Defender (2013) : le test complet du Blu-ray

Un virus d’un nouveau genre venu d’Afrique du Sud ravage la planète. Tandis que les victimes s’accumulent aux quatre coins du globe, la communauté scientifique cherche désespérément un vaccin. Derrière cette épidémie se cache le Dr Kaal, un chercheur renégat entouré d’une armée de créatures mutantes issues de ses expériences. Alors que le chaos s’étend, tout espoir semble perdu. C’est sans compter sur le Defender, un héros masqué, sombre et solitaire, qui hante les hauteurs des mégapoles. Ses pouvoirs sont démesurés : il vole à des vitesses supersoniques, bondit d’immeuble en immeuble et peut soulever des buildings. Mais tout cela est-il suffisant pour endiguer la funeste menace qui plane sur l’humanité ?

Il fallait s’y attendre ! Même Bollywood se met aux super-héros ! En fait, Defender est le troisième volet d’une trilogie initiée en 2003 avec Koi… Mil Gaya, puis de Krrish réalisé en 2006, d’où le titre original de Defender, Krrish 3… même s’il n’y a pas eu de Krrish 2.

Vous suivez ? Ne vous en faites pas, tout est résumé dans le prologue du film. Ces trois volets ont été mis en scène par Rakesh Roshan, célèbre cinéaste, producteur et acteur indien, dont les films ont pour particularité d’avoir tous un titre commençant par la lettre K. Le rôle-titre est confié au propre fils du réalisateur, Hrithik Roshan, considéré comme étant l’un des plus grands acteurs hindi et déjà récompensé à six reprises par un Filmfare Awards du meilleur acteur, qui sont au cinéma de Bollywood ce que les Oscars sont au cinéma américain et les Césars au cinéma français. Puisque l’on prend le train en marche, Defender s’avère donc une alternative aux productions Marvel et DC Comics. Après tout pourquoi pas ?

Cette superproduction de 23 millions de dollars peut donc compter sur un cinéaste chevronné et relativement efficace qui emballe son joujou numérique dans le seul but de plaire aux gamins avec un personnage charismatique. Evidemment, qui dit Bollywood dit également chansons et chorégraphies. Ne soyez donc pas étonnés par les quelques interludes musicaux où les personnages enchaînent des chorégraphies endiablées, un peu comme si Tony Stark se mettait à compter fleurette à Pepper Potts avec des dizaines de jolies nénettes au milieu des paillettes et des voiles multicolores. Dans Defender, Krrish (ou Blast en français), le super-héros chante et danse à quelques reprises - mention spéciale pour le clip tourné en Jordanie - le temps de faire atterrir un avion en détresse (j’entends Superman Returns par ici) ou de combattre un super-vilain - ben oui - qui dans un premier temps créé des mutants (copiés sur le premier opus de Bryan Singer) dans un rire sardonique, emprunte le fauteuil roulant du Professeur Charles Xavier d’X-Men, avant d’enfiler un costume digne de celui de Schwarzenegger aka Mr Freeze dans l’inénarrable Batman & Robin.

S’ensuit un jeu de destructions massives dans les rues de Mumbai, dignes du dernier tiers hideux du Man of Steel de Zack Snyder. C’est ça Defender, un pompage de tous les films américains de super-héros, le tout passé au shaker et au curry pour donner un goût couleur-locale. Du point de vue interprétation, Hrithik Roshan, dans un triple-rôle, se fait cramer les yeux avec des spots toujours braqués sur ses cornées vertes - au point qu’il en pleure sur certains plans - et en fait souvent des caisses avec son costume en vinyle ajusté, son sourire Ultra-Brite et son brushing dans le vent à la Mike Brant, même dans les scènes en intérieur ou quand il donne quelques leçons aux enfants comme « l’amour c’est bien, la guerre c’est mal ». Mais bon, il faut accepter ces partis pris, sinon on ne rentre jamais dans le film.

Le méchant fait penser à celui d’un épisode de Bioman, les effets visuels sont plutôt moches et ça sent le green-screen à chaque plan. Heureusement, les actrices sont toutes très agréables à regarder, ça ne se prend pas trop au sérieux, l’humour est présent (parfois involontairement c’est vrai), le rythme soutenu, l’histoire naïve (« je suis le méchant et je veux tuer les gentils »), les séquences d’action bien foutues (nous sommes indulgents) on s’amuse et c’est déjà ça de pris.

La jaquette est attractive et saura attirer les adeptes du genre. Elle est glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. La sérigraphie du Blu-ray est soignée. Un surétui liseré bleu compose également cette édition. Deux versions du film au programme : la version intégrale Bollywood (2h26) et la version internationale (2h11) débarrassée du prologue-résumé, des chansons et des chorégraphies.

Pour ce Blu-ray, Condor livre un making of en deux parties d’une durée totale de 45 minutes. Toute l’équipe du film se met en mode promo pour évoquer Defender, en réalité Krrish 3, troisième volet d’une trilogie. Les comédiens, le réalisateur (père de l’acteur principal), chacun défend le caractère incroyable de cette grosse entreprise en précisant que Defender a principalement été fait pour les enfants. Le casting est passé au peigne fin, les images de tournage et de plateau abondent, les animatiques sont dévoilés, tout comme la préparation pour les scènes de danses et le maquillage des acteurs, plus particulièrement celui de Hrithik Roshan qui joue trois rôles dans le film. Certains propos sont repris dans la deuxième partie, légèrement redondante, mais les cascades, les effets spéciaux et les séquences d’action sont longuement passés en revue.

C’est devenu plutôt rare mais nous nous trouvons en face d’un encodage VC-1 qui se révèle honnête même si la définition ne brille pas autant qu’espéré pour un divertissement de cet acabit. Dès les premières scènes, le piqué manque singulièrement de mordant, les contrastes sont bien trop légers et les détails sont peu nombreux sur le cadre large. C’est finalement la luminosité et la colorimétrie qui s’en sortent le mieux avec des teintes bigarrées à souhait - surtout sur les scènes chantées - et un aspect bleu-métallique très présent. Ce Blu-ray au format 1080i déçoit parfois et les effets numériques se voient comme le nez au milieu de la figure, surtout lorsque les comédiens sont filmés sur fond vert, mais bon, on a déjà vu pire et le visionnage reste plaisant.

En hindi comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec brio et souvent un fracas assez jouissif. Si la langue de Molière n’est pas aussi dynamique et riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences d’affrontements. Seul bémol, les voix manquent parfois de punch au milieu de tout ce fracas. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Condor Entertainment