouah ! Il fallait la trouver cette symbolique de l’avion sans destination qui tourne en rond dans son espace aérien avec le crash qui peut être imminent, comme l’effondrement économique et social du pays de la corrida.

Avec ses comédiens horripilants - à part un caméo de Penélope Cruz et Antonio Banderas, réunis pour la première fois à l’écran - ses décors tape-à-l’oeil, ses dialogues (ou monologues) ineptes et ses séquences qui s’étiiiiiiirent à n’en plus finir, Les Amants passagers a très rapidement raison de notre patience. Cet indigeste cocktail rose-bonbon de sexe, de drogue, d’anxiolytiques, de champagne-vodka-mescaline-jus d’orange et de musique pop des années 1980 fait franchement peine à voir. Pedro Almodóvar prône le « c’était mieux avant » en glorifiant une des périodes de grande liberté en Espagne avec des protagonistes, des stéréotypes plutôt, frappadingues, jamais attachants et dont on se fout royalement des problèmes sentimentaux. Ce n’est pas une séquence en extérieur supposée aérer l’ensemble ou l’abattage du trio de stewards tout droit sorti de La Cage aux folles qui sauveront le film du marasme, bien au contraire. Comme quoi le retour aux sources ou le voyage dans le temps ne sont pas forcément salutaires.

La mise en scène est au point mort, seule la chorégraphie de Bianca Li sur le culte I’m So Excited des Pointer Sisters apporte un semblant de vie à toute cette pantalonnade. Si l’élixir but par les personnages a tendance à déclencher des comportements insolites, pour les spectateurs, il ne fait office que de somnifère. Pedro Almodóvar a voulu s’amuser et se faire plaisir, mais il est bien le seul. C’est ce qu’on appelle l’onanisme.

Présentation - 4,0 / 5

La jaquette, la sérigraphie du disque et le menu principal animé et musical, reprennent le visuel bariolé de l’affiche du film créé par le graphiste, auteur de bandes dessinées et peintre espagnol Mariscal.

Bonus - 2,0 / 5

L’éditeur ne s’est pas foulé… outre un making of de six minutes compilant quelques images de tournage, nous trouvons un montage d’à peine deux minutes sur la création des images de synthèse (les éléments du décor surtout), la construction du décor de l’avion sur un véritable tarmac (en time-lapse, 3’), une galerie de photos et la bande-annonce du film en français et en espagnol. Dix minutes montre en main !

Image - 4,5 / 5

Pathé nous livre un remarquable master HD des Amants passagers et ce dès le générique multicolore. Pour la première fois, Pedro Almodóvar réalise un film avec des caméras numériques et cela se ressent à l’image. Les contrastes sont tranchants, le piqué saisissant, les détails abondent sur tous les plans, le relief est palpable, la colorimétrie aux tons pastels et criards est étincelante et chatoyante. A part quelques petites saccades sur les mouvements rapides et divers plans trop surexposés, la compression VC-1 (Pathé s’obstine) n’est jamais prise en défaut, la définition demeure spectaculaire aussi bien dans les scènes en intérieur que dans les séquences en extérieur, bref nous nous trouvons devant un très beau Blu-ray.

Son - 4,0 / 5

En espagnol comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 sont en parfaite adéquation avec le sujet, à la fois intimiste dans les dialogues, mais également saisissantes et immersives dès que l’amusante partition d’Alberto Iglesias (Volver, Parle avec elle) se met en route. La musique est remarquablement spatialisée, les enceintes intelligemment mises à contribution même si le cadre confiné restreint les effets latéraux, les voix sont saisissantes sur la centrale et le caisson de basses se mêle efficacement à la partie. Evidemment, la version originale se révèle plus fluide et limpide que son homologue française et demeure la piste à privilégier, mais était-ce bien nécessaire de le préciser ?

L’éditeur joint également une piste Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Pathé

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 11 juillet 2014
Pas de commentaire.
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Franck Brissard
Le 2 octobre 2013
Pas de commentaire.

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