Évasion (2013) : le test complet du Blu-ray

Ray Breslin est un ingénieur spécialisé dans la conception de prisons ultrasécurisées. Il teste lui-même l’efficacité de ses bâtiments en se faisant enfermer puis en s’évadant. Contacté par une société privée souhaitant tester un concept révolutionnaire de prison hi-tech, il se retrouve prisonnier. Piégé dans ce complexe ultra-moderne, harcelé par un directeur impitoyable et son gardien corrompu, Ray découvre une conspiration pour le faire disparaître à jamais. Sa seule chance de survie : une alliance avec Emil Rottmayer, un co-détenu ayant lui aussi un secret. Pour avoir une chance de s’évader, ils vont d’abord devoir se faire confiance.

En dehors de quelques clins d’oeil dans Jumeaux, Last Action Hero, Demolition Man et les apparitions de l’ancien gouverneur de Californie dans les deux premiers Expendables, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger n’avaient jamais tenu le haut de l’affiche ensemble, malgré de nombreux projets envisagés.

Après trente ans d’attente, c’est désormais chose faite avec Evasion, réalisé par le cinéaste suédois Mikael Håfström, metteur en scène de Chambre 1408 et Le Rite. S’il est vrai que nous attendions beaucoup plus de cette confrontation, Evasion demeure un savoureux divertissement, qui privilégie la matière grise et les dialogues au détriment de l’action. Du moins durant les 90 premières minutes, essentiellement marquées par des bastons entre les prisonniers en guise de scènes agitées. Il faut en effet attendre le dernier tiers pour que les deux anciens rivaux et poids lourds du film d’action des années 1980-1990 se réveillent quelque peu et prennent la pétoire.

24 ans après le génial Haute sécurité de John Flynn, Sylvester Stallone retourne derrière les barreaux, mais dans Evasion, il s’agit de son job : il est expert dans l’art de s’évader, quitte à rester enfermer quelques semaines voire quelques mois enfermé afin de démontrer les failles dans la technologie sécuritaire mise en place dans diverses prisons. Jusqu’au jour où il se retrouve plongé dans une sorte de Guantanamo du futur. De son côté, Arnold Schwarzenegger interprète un détenu prêt à l’aider dans sa nouvelle tentative d’évasion… ce qui lui permettrait également d’aller respirer le grand air.

On sent un véritable plaisir des deux acteurs bodybuildés à se donner la réplique. C’est indéniable et surtout communicatif. Si les doublures cascades sont maintenant visibles lors de certaines scènes de fight, Rambo et Terminator donnent souvent de leur personne jusqu’aux morceaux de bravoure de la dernière partie. La trame en elle-même n’est pas très originale et lorgne souvent du côté de Volte/Face de John Woo et son intrigue autour de la prison high-tech d’où s’évade Nicolas Cage. En dehors de cela, la tension est maintenue, quelques punchlines font leur effet, Jim Caviezel incarne parfaitement le directeur de prison sadique.

Alors certes, Evasion n’est pas un grand film, il n’a d’ailleurs pas la prétention de l’être et n’existe que pour faire plaisir aux millions de fans des deux stars. Si le choc des titans annoncé n’est pas aussi explosif que prévu, l’alchimie est là, la nostalgie et donc notre adhésion aussi. Ne vous privez pas s’il vous reste du popcorn.

Le test a été réalisé sur check-disc. L’édition vendue dans le commerce est un boîtier SteelBook avec le Blu-ray et le DVD du film, ainsi que l’accès à la copie digitale. Le menu principal est animé et musical. Le visuel de la jaquette diffère un peu de l’affiche du film, les deux protagonistes étant ici mis au centre.

Tous les suppléments sont disponibles avec les sous-titres français :

On commence par un très bon commentaire audio réalisé par le cinéaste Mikael Håfström (à Londres) et le scénariste Miles Chapman (à Los Angeles). Les deux collaborateurs instaurent un véritable dialogue durant près de 2h, l’un renvoyant constamment la balle à l’autre, sans jamais ennuyer. On en apprend évidemment sur le travail avec les deux têtes d’affiche, le reste du casting, le tournage à la Nouvelle-Orléans et plus particulièrement dans un ancien entrepôt de la NASA qui servait à la construction des navettes spatiales. Ce décor a servi pour 90% du film. Il y a encore plein d’anecdotes à découvrir au fil de ce commentaire divertissant.

Nous continuons avec un documentaire de 22’ centré sur la construction, l’organisation, le mode de vie et le futur des véritables prisons de haute sécurité. Avec les éclairages de certains experts en technologie sécuritaire, professeurs en bien-être social (ça existe), professeurs de droit pénal et criminologie, anciens directeurs de prison, architectes, gardiens de prison, vous en apprendrez plus sur les systèmes de sécurité mis en place pour garder l’oeil sur les pires criminels… et vous verrez également qu’Evasion est loin d’être réaliste en ce qui concerne les conditions d’incarcération.

S’ensuit un making traditionnel du film (22’), composé d’interviews promotionnelles de toute l’équipe (comédiens, réalisateur, scénariste, producteurs) et d’images de tournage, essentiellement les scènes d’action. Sly semble le plus mal à l’aise quand il tente de vanter l’originalité du scénario, tandis qu’Arnold se délecte en disant que leurs fans attendaient impatiemment ce film. On apprend que dans une première mouture Stallone devait interpréter le directeur de la prison high-tech (dont les décors sont passés au peigne fin), avant que le scénario ne soit remanié jusqu’à la version finale. Ne visionnez ce documentaire que si vous avez déjà vu le film puisque la fin est dévoilée.

On s’en doutait, l’éditeur joint également un segment consacré à la réunion à l’écran de Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger, après moult projets avortés ou mis de côté. Le Choc des titans (16’) croise les propos des deux intéressés, qui évoquent brièvement leur ancienne rivalité (Qui avait les plus gros muscles ? Qui était le plus sec ? Qui avait le plus de succès au box-office ?), tandis que les autres acteurs du film, le cinéaste et le scénariste rendent hommage à ceux qui les ont fait vibrer au cinéma dans les années 1980-1990. Le tout étant bien sûr parsemé d’images issues du plateau et du tournage.

Mikael Håfström l’évoque à plusieurs reprises dans son commentaire audio, certaines séquences ont été coupées. Nous en trouvons une poignée (8’) disponibles une par une ou d’affilée. Si l’ensemble demeure sympa, il s’agit surtout de répliques en plus, notamment lors de la scène en allemand avec Schwarzy, ou avec les complices de Sly, 50 Cent et Amy Ryan qui mènent leur enquête de leur côté pour retrouver Ray.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce en version française.

M6 Vidéo livre un très beau Blu-ray d’Evasion. D’entrée de jeu, les couleurs clinquantes et un léger grain sont magnifiquement restitués. Les décors fourmillent de détails (merci au cadre large), la profondeur de champ est toujours appréciable, les contrastes sont denses et les séquences sombres chiadées. Si le film se déroule essentiellement dans la prison aux teintes grisâtres, froides et métalliques, les séquences demeurent lumineuses, même si nous pouvions espérer un piqué plus ciselé. Heureusement, les gros plans sur les tronches de nos deux héros ne manquent pas de mordant. Le codec AVC consolide l’ensemble avec brio, le relief est constamment palpable. Une édition HD française très élégante.

Bien qu’encodés en DTS-HD Master Audio 5.1, les mixages anglais et français (au doublage excellent) se révèlent assez paresseux et donc forcément décevants. Il ne faut pas hésiter à monter le volume pour créer un confort acoustique suffisant puisque les latérales distillent leurs effets et ambiances naturelles avec parcimonie, tandis que la balance frontale peine à créer un espace sonore convaincant. Même chose concernant les dialogues qui manquent de peps sur la centrale, autant en français qu’en anglais. Heureusement, les scènes d’action sont un peu mieux loties, mais encore une fois, on s’attendait à une exploitation beaucoup plus mordante. Heureusement, la musique d’Alex Heffes (Le Rite, Jeux de pouvoir) jouit d’une spatialisation concrète et dynamique. Même s’il soutient les quelques bastons, le caisson de basses se réveille véritablement pendant le dernier tiers avec les fusillades à gogo, les explosions et Schwarzy qui prend la pétoire.

L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant. Le changement de langue est impossible en cours de lecture et nécessite le retour au menu contextuel. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © M6 Vidéo