Réalisé par Paul Verhoeven
Avec
Peter Weller, Nancy Allen et Dan O'Herlihy
Édité par MGM / United Artists
Fin du 20e siècle. Bienvenue à Détroit, ville du cauchemar, devenue totalement incontrôlable. Les criminels mettent la ville à feu et à sang. Les dirigeants sont corrompus et la police officiellement incapable d’enrayer la montée de la violence. Il reste une dernière chance : RoboCop, flic mi-homme mi-robot créé à partir du corps d’Alex Murphy, policier mort en service…
RoboCulte
50% homme, 50% machine, 100% Verhoeven. Et pourtant, ce n’était vraiment pas gagné d’entrée de jeu. Jamais sorti de sa hollande, absolument pas au fait de ce qu’est un film de science fiction et rebuté par une première lecture du script, on peut aujourd’hui dire merci à Mme Verhoeven qui a repêché le script à la poubelle et a fait sentir à son mari qu’il y avait là bien plus qu’une simple histoire de robot-flic.
Critique de la société, de la politique, des conglomérats, réflexion sur l’interfaçage homme-machine et la place de l’âme humaine dans tout ça… et puis une bonne dose de violence pour illustrer tout ça, Verhoeven ne résista pas plus longtemps et fonça littéralement dans l’aventure.
Encore aujourd’hui, RoboCop conserve cette aura sulfureuse, ce ton franc et ce regard acide et amusé sur un futur qui nous a finalement rattrapé, une véritable boule de cristal sur les dérives sociales qui semblent désormais « normales ». Il est quasiment impossible d’imaginer un film aussi engagé et engageant de nos jours au sein du système de divertissement qu’est devenu Hollywood. Il n’y a d’ailleurs qu’à jeter un oeil à la bande-annonce du remake de RoboCop pour s’en rendre compte. Confirmation dans quelques mois lors du décorticage de ce petit frère édulcoré.
Le Robocop original doit aussi forcément et justement à celui qui lui donne cette fameuse âme et ces mouvement devenus légendaires, Peter Weller, fraîchement sorti des Aventures de Buckaroo Banzaï, et dont la carrière restera assez marquée par cette incarnation en le cantonnant à beaucoup de SF avant de se retrouver dernièrement dans des rôles plus « réalistes » via les séries Dexter ou Sons of Anarchy.
Avant l’avènement du tout numérique, les années 80 furent un terrain fertile et merveilleux pour les effets spéciaux. Avec un budget 7 fois moindre que pour son actuel remake, RoboCop a bénéficié de l’immense talent des artistes incontournables en la matière à l’époque : Rob Bottin (The Thing) pour le costume et Phil Tippett (Star Wars Ep 4-6) pour les animations du ED-209, des prouesses restées dans les annales et qui tiennent encore largement la route.
Impossible de parler de RoboCop sans évoquer le compositeur de sa musique, Basil Poledouris, décédé en 2006, et qui a tout autant contribué au succès du film avec un thème inoubliable et une musique qui colle à l’armure du cyber-flic. Déjà collaborateur de Paul Verhoeven sur La Chair et le sang, on le retrouvera aussi sur Starship Troopers, un autre brûlot politico-sf de Verhoeven.
Près de 30 ans après son apparition sur les écrans, RoboCop ne vieillit que peu et reste un phare de la SF, une oeuvre sans concession et un objet de plaisir cinématograhique à transmettre sans hésitation.
Il semblerait que l’on tienne enfin dans les mains une édition plus que satisfaisante de RoboCop. Au-delà du choix évident du boîtier métal SteelBook, l’ajout de bonus jusqu’ici inédits en France à ceux de l’édition DVD précédente et la présence même de ce DVD en accompagnement d’un film sur Blu-ray remastérisé en 4K, font que l’on pourra difficilement faire mieux.
Il faut effectivement souligner la présence de la galette DVD qui, étant strictement la même que toutes les précédentes éditions, permet de retrouver le film en versions salles et certains bonus absents de la galette Blu-ray.
Le livret 12 pages joint, aligne photos, notes de production très bien renseignées et filmographies.
Côté menus, c’est assez basique et un brin kitsch.
En passant au Blu-ray, ce premier Robocop a gardé presque tous ses anciens bonus. Que ce soit le commentaire audio passionnant et sous-titré, le making of de 2001, les featurettes de 1987, la courte intervention de Phil Tippett (animation de l’ED-209) ou les 4 scènes inédites, la réunion est presque complète. Il manque juste les galeries photos et les 11 minutes de chutes de scènes gores en partie réintégrées dans la version Director’s Cut du film, ainsi que les bandes-annonces des deux suites. Cependant, comme précisé plus haut, la galette DVD offerte dans cette édition permet aux plus collectionneurs d’entre-nous de retrouver toutes ces images.
Au rayon nouveauté, on accueille 3 modules réalisés en 2006 et proposés aux États-Unis pour l’édition DVD 20ème anniversaire du film, qui forment un véritable nouveau making of de près d’une heure se focalisant sur les bad guys du film, les effets spéciaux et la genèse du film. Ce genre de regard rétrospectif est toujours passionnant et permet une relecture plus poussée de certains éléments.
Autre nouveauté, une session questions/réponses filmée un peu à l’arrache à l’université UCLA en 2013, mais précieuse pour les anecdotes qu’elle contient et le plaisir de revoir tous ces artistes réunis.
Pour finir, le « bonus caché de Paul Verhoeven » permet au réalisateur de nous dévoiler sa présence en danseur hystérique dans la séquence de la boîte de nuit… indispensable…
Après l’image littéralement affreuse proposée par la précédente édition Blu-ray, autant dire que l’on attendait énormément de ce fameux master 4K ! L’attente est récompensée par une image à la définition qui crève l’écran. Aucun détail n’échappe à ce nouvel encodage : les maquillages parfois outranciers sur Peter Weller, les fils qui dirigent les roquettes du robot ED-209, la moindre incrustation… mais aussi et surtout, acteurs et décors gagnent une nouvelle précision à l’écran. La stabilité de l’ensemble est superbe et le grain d’origine n’a pas été gommé artificiellement ce qui permet une redécouverte totale du film dans les meilleures conditions visuelles possibles.
La piste VOST DTS-HD Master Audio 5.1 est un parfait exemple de spatialisation intelligente d’une vieille bande sonore. Les effets sont présents sans être ostentatoires et le champ sonore est suffisamment élargi pour ne pas sentir l’âge du film sans pour autant chercher à en mettre plein la vue. Bruitages et dialogues d’origine sont impeccablement rendus comme le vrombissement qui accompagne chaque apparition de RoboCop.
Côté VF, la HD n’est toujours pas au rendez-vous, mais le doublage profite d’une piste DTS standard qui est toujours plus efficace que le Dobly Digital du DVD.
Crédits images : © Metro-Goldwyn-Mayer