Mon oncle Benjamin (1969) : le test complet du Blu-ray

Édition 35ème Anniversaire

Réalisé par Édouard Molinaro
Avec Jacques Brel, Claude Jade et Rosy Varte

Édité par Gaumont

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Le 29/10/2013
Critique

Benjamin Rathery est un libertin du 18ème siècle, médecin de campagne et grand buveur. Son anticonformisme et son insouciance scandalisent sa famille et la bourgeoisie, mais enthousiasment les paysans et les bergères. D’aventures galantes en péripéties rocambolesques, Benjamin trouvera le bonheur avec la divine Manette.

En 1966, à la stupéfaction générale, Jacques Brel décide d’abandonner la chanson et la scène. Après son dernier tour de chant, ses adieux à l’Olympia en octobre 1966 et son ultime récital à Roubaix en mai 1967, Jacques Brel est rapidement courtisé par le milieu du cinéma.

C’est le réalisateur André Cayatte qui lui donne son premier rôle dans Les Risques du métier, gros succès populaire de l’année 1967. Il interprète ensuite Raymond Callemin alias Raymond la Science dans La Bande à Bonnot de Philippe Fourastié. Jacques Brel jette ensuite son dévolu sur Mon oncle Benjamin, adapté de l’oeuvre éponyme de Claude Tillier, que souhaite mettre en scène Edouard Molinaro, tout juste auréolé du triomphe d’Oscar avec Louis de Funès. Le cinéaste passe un contrat avec Gaumont, il accepte de réaliser Hibernatus s’il peut enchaîner avec Mon oncle Benjamin, un film qui lui tient particulièrement à coeur. Alors que le clap de fin vient d’être donné pour Hibernatus, Edouard Molinaro démarre le tournage avec Jacques Brel, grâce à qui le film a pu être lancé.

Avec ce personnage - comme Benjamin se définit lui-même dans le film - gai, pauvre, spirituel, pas trop sot, caressant, vigoureux, empressé, Jacques Brel se voit offrir un rôle taillé sur mesure, dans lequel sa véritable personnalité transpire à chaque plan. Portant encore les stigmates de mai 68, Mon oncle Benjamin montre un personnage libertin, libertaire et révolutionnaire sous Louis XV, qui s’amuse à batifoler de femme en femme, passe ses nuits à boire avec ses potes en entonnant des chansons paillardes, tout en rendant service et en auscultant gratuitement ses concitoyens qui n’ont pas d’argent.

Ce personnage de Benjamin Rathery permet à Jacques Brel de gambader, de sauter à cheval et de se battre à l’épée avec une facilité déconcertante, un charisme incroyable et une vivacité époustouflante. Redoutablement cynique, indépendant, révolté, Benjamin rejette la noblesse - les bourgeois c’est comme les cochons… (air connu) - et a beau passer du lit d’une femme à l’autre, son coeur penche pour Manette, et on le comprend puisqu’elle est interprétée par la merveilleuse Claude Jade, tout juste révélée par François Truffaut dans Baisers volés, amoureuse de ce médecin à l’habit rouge mais qui se refuse à lui tant qu’il ne l’aura pas demandé en mariage.

Mon oncle Benjamin est un hymne à la joie, à la grivoiserie, au bon vin, aux belles femmes, à la bonne chère, à l’existence. C’est ce qu’on surnomme familièrement aujourd’hui un feel-good movie, mené à cent à l’heure avec ses répliques truculentes, génialement interprété (Bernard Alane, Paul Frankeur, Rosy Varte, Bernard Blier), qui n’a absolument pas pris une ride et demeure totalement jubilatoire.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est étonnamment fixe, muet et peu recherché.

Bonus - 4,0 / 5

L’homme à l’habit rouge : Molinaro à l’appel de la liberté (2013, 30’) : Ce documentaire rétrospectif signé Pierre-Henri Gibert croise les témoignages d’Edouard Molinaro (metteur en scène), Philippe Monnier (assistant-réalisateur) et Bernard Alane (comédien). Durant la première partie, l’ensemble est un peu hors-sujet puisqu’on y évoque la collaboration d’Edouard Molinaro avec Louis de Funès sur Oscar (6,1 millions d’entrées) puis Hibernatus (3,3 millions d’entrées), tout cela pour dire que le réalisateur n’a jamais été véritablement enthousiasmé par ces deux triomphes mais qu’ils lui étaient nécessaires pour pouvoir mettre en route d’autres projets qui lui tenaient plus à coeur, à l’instar de Mon oncle Benjamin, dont le tournage a démarré immédiatement après celui d’Hibernatus. Edouard Molinaro s’exprime sur sa rencontre avec Jacques Brel, la plus belle de sa carrière dit-il. Chacun aborde les thèmes du film, le casting dont la magnifique Claude Jade, sans oublier le roman unique du pamphlétaire et romancier Claude Tillier (1801-1844). Ce documentaire n’est pas très joyeux, on y évoque pas mal de personnes disparues, mais les nombreux fans du film y trouveront leur compte et se réjouiront des nombreuses anecdotes racontées ici.

À genoux, chrétiens ! (2007, 27’) : fans inconditionnels du film, l’écrivain Alexandre Jardin et le journaliste François Busnel rencontrent et interrogent Édouard Molinaro sur leur film culte. Amis de longue date, les deux invités s’amènent avec deux bouteilles de vin, un Pommard et un Volnay, qu’ils débouchent systématiquement à chaque visionnage de Mon oncle Benjamin, mais pas de chance, Edouard Molinaro ne boit pas une goûte d’alcool. Qu’à cela ne tienne, Alexandre Jardin et François Busnel, vêtus de T-Shirt arborant l’affiche du film, de vrais geeks quoi, débouchent le pinard et ne se laissent pas abattre, tout en discutant sur la philosophie épicurienne de Mon oncle Benjamin.

Bibliothèque de poche : Mon oncle Benjamin : Dans un court document de cinq minutes datant de 1967, Georges Brassens et l’écrivain René Fallet témoignent de leur passion pour l’ouvrage de Claude Tillier. Ecouter ces deux anars parler de littérature est la petite cerise sur le gâteau de cette interactivité, surtout quand Brassens déclare « pour être notre ami il faut lire Mon oncle Benjamin, je me suis découvert avec, je le lis chaque année ».

Nous trouvons ensuite un reportage d’époque sur le tournage du film (1969, 9’), avec Edouard Molinaro et Jacques Brel sur le plateau, qui s’expriment sur l’histoire de Mon oncle Benjamin, le roman de Claude Tillier, le casting, les personnages et les thèmes du film. Quelques images dévoilent l’envers du décor, notamment l’entraînement à l’épée de Jacques Brel avec le mythique maître d’armes et cascadeur français Claude Carliez.

Image - 4,0 / 5

Le master HD de Mon oncle Benjamin n’est pas exempt de défauts mais se révèle globalement satisfaisant. A l’instar des autres titres de la collection Gaumont Classiques, cette copie bénéficie d’un traitement de faveur concernant la restauration et aucune scorie n’est à signaler. Soutenue par une solide compression AVC, l’image affiche une belle stabilité mais c’est au niveau des contrastes que cela gène légèrement car nous attendions une colorimétrie plus riche et ferme. Le grain cinéma a certes été atténué mais demeure palpable, quelques flous sporadiques sont à noter. Ce sont finalement les séquences diurnes qui s’en tirent le mieux avec une clarté indéniable, des teintes pastelles plus variées et un piqué nettement plus ciselé. La profondeur de champ y est tout aussi nette, tout comme la photo d’Alain Levent, habilement restituée.

Son - 4,0 / 5

La piste DTS-HD Master Audio Mono permet à la superbe partition de Jacques Brel et François Rauber de s’étendre et de s’aérer. Si les dialogues de la première partie se révèlent couverts et manquent de clarté, cela s’arrange après avec des voix plus distinctes. De plus, on parle fort dans Mon oncle Benjamin et heureusement, les saturations sont évitées, l’ensemble est propre et le confort acoustique finalement assuré.

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm