Réalisé par Luc Besson
Avec
Robert De Niro, Michelle Pfeiffer et Tommy Lee Jones
Édité par EuropaCorp
Fred Blake alias Giovanni Manzoni, repenti de la mafia
new-yorkaise sous protection du FBI, s’installe avec sa
famille dans un petit village de Normandie.
Malgré d’incontestables efforts d’intégration, les bonnes
vieilles habitudes vont vite reprendre le dessus quand il
s’agira de régler les petits soucis du quotidien…
Après The Lady, son meilleur film, Luc Besson jette son dévolu sur l’excellent roman Malavita de Tonino Benacquista, publié en 2004, pour l’adapter au cinéma. Aidé du scénariste Michael Caleo, qui a officié sur la série Les Soprano, le cinéaste y voit matière à faire une comédie à portée internationale et pour cela, il parvient à engager Robert De Niro, Tommy Lee Jones et Michelle Pfeiffer pour les rôles principaux. Le tournage de Malavita lui permettra également d’inaugurer la Cité du Cinéma en septembre 2012, pôle cinématographique porté par le réalisateur et implanté à Saint-Denis.
S’il n’y a rien à redire sur le côté technique de la chose avec la belle photo de Thierry Arbogast, la musique des frères Evgueni et Sacha Galperine qui s’amusent à parodier les partitions du genre « film de mafia », force est d’admettre que Luc Besson en est resté à l’humour franchouillard des années 1970-1980 et que Malavita est un film peu drôle et lourd.
Alors que l’action se déroule à la fin des années 1990, les français s’apparentent tous à des abrutis sortis d’ l’après-Guerre qui parlent anglais couramment, mais avec l’accent de l’Inspecteur Clouseau, qui se foutent de la tronche des américains alors qu’ils arborent le béret, le camembert dans la main et la baguette sous le bras. Même chose, les enfants du mafioso new-yorkais repenti ne parlent pas un mot de français et sont tout de même accueillis les bras ouverts dans le lycée du coin où on leur remet des livres dans la langue de Molière. Comme le marché américain était visé, autant ne pas perturber le repaire des spectateurs qui sont toujours convaincus que nous roulons en 2CV en écoutant Edith Piaf, de l’accordéon et les discours de De Gaulle à la radio.
Nous serons gentils, nous dirons que ça passe le temps, sans se forcer, grâce aux trois stars qui ont l’air de s’amuser ensemble dans la campagne normande où il n’y a rien à faire. Bob De Niro amène avec lui ses reliques des films de Martin Scorsese (ici producteur exécutif !) jusqu’au point d’assister à une projo des Affranchis dans un petit ciné-club (la meilleure scène) et d’en débattre après avec les spectateurs. A l’aise dans ses charentaises, il nous fait marrer en faisant la grimace. En revanche, l’énorme potentiel comique de Michelle Pfeiffer est totalement sous-employé. Devenue rare, cela n’en est que plus frustrant. Tommy Lee Jones excelle dans son rôle d’éternel bougon et les acteurs Dianna Agron (échappée de la série Glee) et John D’Leo, qui incarnent les rejetons de la famille, n’ont guère de charisme.
L’adaptation est bonne, mais l’ironie de l’oeuvre originale manque à l’appel, le ton adopté avec ses blagues périmées sur le choc culturel américains/français, ses scènes d’action dépassées et son rythme au point mort, laissent souvent perplexe. Mais bon, ça divertit et c’est déjà ce pris.
La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est joliment animé et musical.
En plus de la bande-annonce et d’une galerie d’affiches internationales, l’éditeur joint un petit making of de 22’, entièrement promotionnel. Les comédiens, Luc Besson, Tonino Benacquista (heureux de la transposition de son roman), l’armurier (on serait tenté de dire le scénariste de Luc Besson), le responsable des effets spéciaux directs, le créateur des costumes, s’encensent les uns les autres, persuadés d’avoir fait ensemble la comédie du siècle, tandis qu’un module fait la publicité pour la Cité du Cinéma qui accueillait pour la première fois le tournage d’un film dans ses studios. Des images de tournage et issues du plateau nous montrent une atmosphère détendue, surtout quand Tommy Lee Jones et Michelle Pfeiffer parlent du charme bucolique de la Normandie.
EuropaCorp se devait d’offrir un service après-vente remarquable pour la sortie dans les bacs du dernier film de son boss. L’éditeur prend donc soin de la comédie de Luc Besson et livre un master HD irréprochable au transfert immaculé. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par le fidèle Thierry Arbogast, la copie de Malavita se révèle un petit bijou technique avec des teintes chaudes, ambrées et dorées (des filtres jaunes pour résumer) comme si les comédiens étaient sans cesse éclairés à la lampe UV, le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, la colorimétrie dense et joliment laquée, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre large. Le nec plus ultra de la Haute définition.
Dès l’apparition du logo EuropaCorp, les pistes française et anglaise DTS-HD Master Audio 5.1, logées à la même enseigne, instaurent d’excellentes conditions acoustiques et font surtout la part belle à la musique, très (trop ?) présente pendant 1h40. Les basses ont souvent l’occasion de briller, les ambiances naturelles sont bien présentes, les effets sont toujours saisissants (la fusillade finale) et le rendu des voix est sans faille. De quoi bien décrasser les frontales et les latérales, surtout que la musique d’Evgueni Galperine (et non pas Eric Serra pour une fois) est omniprésente. Dommage que Robert De Niro ne soit pas doublé par l’immense Jacques Frantz. Sur une décision de Luc Besson, c’est l’excellent comédien belge Patrick Descamps, vu dans les films de Lucas Belvaux, qui prête sa voix à Bob.
L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © EuropaCorp