Post Tenebras Lux (2012) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Carlos Reygadas
Avec Adolfo Jiménez Castro, Nathalia Acevedo et Willebaldo Torres

Édité par Blaq Out

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Le 30/10/2013
Critique

Au Mexique, Juan et sa jeune famille ont quitté la ville pour s’installer à la campagne. Là, ils profitent et souffrent d’un monde qui voit la vie différemment. Juan se demande si ces mondes sont complémentaires, ou bien s’ils s’affrontent inconsciemment pour s’éliminer entre eux.

Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas n’a guère fait l’unanimité lors de sa présentation au Festival de Cannes en 2012, ce qui n’a pas empêché Nanni Moretti et son jury de lui décerner le Prix de la mise en scène. Si cette distinction n’est pas volée, les insultes, huées, critiques et quolibets entendus lors de la projection peuvent se comprendre. A l’instar de l’insupportable Batalla en el cielo, le réalisateur mexicain semble prisonnier de son dispositif formel, au point d’oublier de raconter un semblant d’histoire.

S’il n’y a rien à redire sur la splendide photographie qui capte les sens dès la première séquence, la seule que nous retiendrons véritablement par son immense beauté et son caractère crépusculaire, le spectateur déchante rapidement puisque Carlos Reygadas ne raconte rien, passe d’une scène à l’autre de manière déstructurée, du coq à l’âne ou plutôt des vaches à l’âne, d’un personnage à un autre, sans fil conducteur, sans raison ni intérêt, pour combler le vide de son scénario, en se reposant uniquement sur l’esthétique.

Aucun point d’accroche ne se dessine tout au long de ce patchwork de séquences aussi futiles que soporifiques, pourtant magnifiquement photographiées, un match de rugby, un démon animé qui s’incruste chez les particuliers avec une boîte à outils à la main, un chien qui se fait battre à mort (séquence puante de gratuité), une moto sur la route, des alcooliques anonymes qui se présentent, une partouze dans un sauna qui se termine en Pietà, le tout étant capturé par une lentille qui anamorphose les coins du cadre 1.33 comme un Gunbarrel transparent.

C’est à peine si nous comprenons que Juan, père de famille à qui tout réussi, l’argent, le bonheur, la santé, un mariage avec une femme ravissante qui lui a donné deux beaux enfants, vit pourtant insatisfait dans son paradis luxuriant et plonge progressivement dans les ténèbres éponymes, qui renvoient quant à elles à la crise qui s’est également abattue sur le Mexique.

Le précédent film de Carlos Reygadas, Lumière silencieuse, promettait de très belles choses et évoquait l’un de ses maîtres, Tarkovski. Après les ténèbres, la lumière indique le titre en latin de Post Tenebras Lux. Malheureusement, en voyant cette quatrième oeuvre du cinéaste, on serait bien tenté de la rebaptiser Post Lux Tenebras tant le film perd le spectateur dans les oubliettes d’entrée de jeu, sans espoir de retrouver le fil d’Ariane.

Présentation - 4,5 / 5

La jaquette au superbe visuel est glissée dans un boîtier de couleur rouge, renvoyant au démon qui visite la maison, lui-même glissé dans un surétui très élégant. Le menu principal est animé et bruité.

Bonus - 3,0 / 5

Dans un entretien de 14 minutes, Carlos Reygadas tente d’expliquer les partis pris de Post Tenebras Lux, sans convaincre réellement. Le réalisateur passe en revue l’usage du cadre 1.33, celui de la lentille déformant l’image aux quatre coins (« pour garder la réalité au centre » dit-il), le rapport aux spectateurs, l’importance du réalisme, la scène du lit de mort, le chant au piano.

Si le film ne vous a pas donné trop mal à la tête, attendez de voir le making of de 34 minutes ! Ce documentaire présente des images de tournage capturées au moyen d’une caméra tremblante, instable, qui donne le tournis, ainsi que des scènes laissées sur le banc de montage. C’est ici l’occasion de voir le réalisateur à l’oeuvre avec ses comédiens.

Image - 4,5 / 5

L’apport HD est indéniable pour redécouvrir Post Tenebras Lux. Les partis pris esthétiques du réalisateur et de son chef opérateur Alexis Zabe (Lumière silencieuse) sont divinement rendus, même si la première séquence ne se révèle pas aussi ciselée que nous l’espérions. Progressivement, le cadre 1.33 impose ses détails, les bords étant floutés en raison de l’usage d’une lentille spécifique, le piqué est acéré, le relief indéniable sur les séquences en forêt, la propreté indéniable et les séquences diurnes sont les plus vives du lot. Evidemment, en raison des volontés artistiques originales, quelques flous sporadiques surviennent de temps à autre, mais le fait est que ce Blu-ray au format 1080p est une très belle réussite technique.

Son - 4,5 / 5

Seule la version originale est disponible en DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. D’emblée, le premier mixage impose une spatialisation qui happe le spectateur dans un flot d’ambiances naturelles qui ne se calment que durant les scènes en intérieur, axées sur les dialogues. Le cinéaste fait la part belle aux éléments environnants et la scène arrière ne manque pas l’occasion de briller. Le martèlement de la pluie, les vagues fracassantes, les insectes, et même l’échauffement de l’équipe de rugby détonnent sur l’ensemble des baffles, tandis que le caisson de basses s’invite à la partie. Même la séquence au sauna fait entendre quelques gémissements sur les latérales ! Saluons également la tonicité de la piste 2.0 qui contentera aisément ceux qui ne seraient pas équipés à l’arrière.

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Blaq Out

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 16 octobre 2013
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