Fat City (1972) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par John Huston
Avec Stacy Keach, Jeff Bridges et Susan Tyrrell

Édité par Wild Side Video

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Le 07/11/2014
Critique

Stockton. Californie. À 29 ans, Billy Tully est un ancien boxeur alcoolique et solitaire, qui vit dans la misère depuis le départ de sa femme. Il se raccroche à la vie en s’entraînant de temps à autre : c’est dans une salle qu’il fait la connaissance d’Ernie, jeune talent prometteur chez qui il décèle un potentiel inespéré. Galvanisé par cette rencontre, Billy veut retrouver sa carrière de champion : pour vaincre ses vieux démons, il sait qu’il va devoir remonter sur le ring.

Avant même de commencer à exister, la vie t’échappe complètement…

Agé de 65 ans, John Huston a su prendre le virage des années 1970 en se réinventant dans un système alors en pleine mutation. Avec le méconnu Fat City ou La Dernière chance dans nos contrées, le réalisateur du mythique Trésor de la Sierra Madre adapte le roman de Leonard Gardner et prend un évident plaisir à filmer l’univers des petites salles de boxe et des champions sans avenir. « C’était comme un voyage sentimental à l’époque de ma jeunesse, au temps où j’essayais de devenir boxeur et où je me passionnais pour les combats » déclarait John Huston lors de la sortie de Fat City en 1972. Huston est dans son élément et connaît ce monde sur le bout des doigts puisqu’il a lui-même été champion de boxe, même si cet univers sert surtout de toile de fond. Il confie au tout jeune Jeff Bridges et Stacy Keach, deux rôles bouleversants qui s’inscrivent dans la mythologie hustonienne car Fat City n’est plus ni moins une nouvelle quête illusoire et désespérée.

La deuxième chance et la rédemption n’existent pas chez John Huston, les personnages vont d’un point A à un point A. Dans Fat City, Billy Tully a beau remonter sur le ring, sa petite vie minable l’attendra à sa sortie du ring. A 29 ans, il paraît en avoir au moins dix de plus. Même chose pour Ernie, qui n’a pourtant que 18 ans, mais qui va voir ses rêves brisés en raison d’une grossesse non désirée chez sa petite-amie d’un soir. Ses espoirs de devenir un grand champion volent en éclat quasi-instantanément. Il essuie quelques échecs avant de raccrocher les gants pour s’occuper de sa progéniture et de sa compagne.

Film désespéré, mélancolique et pessimiste, Fat City est branché sur un spleen qui prend aux tripes du début à la fin. John Huston se voit obligé de survivre dans le Nouvel Hollywood. Malgré une santé défaillante qui l’oblige à être sous assistance respiratoire, le cinéaste demeure plein de ressources et n’a eu de cesse de se renouveler. Ce qu’il fera d’ailleurs jusqu’à sa mort en 1987. Epaulé par le directeur de la photographie Conrad L. Hall, du compositeur Marvin Hamlisch, de merveilleux seconds rôles dont l’incroyable Susan Tyrrell et la chanson désenchantée de Kris Kristofferson Help Me Make It Through the Night, John Huston livre un « petit » film percutant, désabusé, mais terriblement attachant. Même si cela ne saute pas immédiatement aux yeux avec son rythme lent, ses longues scènes et sa narration qui s’apparente surtout à des tranches de vie, il s’avère que Fat City est un véritable petit chef d’oeuvre et le destin (sacrifié) de ses personnages oubliés du rêve américain ne cesse de revenir en tête bien après la projection. La fin est sublime.

Édition - 6,5 / 10

Le test a été réalisé sur un check-disc. Cette édition se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livre exclusif de 208 pages écrit par Samuel Blumenfeld intitulé Le Dernier combat, illustré de photos et de documents d’archives rares. Le menu principal est animé et musical. Sur la galette, seule la bande-annonce du film est disponible.

Wild Side livre un master HD (1080p, AVC) qui frôle la perfection. Les splendides partis-pris esthétiques du mythique directeur de la photographie Conrad L. Hall (De sang-froid, Butch Cassidy et le Kid, Marathon Man) trouvent en Blu-ray un nouvel écrin et se voient entièrement respectés. Point ou peu de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret, la photo ouatée est savamment restituée, la colorimétrie retrouve un éclat inédit et le piqué est probant. Le format original 1.85 est conservé, la profondeur de champ fort appréciable et seuls quelques plans flous, mouvements de caméra entraînant quelques pertes de la définition (les scènes de bar) et des visages légèrement rosés ou cireux empêchent d’attribuer la note maximale. Néanmoins, l’encodage AVC demeure solide, la gestion des noirs est solide, la propreté exceptionnelle et le niveau de détails impressionnant. Fat City qui affiche déjà plus de quarante ans au compteur peut se targuer d’un lifting de premier ordre et d’un transfert d’une folle élégance.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono d’origine. Pour la première option acoustique, l’espace phonique se révèle probant, la musique jouit d’une belle ouverture, le confort est indéniable, et les dialogues clairs et nets. De son côté, la version française apparaît plus feutrée avec des voix qui prennent souvent le pas sur les ambiances et les effets annexes. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés et le changement de langue non verrouillé.

Crédits images : © Wild Side

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
6,5 / 10
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Franck Brissard
Le 29 octobre 2014
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