La Carapate (1978) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Gérard Oury
Avec Pierre Richard, Victor Lanoux et Raymond Bussières

Édité par Gaumont

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Le 14/08/2014
Critique

En mai 1968, l’avocat Jean-Philippe Duroc rend visite à son client, Martial Gaulard, condamné à mort pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Mais une mutinerie éclate à la prison et Gaulard en profite pour s’échapper. La police est persuadée que Duroc a contribué à l’évasion, et les deux hommes sont aussitôt recherchés par toutes les polices de France.

En 1973, Gérard Oury vient de connaître un des plus grands succès de sa carrière avec Les Aventures de Rabbi Jacob (7,3 millions d’entrées). Il faudra pourtant attendre cinq ans avant que son film suivant, La Carapate, sorte sur les écrans. Pourquoi ? A l’origine, le cinéaste devait retrouver Louis de Funès pour Le Crocodile, dans lequel Fufu devait incarner un dictateur sud-américain aux côtés d’Aldo Maccione. Mais le comédien est alité et aux soins intensifs après deux infarctus survenus en 1975, deux mois avant le début prévu du tournage. Le projet ne verra jamais le jour. Il en est de même pour un film qui devait mettre Lino Ventura en vedette, qui devait voir l’acteur jouer un flic mener une enquête aux Etats-Unis, en tandem avec un homologue de la police new-yorkaise. Gérard Oury écrit alors une pièce de théâtre intitulée Arrête ton cinéma, important échec public et critique en 1977. Il reprend donc la plume avec sa fille Danièle Thompson et se mettent à l’écriture de La Carapate, spécialement pour Pierre Richard. Son partenaire à l’écran est également choisi, ce sera Patrick Dewaere.

Ce dernier quitte finalement le projet, ne se sentant pas capable d’assumer le côté burlesque de cette énorme entreprise. Gérard Oury pense donc à Victor Lanoux, d’autant plus que le comédien avait fait ses débuts au cabaret aux côtés de Pierre Richard de 1961 à 1966, dans des sketches que les deux artistes écrivaient et interprétaient dans des cabarets de la rive gauche ou en première partie des concerts de Georges Brassens. Le tandem est réuni à l’écran et Gérard Oury retrouve enfin la caméra. A sa sortie en octobre 1978, La Carapate attire près de 3 millions de spectateurs dans les salles. Un score tout à fait honorable mais loin des envolées spectaculaires au box office connues du réalisateur de La Grande vadrouille, Le Corniaud, Les Aventures de Rabbi Jacob, Le Cerveau, La Folie des grandeurs qui avaient tous dépassé le cap des 5 millions d’entrées. Deux ans plus tard, Gérard Oury et Pierre Richard se retrouveront pour Le Coup du parapluie, avec un succès moindre.

Rétrospectivement, la collaboration Oury/Richard n’est pas ce que les deux artistes ont fait de meilleur dans leur carrière, même si La Carapate demeure un grand divertissement et nettement au-dessus du Coup du parapluie. Comme souvent dans ses films, Oury soigne la reconstitution, de mai 68 ici, avec ses barricades, ses pavés lancés sur les C.R.S., les poubelles envahissant les rues de la capitale et les rues désertes de Paris. Le tandem Richard/Lanoux fonctionne bien, même si le premier hérite bien évidemment des séquences les plus drôles, Lanoux se contentant la plupart du temps de faire la tronche et de jouer les durs. Heureusement, il le fait bien et le décalage entre ces deux énergies et caractères opposés fait mouche comme dans tout bon buddy-movie.

On peut y voir comme une relecture de La Grande vadrouille sauf qu’ici la mécanique s’emballe quelque peu et manque de spontanéité. Les dialogues signés Danièle Thompson sont drôles et enlevés, les situations cocasses et la musique entraînante de Philippe-Gérard participe au rythme soutenu de ce road-movie élégant et classique de la comédie française.

Présentation - 3,0 / 5

Le Blu-ray se présente avec un boîtier plastique blanc (notre test a été réalisé sur un check-disc). Le menu principal est étonnamment peu recherché, fixe et muet. On peut même dire que c’est très décevant. Mais bon…le Blu-ray est proposé à un prix on ne peut plus attractif !

Bonus - 2,5 / 5

Outre la bande-annonce, l’éditeur reprend le documentaire rétrospectif de 19 minutes disponible sur l’édition DVD du film sortie en 2005, composé des interviews de la coscénariste et dialoguiste Danièle Thompson, des comédiens Pierre Richard et Victor Lanoux (enregistrés séparément), du régisseur Yvon Crenn. En plus des anecdotes liées à la production de La Carapate, nous trouvons également de belles photos et des images de tournage avec Gérard Oury (qui commente également son boulot en voix-off) à l’oeuvre avec ses comédiens et les figurants au moment de la séquence d’affrontement entre les C.R.S. et les étudiants. Nous apprenons également que le film devait réunir Pierre Richard et Patrick Dewaere à l’écran, mais ce dernier a finalement décliné l’offre, ne se sentant pas capable d’assumer les scènes de comédie. Victor Lanoux, qui avait fait ses débuts avec Pierre Richard au music-hall, a donc été appelé et a accepté, même si ce dernier avoue dans l’entretien qu’il ne se sentait pas à sa place dans ce monde burlesque au moment du tournage.

Image - 4,5 / 5

L’élévation HD est aussi frappante sur ce titre que pour Le Retour du Grand Blond. Fort d’un master au format respecté 1.66 et d’une compression AVC qui consolide l’ensemble avec brio, ce Blu-ray en met plein les yeux dès les premiers plans. La restauration est étincelante, les contrastes d’une indéniable densité, la copie est propre et lumineuse. Les détails étonnent souvent par leur précision, les gros plans sont détaillés à souhait, les couleurs retrouvent un éclat inespéré, le relief des séquences diurnes est inédit et le piqué demeure acéré du début à la fin. La définition flanche très légèrement durant le générique, mais cela reste anecdotique. Un superbe lifting.

Son - 4,5 / 5

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique total. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches, surtout que l’action ne s’arrête jamais chez Gérard Oury ! Aucun souffle constaté. La composition entraînante de Philippe-Gérard et la chanson des Sunset Brothers Because it’s May bénéficient également d’un bel écrin phonique. L’éditeur joint les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm