Réalisé par Steve McQueen (II)
Avec
Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender et Benedict Cumberbatch
Édité par France.TV Distribution
Les États-Unis, quelques années avant la guerre de
Sécession. Solomon Northup, jeune homme noir originaire de
l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à
la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon
se bat pour rester en vie et garder sa dignité.
Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien
et cette rencontre va changer sa vie…
Avec seulement deux longs métrages à son actif, Hunger et Shame, deux films sans concession, le réalisateur britannique Steve McQueen a su s’imposer directement comme un metteur en scène engagé. 12 Years a Slave s’inspire des mémoires de Solomon Northup et raconte l’histoire extraordinaire d’un père de famille new-yorkais, afro-américain libre, kidnappé et réduit en esclavage, puis envoyé sur une plantation de Louisiane, et retrace son inaltérable quête de liberté pour retrouver les siens. L’histoire d’un homme qui a connu la liberté, mais également la servitude la plus injuste. 12 Years a Slave se penche sur ce fait reconnu que certains esclaves du Sud avaient été kidnappés dans les Etats du Nord.
Publiée en 1853, l’autobiographie de Solomon Northup relate précisément cette expérience, la réalité de l’esclavage puisque vécue de l’intérieur. Pour transposer à l’écran l’histoire de Solomon Northup, Steve McQueen s’entoure de comédiens prodigieux comme Michael Fassbender, acteur fétiche du cinéaste, est de retour et exceptionnel une fois de plus, Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Paul Giamatti, Sarah Paulson, Brad Pitt (également coproducteur du film).
Mais la merveilleuse idée est d’avoir confié le rôle principal au méconnu Chiwetel Ejiofor, aperçu dans Amistad, Love Actually, Melinda et Melinda, Les Fils de l’homme, American Gangster et 2012. Avec 12 Years a Slave, il accède enfin au premier rôle et crève littéralement l’écran. Il en est de même pour Lupita Nyong’o, merveilleuse jeune comédienne qui s’est vue décerner l’Oscar de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle en 2014 pour son intense interprétation de Patsey. Il s’agit de son premier rôle au cinéma.
12 Years a Slave échappe à tout académisme - ce qu’on pouvait un peu reprocher à Amistad de Steven Spielberg - grâce à une mise en scène virtuose, sans cesse inspirée, soutenue par l’hypnotique partition d’Hans Zimmer et la superbe photo de Sean Bobbitt qui reflète le contraste entre la beauté des paysages et l’atrocité des traitements affligés aux esclaves. Le cinéaste montre la violence telle qu’elle se pratiquait à l’époque - certaines séquences, à l’instar de la pendaison avortée et des sévices affligés, sont d’ailleurs à la limite du supportable - sans épargner le spectateur. L’esclavage est montré frontalement, à travers les yeux d’un homme infiltré malgré-lui. En résulte un témoignage douloureux et sincère, un récit incroyable d’un homme plongé dans un monde d’une inhumanité absolue et quotidienne.
Nous suivons donc les douze années de captivité de Solomon, sa vie auprès de maîtres, soit sans pitié (Fassbender) soit bienveillant tout en restant néanmoins un propriétaire d’esclaves (Cumberbatch). Le personnage se forge une identité que même le comportement le plus méprisable ne peut ni détruire, ni remettre en cause. 12 Years a Slave montre à quel point il est difficile de briser l’esprit d’un homme, et les réserves immenses de courage qu’il possède. Témoin d’un des systèmes d’abus et de violence les plus terribles au monde, il a survécu et son esprit est resté intact.
Steve McQueen parvient à rendre ce récit accessible et authentique au public d’aujourd’hui et restituer à Solomon Northup la place qui est la sienne, sans jamais en faire une figure tragique (le personnage ne s’apitoie pas sur son sort) ou en ayant recours au sentimentalisme gratuit puisque Solomon ne s’exprime que très peu sur ce qu’il ressent. Il n’en demeure pas moins que l’émotion est là, constante, puissante.
Un vrai choc récompensé par le Golden Globe et l’Oscar du Meilleur Film 2014, et un Blu-ray avec fourreau pour son édition vidéo en HD. Le test a été réalisé sur check-disc. France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions. Le menu principal est animé et musical.
L’éditeur propose un excellent retour sur 12 Years a Slave à travers un documentaire produit par Laurent Bouzereau (41’). Nous sommes ici en compagnie des comédiens et plus particulièrement de Chiwetel Ejiofor, installé sur la scène du théâtre londonien Young Vic sur laquelle il lit plusieurs extraits du livre autobiographique de Solomon Northup. A ces images se croisent celles issues du tournage, du plateau où l’on peut apercevoir le réalisateur Steve McQueen à l’oeuvre avec ses acteurs. Ce dernier, ainsi qu’un professeur et consultant historique, le biographe de Solomon Northup, le scénariste John Ridley, le directeur de la photographie Sean Bobbitt, le monteur Joe Walker et les producteurs reviennent sur la genèse de 12 Years a Slave, l’écriture du scénario, le soin apporté à la reconstitution, le casting…
Ce module se voit complété par deux autres petits segments intitulés Derrière la caméra (4’) et La musique (4’), qui comme leur titre l’indique se focalise sur le travail de Steve McQueen derrière la caméra avec également un gros plan effectué sur les décors, les costumes et la photo, et sur celui du compositeur Hans Zimmer de l’autre. De nouvelles images de tournage viennent illustrer ces documentaires.
Le Blu-ray est au format 1080p-AVC. France Télévisions Distribution soigne le master HD de 12 Years a Slave, qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses, la profondeur de champ abyssale et la colorimétrie reste chatoyante et bigarrée.
Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et les séquences tournées en extérieur ébouriffantes de beauté. Ce Blu-ray offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Steve McQueen et profiter de la superbe photographie signée Sean Bobbitt (The Place Beyond the Pines, Shame, Hunger).
L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.
Vous pouvez compter sur les deux mixages DTS-HD Master Audio anglais et français pour vous plonger dans l’atmosphère du film. Toutes les enceintes sont sollicitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques ambiances naturelles et effets percutants, sans oublier la magnifique partition d’Hans Zimmer, excellemment restituée. Le caisson de basses distille également quelques vibrations scotchantes. Sans surprise, la version originale l’emporte sur la piste française (au doublage médiocre) et se révèle plus naturelle et homogène.
L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants. Enfin, notons que les sous-titres français sont imposés sur la version originale.
Crédits images : © France TV Distribution