Femmes entre elles (1955) : le test complet du Blu-ray

Le Amiche

Réalisé par Michelangelo Antonioni
Avec Eleonora Rossi Drago, Gabriele Ferzetti et Franco Fabrizi

Édité par Carlotta Films

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Le 08/10/2013
Critique

Clelia, jeune femme indépendante et chaleureuse, quitte Rome pour diriger une maison de couture à Turin. À peine arrivée, elle sauve la jeune Rosetta du suicide et se lie aux amies de celle-ci, issues de la bourgeoisie turinoise. Clelia va alors être le témoin des relations ambiguës entre ces femmes, teintées de malveillance envers la fragile Rosetta qui, pour sa part, est folle amoureuse du mari de son amie Nene. Le cynisme et les mesquineries provinciales vont considérablement bouleverser Clelia qui se retrouvera confrontée à l’irréparable…

Femmes entre elles est le quatrième long métrage de Michangelo Antonioni après Chronique d’un amour, La Dame sans camélia et Les Vaincus. Le cinéaste s’inspire d’une oeuvre littéraire, une nouvelle de l’écrivain turinois Cesare Pavese publiée en 1949 et fait la chronique des relations délétères au sein d’un petit groupe de femmes bourgeoises, qui trompent leur ennui, leur mal-être existentiel dans une mondanité sans âme, d’apparences, jusqu’à ce que l’une d’entre elles tente de mettre fin à ses jours.

Chacune essaie de trouver un sens à son existence dans une ville de Turin agitée où les rencontres entre hommes et femmes sont toutes vouées à l’échec. C’est dans Femmes entre elles que Michangelo Antonioni pose les bases formelles (longs plans-séquences, personnages serrés dans un cadre réduit) et thématiques de son cinéma : incapacité à vivre heureux et des êtres humains à se comprendre, hommes lâches et défaillants, vide existentiel.

Le réalisateur n’a de cesse de réunir les personnages ou de faire exploser le groupe pour se concentrer sur deux ou trois protagonistes, jusqu’à mettre en avant leur impossibilité à s’entraider. La jalousie, l’envie, l’égoïsme et l’inimitié prennent rapidement le dessus et la tentative de suicide de Rosetta n’est finalement récupérée que comme une distraction dans une vie dénuée d’intérêt.

Récompensé par le Lion d’Argent à la Mostra de Venise en 1955, Femmes entre elles demeure marqué par de nombreuses longueurs et des dialogues chargés, mais reste une oeuvre superbement interprétée, difficile, acerbe, d’une folle élégance (l’errance sur la plage est superbe) et surtout très importante dans la filmographie d’un des plus grands cinéastes italiens de tous les temps dont le style allait véritablement exploser en 1957 avec son cinquième long métrage et premier chef-d’oeuvre, Le Cri.

Présentation - 4,5 / 5

La superbe jaquette est glissée dans un boitier classique de couleur noire, lui-même recouvert d’un surétui liseré rose. Le menu principal est fort élégant, animé et musical. N’oublions pas la sérigraphie soignée du disque.

Bonus - 3,0 / 5

En plus de la bande-annonce, Carlotta Films livre un module de 27 minutes intitulé Seules entre elles. Aurore Renaut, enseignante en cinéma italien à l’Université de Paris VIII propose une analyse de Femmes entre elles, lue sur un montage d’images du film, et aborde la manière avec laquelle Michelangelo Antonioni traite de la frustration et de l’isolement de ses personnages féminins. Le fond est habilement croisé avec la forme, chaque figure féminine du film est brillamment analysée.

Image - 4,5 / 5

La restauration numérique a été réalisée à partir du négatif caméra original. L’élément a été scanné à une résolution de 2K et restauré numériquement grâce aux pépètes de The Film Foundation et la maison Gucci. L’étalonnage a été effectué d’après une copie appartenant à la Titanus (la plus ancienne maison cinématographique italienne) et conservée à la Cineteca di Bologna. Les travaux de restauration ont été réalisés par le laboratoire L’Immagine Ritrovata de la Cinémathèque de Bologne.

Le nouveau master HD (codec AVC) au format respecté de Femmes entre elles se révèle extrêmement pointilleux en terme de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Michelangelo Antonioni (les scènes sur la plage sont magnifiques), la photo signée par le grand Gianni Di Venanzo (Juliette des esprits, Main basse sur la ville, Huit et demi) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé. Seuls petits accrocs constatés : des petits points noirs et blancs, des petits décrochages sur les fondus enchainés, de légers tremblements à la 56e minutes et une séquence sensiblement abîmée (porosité, rayures) à 1h20 lors de l’arrivée du groupe à la trattoria.

Son - 4,0 / 5

Comme pour l’image, le son a probablement été restauré à partir du négatif original optique 35mm dont a été tiré un positif son de conservation numérisé et restauré numériquement. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien DTS-HD Master Audio 1.0, pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets, même si les voix des comédiens, enregistrées en postsynchronisation, peuvent parfois saturer ou apparaître en léger décalage avec le mouvement des lèvres. La composition de Giovanni Fusco (Le Désert rouge, L’Eclipse) est joliment délivrée et berce délicieusement le film de Michelangelo Antonioni.

Crédits images : © Intramovies

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm