Diplomatie (2014) : le test complet du Blu-ray

La nuit du 24 au 25 août 1944. Le sort de Paris est entre les mains du Général Von Choltitz, Gouverneur du Grand Paris, qui se prépare, sur ordre d’Hitler, à faire sauter la capitale. Issu d’une longue lignée de militaires prussiens, le général n’a jamais eu d’hésitation quand il fallait obéir aux ordres. C’est tout cela qui préoccupe le consul suédois Nordling lorsqu’il gravit l’escalier secret qui le conduit à la suite du Général à l’hôtel Meurice. Les ponts sur la Seine et les principaux monuments de Paris Le Louvre, Notre-Dame, la Tour Eiffel … sont minés et prêts à exploser. Utilisant toutes les armes de la diplomatie, le consul va essayer de convaincre le général de ne pas exécuter l’ordre de destruction.

Le réalisateur allemand Volker Schlöndorff transpose à l’écran la pièce de théâtre éponyme Diplomatie de Cyril Gély, ici co-scénariste. Créée sur les planches par André Dussollier et Niels Arestrup, les deux comédiens qui ont interprété la pièce plus de 200 fois au Théâtre de la Madeleine à Paris, reprennent leurs rôles respectifs au cinéma. Le premier incarne le consul suédois à Paris Raoul Nordling, tandis que le second se glisse à nouveau dans l’uniforme du Général Dietrich Von Choltitz.

Le metteur en scène oscarisé en 1980 et lauréat de la Palme d’Or en 1979 pour Le Tambour, opte pour le cadre large et une photo élégante, afin de mettre en valeur ses acteurs, tout en évitant au maximum le théâtre filmé dans sa superbe reconstitution de l’hôtel Meurice. Un défi relevé haut la main puisque son huis clos n’est jamais étouffant, les comédiens « gargantuesques » sont génialement filmés, la partie de ping-pong verbal est passionnante et quelques échappées à l’extérieur du bureau de Von Choltitz permettent aux spectateurs de reprendre une bouffée d’air frais.

Au-delà du dispositif de départ, unité de lieu, de temps (du milieu de la nuit à l’aube) et d’action, il est certain que Diplomatie vaut essentiellement pour la confrontation d’André Dussollier et Niels Arestrup. Si le premier impressionne dans la peau du diplomate qui à force de courage, de persistance, de ruse et parfois même d’humour parviendra à sauver Paris, le deuxième laisse pantois d’admiration dans le rôle du Général Dietrich Von Choltitz, déjà incarné à l’écran par Gert Fröbe dans Paris brûle-t-il ? de René Clément. Son phrasé, sa stature, son visage, chacune de ses expressions ne cessent d’éblouir.

Bien sûr, Diplomatie n’a pas pour vocation de donner une véritable leçon l’Histoire (ce face à face a existé mais pas cette nuit-là), mais plutôt d’éclairer sur ce qui a pu influencer la décision de Von Choltitz quant au sort de la capitale. Diplomatie invente donc ce qui s’est dit entre les deux hommes, mais avec un réalisme psychologique confondant et épuré qui noue l’estomac pendant 1h20, même si la chute est déjà connue avant même que le film commence. Brillant, intense et captivant.

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel reprend le visuel de l’affiche du film.

Gaumont va à l’essentiel et agrémente le film de son making of (28’). Cet excellent documentaire donne la parole au réalisateur Volker Schlöndorff, aux deux comédiens principaux ainsi qu’aux producteurs de Diplomatie, ces entretiens étant mis en parallèle avec quelques images de tournage. Chaque interlocuteur s’exprime sur la mise en chantier de l’adaptation de la pièce de théâtre de Cyril Gély, les difficultés de financement, mais aussi sur les thèmes, les partis pris adoptés, le travail sur les décors, le jeu des acteurs et leur collaboration avec le metteur en scène, la psychologie des personnages. Nous voyons également l’enregistrement de la bande originale du film enregistrée à Berlin.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce de Diplomatie.

L’apport HD pour Diplomatie peut d’abord paraître limité. Mais c’était sans compter sur les quelques séquences tournées en extérieur donnant un peu d’air à l’ensemble et le très beau générique de fin se déroulant sur la Seine. Le relief est indiscutable, la texture flatteuse et la colorimétrie pimpante et chatoyante. Après, il est vrai que l’action se situe principalement dans le bureau du Général Von Choltitz et qu’aucune profondeur de champ n’est révélée. Mais le cinéaste a opté pour le cadre large et le spectateur aura l’impression d’être plongé au beau milieu de cette discussion. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio, le piqué n’est jamais pris en défaut et même les images d’archives sont très propres. Le léger grain cinéma est respecté, certains détails des décors sont plus notables qu’au cinéma (comme les éléments qui ornent le bureau), et les zones d’ombre voulues par le réalisateur sont concises. Ce Blu-ray au format 1080p est donc une nouvelle réussite sortie des usines Gaumont.

Diplomatie repose essentiellement sur les dialogues. Comme les 3/4 du film se déroulent dans le bureau du Général Von Choltitz, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 laisse reposer les latérales, tandis que la centrale à fort à faire. Mais comme pour l’image, les scènes en extérieur bénéficient d’une ampleur musicale superbe et immersive, jusqu’au final avec J’ai Deux Amours chanté par Madeleine Peyroux. Les enceintes arrière se réveillent momentanément, le caisson de basses distille ses effets avec efficacité lors des divers bombardements et les ambiances se révèlent solides. La piste Stéréo est tout aussi pointilleuse en ce qui concerne la délivrance des dialogues mais nous y perdons du point de vue spatialisation musicale.

Une version Audiodescription ainsi que les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Gaumont