Réalisé par Takashi Miike
Avec
Ryûnosuke Kamiki, Hiroyuki Miyasako et Chiaki Kuriyama
Édité par HK Vidéo
Le Japon est menacé : les objets et les machines jetés au rebut ont décidé de se venger de l’ingratitude des hommes. Transformés en monstres mécaniques, sous le commandement de Kato Yasunori, ils vont détruire Tokyo. Tadashi, un garçonnet, est promu chevalier Kirin. Sa mission : vaincre Kato pour sauver le Japon. Des créatures surnaturelles, les Yokai, vont l’aider.
Ce court synopsis est celui du film La Guerre des Yokai, réalisé en 2005 par Takashi Miike, prolixe cinéaste japonais qui affiche pas loin d’une centaine de films ou téléfilms à son tableau, réalisés en moins de 25 ans, touchant à tous les genres, mais où l’horreur, la violence et le sexe s’invitent volontiers. C’est Audition (1999) qui a commencé à asseoir sa réputation internationale. Puis, dans le milieu des Yakuzas, Ichi the Killer et la trilogie Dead or Alive.
La Guerre des Yokai est un film foisonnant. Dès les premières images, une créature monstrueuse qui vient de naître dans une étable, annonce l’apocalypse, ce que confirme Kato, au centre d’un immense complexe industriel, juché sur une cheminée qui crache une fumée si lourde qu’elle retombe sur le sol.
Le jeune Tadashi doit arracher une épée magique de la caverne du géant Tengu. Il est aidé dans l’affrontement des forces du mal par des Yokai de tout poil : des peluches entre cobaye et gremlin, une tortue ninja au bec de canard probablement issue d’un croisement avec la créature du lagon noir, une femme au cou qui s’étire comme un serpent, une ombrelle qui sautille sur sa jambe unique en tirant une langue démesurée et une bonne centaine d’autres créatures sorties du folklore nippon ou de l’imagination débordante de Takashi Miike. Certaines ont un oeil au creux de la main : Guillermo del Toro aurait-il piqué là cette idée pour son film Le Labyrinthe de Pan ?
Les créatures fantastiques sont des acteurs grimés ou ont été créées en images de synthèse, comme les monstres mécaniques hérissés de piques et armés de tronçonneuses. L’animation est bien huilée et les violents affrontements bien mis en scène dans des décors naturels envahis de brumes méphitiques. Si les créatures sont plutôt grotesques, certaines peuvent être séduisantes, comme la Princesse de la rivière ou Agi, armée d’un redoutable fouet.
L’action est suffisamment bien orchestrée pour qu’on ne s’ennuie pas pendant les deux bonnes heures que dure le film. Et il n’est pas interdit de faire quelques arrêts sur image pour une inspection détaillée du pandémonium grouillant dans certains plans larges. Belle distribution avec, en tête, Ryûnosuke Kamiki, l’interprète de Tadashi, âgé de onze ans au moment du tournage, qui continue une belle carrière d’acteur.
Le second film, présenté sous le titre La Guerre des Yokai, version originale (79’), réalisé par Yoshiyuki Kuroda en 1968, raconte une tout autre histoire, celle de l’intrusion dans l’archipel nippon d’un géant en armure assoiffé de sang humain que des archéologues ont imprudemment tiré d’un sommeil séculaire en fouillant les ruines… de Babylone !
Le troisième, La Malédiction des Yokai (Yôkai hyaku monogatari, 1968), réalisé par Kimiyoshi Yasuda, raconte l’histoire du nouveau propriétaire qui a décidé de raser tout un village. Un vaillant samouraï va lui donner du fil à retordre.
Le quatrième film, La Légende des Yokai (Tôkaidô obake dôchû, 1969), réalisé par Yoshiyuki Kuroda et Kimiyoshi Yasuda, est l’histoire d’une fillette. Dans un long périple à la recherche de son père, elle est poursuivie par quatre Yakuzas qu’elle a surpris en train d’assassiner deux hommes. Un yakuza d’un autre clan vient à son secours.
Ces trois derniers films ont plusieurs caractéristiques en commun. Ils ont été réalisés à la fin des années Soixante, en Cinémascope, sur des scénarios écrits par Tetsurô Yoshida qui situent l’action dans un temps reculé. Et, bien sûr, ils accueillent les Yokai, mais assez occasionnellement, alors qu’ils sont omniprésents dans le film de Takashi Miike. Ce sont aussi des productions à petit budget et ça se voit : les fantômes n’apparaissent souvent qu’en plan fixe, ce qui n’a pas dû alourdir le budget. Néanmoins, ces trois petits films se laissent voir sans déplaisir, à tout âge, le plus faiblard étant La Guerre des Yokai.
Test effectué sur check discs. HK Vidéo a soigné cette édition : les trois disques, un Blu-ray et deux DVD, sont présentés dans un digipack orné d’une belle composition graphique originale. Un même menu principal sert aux quatre films : sur le plan fixe d’une étrange forêt apparaissent et disparaissent des créatures fantastiques, sur un beau fond musical.
La Guerre des Yokai, version 2005, est proposée sur les deux supports : Blu-ray et DVD, soit en version originale avec sous-titres français optionnels, soit dans un doublage en français. Le format audio DTS-HD Master Audio 5.1 bénéficie aux deux versions. Le choix de langue ou de sous-titres peut être modifié à la volée.
Présenté comme un supplément, on trouve sur le même disque le film La Guerre des Yokai, réalisé en 1968 par Yoshiyuki Kuroda, seulement disponible en version originale avec sous-titres français imposés, d’une durée de 79 minutes.
S’y ajoutent un livret de 12 pages, que nous n’avons pas pu voir, et cinq bandes-annonces, deux pour le film de 2005, une pour chacun des autres films, en version originale sous-titrée et, enfin, les teasers de trois autres éditions HK Vidéo : Le Grand magicien, Le Mystère des balles fantômes, Twin Dragons et, d’une édition Metropolitan, 13 assassins.
La qualité de l’image varie suivant les films :
L’image de La Guerre des Yokai, version 2005 (AVC) est une explosion de couleurs, avec des noirs bien denses, de bons contrastes, y compris dans les nombreuses scènes de nuit. Toutefois, on remarque un fléchissement de la définition dans quelques plans larges et sombres.
L’image des trois autres films est propre : taches et rayures ont été éliminées, mais les contrastes sont un peu faibles. Pas de bruit vidéo.
Pour le son, la qualité n’est pas la même pour tous les films. La Guerre des Yokai, version 2005, se distingue par spectre très large, avec des basses fermes et puissantes, une bonne dynamique, un équilibre satisfaisant entre les dialogues, l’ambiance et l’accompagnement musical, une spatialisation spectaculaire, mais cohérente. Tout pour mettre votre équipement multicanal à la fête ! Un bémol pour les trois autres films (DTS-HD MA 1.0 pour le Blu-ray, Dolby Digital 1.0 pour le DVD) en raison, surtout, d’une saturation de l’accompagnement musical et d’une petite faiblesse des basses.
Crédits images : © Metropolitan Vidéo