Carambolages (1963) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Marcel Bluwal
Avec Jean-Claude Brialy, Louis de Funès et Michel Serrault

Édité par Gaumont

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Le 05/08/2014
Critique

Paul Martin est un jeune homme très ambitieux et prêt à tout pour obtenir ce qu’il désire, notamment professionnellement. Fiancé à Danielle, la fille d’un de ses chefs au travail, il va commencer à se débarrasser de ses supérieurs, les uns après les autres ! Sans être soupçonné, il va peu à peu récupérer les places vacantes jusqu’à devenir PDG de l’entreprise…

Voilà un petit film à redécouvrir ! Réalisé par Marcel Bluwal, qui a principalement fait sa carrière à la télévision, adapté du roman de Fred Kassak (1959), écrit par Pierre Tchernia, dont nous retrouvons la malice et la causticité, dialogué par Michel Audiard, alors au sommet de sa carrière, et interprété par une ribambelle de fabuleux comédiens, Carambolages est une comédie grinçante qui demeure toujours aussi ingénieuse dans son portrait sombre et virulent dressé de l’arrivisme et l’ascension sociale dans le monde de l’entreprise. A la jeunesse et la fougue de Jean-Claude Brialy débarqué de la Nouvelle Vague, Marcel Bluwal oppose Louis de Funès, pas encore starisé - il le sera un an plus tard grâce au Gendarme de Saint-Tropez - mais dont l’immense talent efface quasiment tous ses partenaires à chacune de ses apparitions. Les dialogues ciselés de Michel Audiard leur vont comme un gant, Brialy est sournois à souhait, Fufu peaufine déjà son personnage abject avec ses subalternes, obséquieux et rampant avec ses supérieurs, Sophie Daumier est super sexy, Michel Serrault campe génialement un inspecteur ancien-collabo de la Gestapo nostalgique de l’Occupation, et nous retrouvons tout un tas de comédiens inscrits dans la catégorie « On ne sait jamais comment ils s’appellent », mais que nous retrouverons systématiquement dans les films avec Louis de Funès en tête d’affiche.

Les personnages et les événements de ce film ne sont que le fruit d’une brillante imagination. Si de mauvais esprits s’avisaient d’y découvrir une critique, même nuancée d’un certain patronat, ou d’une certaine police, cette opinion serait réputée diffamatoire et impitoyablement poursuivie comme telle ». Voilà le carton écrit en introduction par Michel Audiard suite à quelques démêlés avec la censure avant l’exploitation du film (1,2 million d’entrées à sa sortie). Il faut dire que l’on s’étonne encore aujourd’hui du ton décomplexé avec lequel le trio Bluwal-Tchernia-Audiard s’amuse à parler de l’ambition d’un petit et modeste employé installé au rez-de-chaussée d’une grande entreprise, qui à force de préméditer les meurtres successifs de ceux qui sont au-dessus de lui, finit par se retrouver au sommet de la hiérarchie. Et ce bien avant Le Couperet de Donald Westlake et l’adaptation de Costa-Gavras.

Si quelques éléments de la mise en scène ont évidemment vieilli, Carambolages surprend par son humour noir, ses quelques allusions sexuelles, ses gags élégants et l’apparition surprise d’une star du cinéma français lors du final.

Présentation - 3,5 / 5

Le Blu-ray se présente avec un boîtier plastique blanc (notre test a été réalisé sur un check-disc). Le menu principal est étonnamment peu recherché, fixe et muet. On peut même dire que c’est très décevant. Heureusement que la qualité technique est au rendez-vous.

Bonus - 3,0 / 5

Pour la sortie de Carambolages en Blu-ray, Gaumont reprend les suppléments de l’ancienne édition DVD sortie en 2005.

Le documentaire rétrospectif de 19 minutes croise les propos du réalisateur Marcel Bluwal (né en 1925), du scénariste Pierre Tchernia et du comédien Jean-Claude Brialy. Chacun s’exprime sur la genèse de Carambolages, le casting du film - si Bernard Blier avait été envisagé pour jouer le PDG, Brialy a eu l’idée de faire engager Louis de Funès à la place - et surtout sur le travail de Michel Audiard, le caméo surprise de… (il faudra voir le film pour le savoir), la sélection surprise du film au Festival de Cannes en 1963 (un bide total) et les quelques démêlés avec la censure qui a conduit Audiard a écrire un panneau ironique en introduction.

Ceux qui auront envie de réviser leur argot pourront compter sur un petit module de 4 minutes (Le Petit Audiard illustré) expliquant de manière ironique via quelques animations rigolotes, certains mots et expressions entendus dans Carambolages.

Les apophtegmes du petit cycliste (7’) servent en réalité de promotion pour les films scénarisés et dialogués par Michel Audiard avec les dirigeants de société comme thème central, à travers les extraits de grands classiques disponibles en DVD et Blu-ray chez Gaumont.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Image - 4,5 / 5

Fort d’un master au format respecté 1.66 et d’une compression AVC, ce Blu-ray en met souvent plein les yeux dès le générique d’ouverture. La restauration est étincelante, les contrastes d’une densité impressionnante, les gris riches, les blancs lumineux et le grain original heureusement préservé. Les séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes diurnes, le piqué est joliment acéré pour un film de 1963 et les détails étonnent parfois par leur précision. Toutefois, quelques flous sporadiques font parfois une apparition remarquée et quelques séquences paraissent plus douces. Cela n’empêche pas de s’extasier devant la beauté de ce master HD qui parvient à redonner un intérêt certain pour ce petit film sympathique.

Son - 4,0 / 5

Également restaurée, la piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un très bon confort acoustique avec des dialogues fluides et nets, laissant également une belle place à la composition endiablée du grand et trop souvent oublié Gérard Calvi. Aucun souffle sporadique n’est à déplorer et les ambiances annexes sont palpables. Signalons tout de même quelques légères résonances. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
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Franck Brissard
Le 2 août 2014
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