Welcome to New York (2014) : le test complet du Blu-ray

Version inédite

Réalisé par Abel Ferrara
Avec Gérard Depardieu, Jacqueline Bisset et Drena De Niro

Édité par Wild Side Video

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Le 03/10/2014
Critique

Devereaux est un homme puissant. Un homme qui manipule au quotidien des milliards de dollars. Un homme qui contrôle la destinée économique des nations. Un homme gouverné par un irrépressible et vorace appétit sexuel. Un homme qui rêve de sauver le monde et qui ne peut se sauver lui-même. Un homme terrifié. Un homme perdu.
Regardez-le tomber.

« Ce film est inspiré d’une affaire judiciaire dont les phases publiques ont été filmées, retransmises et commentées par les médias du monde entier. Mais les personnages du film et les séquences les représentant dans leur vie privée relèvent de la fiction », indique un carton en introduction. Le voilà le film qui aura le plus fait parlé de lui au Festival de Cannes (ou Kahn, c’est selon) en 2014 où il était présenté hors-compétition dans le cadre du marché du film. Welcome to New York, le film d’Abel Ferrara (tourné en 18 jours et pour 3,5 millions de dollars) coécrit avec Christ Zois (Chelsea Hotel, New Rose Hotel, The Blackout), distribué uniquement sur Internet, sans passer par les salles de cinéma en France et uniquement disponible sur les services de vidéo à la demande pour la somme de 7 euros - ce qui en passant est littéralement lamentable et consternant - est au final un véritable pétard mouillé.

Le cinéaste a évidemment pu compter sur un buzz démarré un an à l’avance à cause (grâce ?) du chef opérateur du film qui avait soi-disant mis en ligne une première bande-annonce alors qu’il n’y était pas autorisé. Welcome to New York a su rapidement se coller une étiquette de film à scandale, d’autant plus que la trame reprenait tous les éléments connus de la retentissante Affaire DSK survenue en mai 2011. Nous ne rappellerons pas les faits car il y en aurait pour des plombes, mais sachez qu’Abel Ferrara s’amuse à reconstituer toutes les images passées en boucle sur nos écrans 24h sur 24 et 7 jours sur 7 pendant des semaines, en tournant d’ailleurs dans les véritables lieux du fait divers.

S’il y a bien une chose qui vaut évidemment le déplacement dans Welcome to New York, c’est notre Gégé Depardieu qui s’empare de ce personnage fascinant en se foutant complètement à poil. Le comédien s’en remet totalement à l’enfant terrible du cinéma américain en grognant, soufflant, hululant, en jouissant tout en ingurgitant un cocktail de viagra-cognac et d’ice-cream. De son côté, s’il est indéniable qu’Abel Ferrara s’empare d’un matériau accrocheur et vendeur, le réalisateur explore à nouveau les côtés sombres de l’âme humaine avec les facteurs qui la gangrènent, le pouvoir, l’argent, le sexe, l’addiction, comme il a déjà pu le faire à travers toute sa filmographie.

La première demi-heure installe le personnage et la sphère dans laquelle il évolue. Les nuits de débauche et les scènes de cul s’enchaînent, particulièrement crues dans la version Director’s Cut du film, jusqu’à la tentative de viol de la femme de chambre dans la suite 2806. C’est d’ailleurs LA grosse différence entre le montage sorti en VOD et celui dispo en Director’s Cut. Dans cette seconde version, la caméra reste dans la suite et Ferrara dévoile ce qui s’y déroule, plus longuement, avec un malaise évidemment proportionnel à la durée de la scène centrale. S’ensuivent les étapes connues de l’affaire : le repas avec sa fille, son arrestation à l’aéroport JFK, sa garde à vue, sa comparution, son incarcération à Rikers Island, etc.

Le must reste bien évidemment les diverses confrontations entre Jacqueline Bisset (Isabelle Adjani avait été pressentie), un vrai bonheur de réentendre l’actrice anglaise parler en français, avec Gérard Depardieu durant lesquelles Ferrara imagine ce qui s’est déroulé derrière les murs de cette maison new-yorkaise à 60.000 dollars par mois avec une femme arriviste et un homme qui a l’air de ne pas souffrir tant que ça de ses pulsions.

Welcome to New York vaut donc largement plus pour ce huis clos conjugal tendu et génialement interprété, plutôt que pour sa « reconstitution » finalement sans intérêt et pauvrement mise en scène de l’Affaire.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur un check-disc. Cette édition comprend le film (1h49) sorti en VOD au mois de mai, mais également le montage Director’s Cut de 2h05, nettement plus explicite dans ses scènes de sexe et notamment lors de l’agression de la femme de chambre.

Bonus - 2,5 / 5

En plus de la bande-annonce et les credits, Wild Side joint un module intitulé Welcome to Cannes (29’). Ce supplément se compose des interviews du scénariste Christ Zois, du réalisateur Abel Ferrara, des comédiens Jacqueline Bisset et Gérard Depardieu, mais aussi d’images de tournage et de la conférence de presse donnée lors de la présentation du film au Festival de Cannes en 2014. Chacun s’exprime sur la nature des personnages, les thèmes, l’évolution et les changements du scénario. La deuxième partie où un tel s’exprime sur la collaboration avec un autre est nettement moins passionnante.

Image - 4,0 / 5

Welcome to New York a été tourné en numérique. S’il n’y a rien à redire concernant la luminosité de certaines séquences, la définition apparaît bien trop douce, le piqué souvent émoussé sur les scènes en intérieur et les détails manquent souvent à l’appel. Certes la HD permet de plus apprécier certains plans tournés « à l’arrache » mais nous avons la plupart du temps l’impression de regarder un DVD amélioré plutôt qu’un Blu-ray (au format 1080p, AVC soit dit en passant) proprement dit.

La colorimétrie est plutôt vive, à la fois chaude dans certaines alcôves feutrées et froides avec des teintes bleues-grises, le master est évidemment très propre et les noirs joliment concis même si le cadre large n’offre aucune profondeur de champ. Inhérent aux conditions de tournage, un léger grain cinéma est palpable. N’oublions pas quelques passages qui tirent agréablement leur épingle du jeu, à l’instar des gros plans sur la tronche (ou une autre partie de l’anatomie) de notre Gégé national. Mais l’apport HD reste facultatif sur ce titre.

Son - 4,0 / 5

On attendait un peu plus de ces mixages DTS-HD Master Audio 5.1 qui délivrent des dialogues plus ou moins vifs, même si - comme pour l’image - c’est encore aléatoire. De plus, la version originale peine à instaurer une spatialisation digne de ce nom et manque singulièrement de souffle. Quelques petits effets parviennent toutefois à créer un semblant d’atmosphère, sans oublier les ambiances naturelles en extérieur, même si le caisson de basses reste au point mort tout du long. Sur notre exemplaire, le changement de langue est impossible à la volée, tout comme l’accès au menu contextuel. Nous devons retourner sur le menu principal, sélectionner la langue désirée, puis retourner au film. Heureusement, la lecture reprend là où le film avait été stoppé.

Mauvais point : l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Wild Side

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 3 octobre 2014
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