Rush (2013) : le test complet du Blu-ray

Situé durant l’âge d’or de la Formule 1, Rush retrace le passionnant et haletant combat entre deux des plus grands rivaux que l’histoire du sport ait jamais connus, celui de James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. Tout oppose le play-boy anglais James Hunt à Niki Lauda, son adversaire autrichien, réservé et méthodique. Rush suit la vie instable de ces deux pilotes, sur les circuits et en dehors, et retrace leur rivalité depuis leurs débuts.

Quand on regarde la filmographie de Ron Howard, on se dit que peu de cinéastes américains peuvent se targuer d’afficher autant de films qui sont devenus cultes auprès des spectateurs. Citons pêle-mêle Splash, Cocoon, Willow, Backdraft, Apollo 13, et même si les années 2000 ont été moins marquantes - à part Frost/Nixon - Ron Howard fait son comeback de manière fracassante avec Rush, film sportif filmé comme un thriller haletant de la première à la dernière scène.

Le cinéaste tire admirablement parti de la confrontation entre les deux légendes du sport automobile, dont la rivalité sportive a tenu en haleine des millions de fans de sport automobile à la fin des années 1970. Ron Howard s’éclate comme rarement derrière sa caméra, dresse le portrait authentique en parallèle de ces deux hommes exceptionnels, aussi différents au volant que dans la vie, en scotchant littéralement le spectateur à son siège durant les courses, comme s’il était embarqué à plus de 300 km à l’heure avec ces as du volant.

Le réalisateur ne tombe jamais dans le biopic classique et pompeux, en dynamitant un genre marqué par quelques films de bas étage comme Jours de tonnerre de Tony Scott (1990). Qui plus est, Rush n’est pas uniquement destiné aux passionnés du sport automobile. Avec une suprême élégance et un sens du cinéma populaire dans le sens le plus noble du terme, Ron Howard s’adresse à tous les amoureux du cinéma d’aventures, d’action, avec une superbe reconstitution des années 1970. Autant le dire, ça clope, ça picole, ça baise, ça jure sans aucun complexe, comme si libéré de toutes contraintes - le film n’a coûté « que » 38 millions de dollars, Ron Howard réalisait enfin ce film bouée de sauvetage après quelques productions calibrées, budgétées à 150 millions de dollars et surtout sans véritable intérêt, à l’instar des deux adaptations des romans de Dan Brown, Da Vinci Code et Anges & Démons.

Avec une imagination débordante, un sens du cadre indéniable, des dialogues ciselés, un découpage nerveux (et lisible, chose rare), une direction d’acteurs irréprochable et une immersion totale (jusque dans le casque du pilote), regorgeant d’inventivité à chaque séquence soutenue par la partition endiablée de Hans Zimmer, sans jamais oublier l’émotion et des pointes d’humour comme soupapes entre deux montées d’adrénaline, Ron Howard a su également s’entourer de comédiens exceptionnels, notamment le duo vedette incarné par Chris - Thor - Hemsworth et Daniel - Good Bye, Lenin ! - Brühl, qui au-delà de la troublante ressemblance physique avec les véritables (respectivement) James Hunt et Niki Lauda, se montrent investis comme jamais dans leur rôle. N’oublions pas les présences féminines avec les superbes Olivia Wilde et Alexandra Maria Lara.

Rush est un très grand film, toujours passionnant, un divertissement virtuose, exaltant et bigger than life, qui réjouit tous les sens, qui nous donne l’impression d’avoir été attaché à un wagon de montagnes russes pendant deux heures. Un grand kiff !

Boîtier Blu-ray avec un fourreau cartonné. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, diffère de l’affiche du film, que l’on préférait. Le menu principal est joliment animé, musical et élégant.

Cette section s’ouvre sur un excellent making of (32’), composé d’interviews de toute l’équipe (acteurs, réalisateur, producteurs, scénariste, chef opérateur et même Niki Lauda !) et d’images de tournage. Chacun revient sur l’histoire ayant inspiré Rush, la reconstitution des années 1970 (costumes, décors, maquillages, coupes de cheveux), le casting, les partis pris esthétiques, la conception des scènes de courses.

Nous retrouvons tout ce beau monde dans le segment intitulé La Véritable histoire de Rush (19’), centré sur les deux figures mythiques de la Formule 1, James Hunt et Niki Lauda, leur personnalité, leur mode de vie, leur façon personnelle d’aborder leur boulot. Dans la deuxième partie, la part belle est faite au travail des techniciens ayant opéré sur Rush, afin de faire du film de Ron Howard une référence du genre.

S’ensuivent 11 minutes de scènes coupées qui méritent amplement qu’on s’y attarde. On y voit Niki Lauda en prise avec des hommes d’affaires sceptiques, une autre prolongeant quelque peu l’histoire (et sa fin) de Niki Lauda avec la petite secrétaire française et d’autres insistant sur le côté playboy invétéré de James Hunt.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce (en VF et VOST).

Les partis pris esthétiques sont respectés avec un léger grain cinéma conservé qui confère à l’image une agréable texture, une gestion des contrastes (tranchants) fabuleuse, et des séquences sombres aussi soignées. Cependant, le piqué n’est peut-être pas aussi ciselé qu’espéré en raison d’un codec VC-1 (Pathé persévère) solide mais qui a parfois du mal à consolider les séquences les plus agitées du film de Ron Howard.

Cela n’empêche pas que la superbe photo du chef opérateur Anthony Dod Mantle (Trance, Dredd, Antichrist) d’être habilement retranscrite avec un beau lot de détails sur les séquences diurnes, aux quatre coins du cadre large. Ces dernières sont d’ailleurs lumineuses, la profondeur appréciable, la colorimétrie beaucoup plus vive, souvent chatoyante (avec un usage de filtres à l’étalonnage) ou froide (la dernière course sous les trombes d’eau), et le relief y est palpable. N’oublions pas la densité des noirs et la clarté des blancs brûlés ! Au final, en dehors de quelques petites saccades sur les mouvements rapides et divers plans trop surexposés, Pathé nous livre un remarquable master HD de Rush.

Sans surprise, le fracassant et immersif mixage DTS-HD Master Audio 5.1 anglais exploite les latérales dans leurs moindres recoins, et ce jusqu’à la fin du film. C’est peu dire que Rush met à mal toute installation acoustique digne de ce nom. La musique de Hans Zimmer bénéficie d’une spatialisation percutante et systématique, les effets, explosions de pistons, déflagrations sur le bitume et ambiances annexes foisonnent sans jamais noyer les dialogues. Les moteurs des Ferrari, McLaren, Tyrrell, Lotus, Williams… et Ligier, véritables stars à part entière, rugissent de partout.

A titre de comparaison, la piste française DTS-HD Master Audio 5.1 s’en sort également magistralement, même si elle s’avère moins fluide et homogène, car trop rentre-dedans, et manque singulièrement de finesse. Le doublage est également peu réussi.

Dans les deux cas, les rares séquences calmes jouissent d’un beau traitement de faveur. N’oublions pas le caisson de basses qui ne tient pas en place sur le sol et fait vibrer les murs pendant plus de deux heures. Le chaos ! Top démo si vous désirez épater la galerie !

Signalons que le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le recours au menu contextuel. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. L’éditeur joint également une piste Audiovision, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Pathé