Le Grand Blond avec une chaussure noire (1972) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Yves Robert
Avec Pierre Richard, Mireille Darc et Bernard Blier

Édité par Gaumont

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Le 28/04/2014
Critique

François Perrin, arrive à Orly avec aux pieds une chaussure marron et l’autre noire. Une aubaine pour Perrache, adjoint du colonel Toulouse, chef d’un service secret, que ce jeune violoniste fantasque. Il le choisit, pour jouer à ses dépends, le rôle d’un redoutable espion international. Toulouse, las de défendre sa place contre son très ambitieux adjoint Milan, a décidé de s’en débarrasser une fois pour toutes, en le lançant sur une fausse piste.

Il jette du pain aux canards ? Oh merde…

Le Grand Blond avec une chaussure noire est un des plus grands classiques de la comédie française des années 1970. Jusqu’alors cantonné dans des seconds rôles (Un idiot à Paris), Pierre Richard fait une prestation remarquée dans Alexandre le bienheureux, réalisé par Yves Robert en 1968. Ce dernier repère le comique visuel de l’acteur et l’encourage à exploiter son personnage burlesque dans la lignée de ses modèles que sont Buster Keaton et Charlot. C’est grâce au cinéaste que Pierre Richard passe donc derrière la caméra en 1970 avec Le Distrait, produit par Yves Robert et joli succès dans les salles avec près d’1,5 million de spectateurs. S’ensuivent Les Malheurs d’Alfred, remarquable comédie, cette fois encore mise en scène et interprétée par Pierre Richard, encore un succès, et Le Grand Blond avec une chaussure noire avec lequel le comédien retrouve Yves Robert.

Il tire la chasse d’eau ? Comment ça, il tire la chasse d’eau ? Non, je comprends rien, il doit y avoir une raison, mais pourquoi il tire la chasse d’eau ?

C’est avec ce film que Pierre Richard, pour la première fois dans la peau de François Perrin, explose littéralement dans un rôle qui lui collera à la peau tout au long de sa carrière, celui du Pierrot lunaire, éternel candide, rêveur, timide et romantique. Il y est superbe et nous offre un festival de comique visuel allié à une évidente sensibilité. Il impose facilement sa personnalité et son univers face aux « monstres » qui l’entourent et non des moindres, Jean Rochefort et Bernard Blier qui s’occupent de la partie « sérieuse », puisque Le Grand Blond avec une chaussure noire fonctionne autant dans la comédie que dans le registre du polar. C’est d’ailleurs une nouvelle preuve du talent de Francis Veber qui signe le scénario, après s’être fait remarquer pour l’histoire du non moins génial Il était une fois un flic… de Georges Lautner.

Milan : Perrache… Perrache… Le Grand Blond avec la chaussure noire, qui est-ce ? Perrache : C’est un piège à cons, Monsieur.

Yves Robert et Francis Veber plongent le spectateur au coeur de conflits internes qui gangrènent les services secrets français, toujours nuancé de comédie hilarante. Ce ballet de pantins insensé et décalé concocté par Veber - remarquable réaction en chaîne de quiproquos pendant 1h30 - ardemment mis en scène par Yves Robert sur une mélodie obsédante de Vladimir Cosma avec ce thème interprété à la flûte de pan par Gheorghe Zamfir, n’a rien perdu de sa fraîcheur et aujourd’hui encore, on reste souvent estomaqué par la virtuosité et la vivacité du montage qui ne laisse aucun répit aux spectateurs.

Comme souvent chez le réalisateur, les seconds rôles s’avèrent remarquables. Mireille Darc est sublime et inoubliable dans sa robe décolletée dans le dos signée du couturier Guy Laroche, Jean Carmet est hilarant, Paul Le Person (habitué des films de Robert) est impérial. Si le film a vieilli au niveau des décors, Le Grand Blond avec une chaussure noire, Ours d’Argent au Festival de Berlin en 1972, demeure indétrônable et jubilatoire dans le registre de la comédie-policière, qui connaîtra d’ailleurs une suite deux ans plus tard, et marque le début de la décennie la plus florissante de la carrière de Pierre Richard et d’Yves Robert.

Présentation - 3,0 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est étonnamment peu recherché, fixe et muet. On peut même dire que c’est très décevant, surtout quand on se rappelle le soin apporté au menu principal, ainsi qu’au packaging de l’édition DVD !

Bonus - 4,0 / 5

Gaumont reprend le documentaire rétrospectif intitulé La Naissance du Grand Blond (43’) réalisé en 2005 pour l’édition DVD, qui croise les témoignages du réalisateur Yves Robert (mort en 2002), du scénariste et dialoguiste Francis Veber, de la productrice Danièle Delorme, du producteur d’albums de musiques de films Stéphane Lerouge, du compositeur Vladmir Cosma et des comédiens Pierre Richard, Mireille Darc, Maurice Barrier, Paul Le Person (mort en 2005) et Henri Guybet. Ce module indispensable pour tous les amoureux du Grand Blond avec une chaussure noire et du Retour du Grand Blond, regorge d’anecdotes et de souvenirs liés à la genèse, à l’écriture (sous le titre La Boîte d’allumettes), au casting (Claude Rich avait été envisagé au tout début), à la production (comment Yves Robert a imposé Pierre Richard à la Gaumont), à la musique du film, et au tournage des deux opus. La personnalité et le travail d’Yves Robert sont longuement abordés, les séquences les plus célèbres analysées. Ce documentaire fait d’une pierre deux coups, puisque Le Retour du Grand Blond, sur lequel les intervenants sont plus mitigés ( » commandé  » par la Gaumont pour remplir son tiroir-caisse), est également abordé. L’ensemble est illustré par de superbes photos de tournage, ainsi que par des images des répétitions et des prises de vues du deuxième opus.

L’interactivité se clôt sur les bandes-annonces des deux films, composées de prises alternatives.

Image - 3,5 / 5

Le master HD au format 1.66 respecté du film d’Yves Robert n’est pas aussi éclatant que d’autres titres de la collection ou de ceux de son autre merveilleux diptyque, Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis. La restauration est néanmoins admirable et rares sont les tâches subsistantes. Toutefois, Le Grand Blond avec une chaussure noire est un film se déroulant souvent en intérieur et seules les séquences tournées en extérieur demeurent les plus lumineuses de ce transfert. La profondeur de champ déçoit, le piqué pâtit des scènes tournées dans des décors assez froids (noir et blanc) et manque de mordant. Toutefois, quelques séquences sortent du lot et font honneur au support. Notons également la beauté de certaines ambiances plus tamisées (chez Christine), qui contre toute attente se révèlent les plus ciselées du lot.

Mais la colorimétrie est assez terne, le relief des matières est passable et les visages demeurent souvent cireux. Le grain est plutôt discret, les fourmillements limités (merci à l’encodage AVC) et la stabilité de mise sauf sur le cultissime générique en ouverture réalisé par Gérard Majax, avec des crédits qui tremblent, des noirs poreux et un manque de définition évident. Toutefois, à titre de comparaison, les contrastes sont beaucoup plus équilibrés que sur l’édition SD, sans aucune commune mesure.

Son - 4,5 / 5

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique total, même si on frôle parfois la saturation dans les aigus. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Vladimir Cosma jouit également d’un écrin phonique somptueux avec une nette restitution des notes de cymbalum et de la flûte de pan de Gheorghe Zamfir. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

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Ludo_88
Le 8 mai 2015
Très déçu par l'image. Tremblotante, manque de définition à cause d'un usage excessif de DNR pour supprimer le grain (on a l'impression qu'il y a des soucis de compression sur certaines textures, surtout vestes et herbes) et aussi des couleurs ternes. Les blancs sont mous, les oranges sont devenus rouges... C'est d'autant plus rageant que la restauration est bonne, mais le responsable image a de drôles de partit pris... Et sur un très bon vidéoprojecteur (Sony SXRD), c'est flagrant.
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Guillaume (DVDFr)
Le 12 mai 2014
Pas de commentaire.
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Franck Brissard
Le 23 avril 2014
Pas de commentaire.

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