Au bonheur des ogres (2013) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Nicolas Bary
Avec Raphaël Personnaz, Bérénice Bejo et Guillaume de Tonquédec

Édité par Pathé

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Le 13/03/2014
Critique

Dans la tribu Malaussène, il y a quelque chose de curieux, de louche, d’anormal même diraient certains. Mais à y regarder de près, c’est le bonheur qui règne dans cette famille joyeusement bordélique dont la mère sans cesse en cavale amoureuse a éparpillé les pères de ses enfants. Pour Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel et frère aîné responsable de cette marmaille, la vie n’est jamais ennuyeuse. Mais quand les incidents surviennent partout où il passe, attirant les regards soupçonneux de la police et de ses collègues de travail, il devient rapidement vital pour le héros de trouver pourquoi, comment, et surtout qui pourrait bien lui en vouloir à ce point-là ? Benjamin Malaussène va devoir mener sa propre enquête aux côtés d’une journaliste intrépide surnommée Tante Julia pour trouver des réponses.

Remarqué fin 2008 avec son premier long métrage Les Enfants de Timpelbach, le jeune réalisateur Nicolas Bay s’attaque à l’adaptation cinématographique du roman culte et best-seller de Daniel Pennac, Au bonheur des ogres (1985), premier tome éponyme de la saga de la famille Malaussène. L’oeuvre fourmillante de l’écrivain et le style visuel singulier du cinéaste étaient faits pour se rencontrer.

Comédie, conte, film d’aventures, intrigue policière, Au bonheur des ogres touche à tous les genres et s’apparente à un patchwork coloré, pastel, inclassable, qui détonne dans le cinéma français. Extrêmement soigné dans sa forme avec un découpage au cordeau - 1700 plans en 1h35 - des décors superbes et stylisés, des effets spéciaux très réussis et une photographie bigarrée, Au bonheur des ogres pâtit néanmoins d’un rythme en dents de scie, de sous-intrigues inégales, de dialogues trop abondants et d’un côté « thriller » peu réussi.

Pourtant, malgré ces défauts, Au bonheur des ogres est un film extrêmement attachant. D’une part parce que l’ensemble témoigne d’un grand et ambitieux savoir-faire technique, très rare dans le cinéma hexagonal, d’autre part parce que les comédiens sont tous excellents et semblent véritablement impliqués dans cette aventure poétique, tendre et drôle, Raphaël Personnaz en tête dans le rôle de Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel oeuvrant malgré-lui pour un grand magasin, frère aîné d’une famille quasi-abandonnée par une mère volage, qui s’occupe comme il le peut de ses (demi)frangins et (demi)frangines. Vêtu comme un Deschiens, peigné comme un dessous de bras, toujours à côté de ses pompes, il apporte toute sa fantaisie et sa poésie lunaire et porte solidement le film sur ses épaules. Rousse et pétillante, Bérénice Bejo est l’atout charme d’Au bonheur des ogres.

Le reste du casting est à l’avenant et parfaitement dans le ton enjoué de cette fable, tellement atypique que les spectateurs semblent avoir été déroutés au point de le bouder à sa sortie dans les salles. La sortie en DVD et Blu-ray du film de Nicolas Bary devrait lui assurer une seconde vie, ce qu’il mérite amplement.

Présentation - 4,0 / 5

Est-ce en raison de l’échec du film dans les salles ? Toujours est-il que l’éditeur n’a pas daigné reprendre le visuel de l’affiche du film pour illustrer la jaquette - glissée dans un boîtier classique de couleur bleue - de ce Blu-ray. Ce nouveau visuel n’est guère plus réussi. En revanche, le menu principal est très beau puisqu’il reprend les illustrations de l’excellent générique de fin, sur la chanson Diamonds de Ben Howard.

Bonus - 4,0 / 5

Nicolas Bary, seul derrière son micro, livre un excellent commentaire audio, pêchu, informatif, drôle et souvent passionnant. Très loquace, le réalisateur, livre moult anecdotes liées à la genèse du film, à l’adaptation du roman de Daniel Pennac, à la production (tout le film a été storyboardé en amont), au travail sur les décors, les effets visuels, le montage, la musique, la collaboration avec les comédiens (trouver le look des personnages), bref au tournage de son deuxième long métrage, sans aucun temps mort. On ne sait pas si Nicolas Bary a enregistré ce commentaire avant la sortie du film dans les salles, toujours est-il qu’il évoque une suite possible, réalisée par lui ou pas.

Le making of (25’) complète parfaitement le commentaire audio puisqu’il illustre les propos tenus par Nicolas Bary tout au long du supplément précédent. Les comédiens, le cinéaste, le directeur de la photographie, la créatrice des costumes, des décors, le compositeur répondent présents et abordent la transposition de l’oeuvre de Daniel Pennac - en visite sur le plateau où il rencontre ses « personnages » en live - ainsi que le travail sur les effets spéciaux, la musique, le réglage des cascades et des séquences de baston, le tout étant largement illustré par des images de plateau et de tournage.

En plus d’une comparaison classique film/storyboard (5’) sur plusieurs séquences du film, d’une galerie de photos et de dessins préparatoires (1’) et de la bande-annonce, nous trouvons un minuscule reportage de 2’, issu du JT de France 2, montrant une rencontre rapide entre l’écrivain Daniel Pennac et Nicolas Bary.

Image - 4,0 / 5

L’apport HD pour Au bonheur des ogres peut d’abord paraître limité puisque la plupart du film se déroule, soit dans l’appartement des Malaussène, soit dans le grand magasin. Mais c’était sans compter sur la très belle photo du chef opérateur Patrick Duroux, pleine de couleurs chatoyantes avec une prédominance de bleus pastels (vêtements, costumes, éléments de décors), bariolées bigarrées, donnant vie aux dédales des rayons où officie Benjamin. Le relief est indiscutable, la texture flatteuse et les teintes pimpantes.

Après, il est vrai que l’action limitée réduit la profondeur de champ, guère exploitée. Mais le cinéaste a opté pour le cadre large et le spectateur aura l’impression d’être plongé au beau milieu de cette marmaille. Notons toutefois un encodage VC-1 un peu feignant qui consolide l’ensemble comme il le peut, mais qui donne à la photo un aspect parfois voilé qui dénature sensiblement le piqué et le rendu des visages, sensiblement blafards, des comédiens. Le léger grain cinéma est néanmoins respecté (belle patine), certains détails des décors sont plus notables qu’au cinéma, la luminosité est appréciable et les contrastes sont concis à souhait.

Son - 4,0 / 5

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 bénéficie d’une large ouverture des enceintes frontales et délivre ses dialogues avec énergie sur les séquences en intérieur. Evidemment, il ne faut pas en attendre beaucoup des latérales qui parviennent néanmoins à distiller quelques ambiances naturelles. La musique de Rolfe Kent (Sideways, Les Chèvres du Pentagone) jouit en revanche d’une spatialisation percutante et le caisson de basses appuie les quelques séquences d’explosions. N’hésitez pas à mettre le superbe Diamonds de Ben Howard à fond pendant le très beau générique de fin.

La piste DTS-HD Master Audio 2.0 se révèle saisissante, alliant la musique, les dialogues et les effets (très recherchés) avec une réelle homogénéité. Une piste Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Pathé

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm