Les Tueurs (1946) : le test complet du Blu-ray

The Killers

Réalisé par Robert Siodmak
Avec Burt Lancaster, Ava Gardner et Edmond O'Brien

Édité par Carlotta Films

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Le 17/11/2014
Critique

Deux tueurs à gages arrivent à la tombée de la nuit dans la petite ville de Brentwood, à la recherche de Pete Lunn, dit « le Suédois », un ancien boxeur qui passa quelques années en prison pour sa participation à un vol à main armée. Prévenu, Pete ne cherche pas à fuir et meurt sous les balles des tueurs. Jim Reardon, inspecteur de la compagnie d’assurance qui a dédommagé la victime du vol, cherche à savoir qui a commandité l’assassinat du Suédois, dans l’espoir de trouver une piste permettant de récupérer l’argent volé.

Les Tueurs est une des références du film noir. Adaptation fidèle d’une nouvelle de jeunesse d’Ernest Hemingway, écrite en 1927, le scénario en reprend les dialogues et la structure sophistiquée, avec l’entrecroisement de pas moins de onze flashbacks.

La photographie est sublime, encore empreinte de l’esthétique de l’impressionnisme allemand, mais très personnelle et magnifiée par d’audacieux mouvements de caméra, comme ceux du plan séquence du hold up.

Dès le générique, sur quatre notes, la musique de Miklós Rózsa, syncopée, agressive, annonce la violence du film, jamais étalée, mais toujours présente, prête à se déchaîner.

Scénario, dialogues, photographie, musique ne sont pas les seuls atouts du film. Il y a aussi la distribution. Burt Lancaster, dont c’est le premier rôle, choisi pour incarner une sorte de brute, réussit à diffuser dans son interprétation une sensibilité rendant le personnage plus complexe. Il y a aussi Ava Gardner, belle, rayonnante dans sa robe noire, cachant derrière le doux nom de Kitty (« chaton »), une femme fatale au venin mortel.

Les Tueurs est un film essentiel que cette splendide réédition nous permet de voir, ou revoir, dans d’excellentes conditions.

Présentation - 3,5 / 5

Test effectué sur un check disc. Le boîtier du disque est inséré dans un fourreau qui reprend le beau visuel de l’édition 2007.

Cette réédition du film sur Blu-ray reprend, en effet, tout le contenu des deux DVD de l’Édition Collector Limitée parue en avril 2007. Une sortie attendue pour deux bonnes raisons : elle pallie l’épuisement de l’édition de 2007 et l’excellent master restauré profite désormais de la haute définition.

Le menu fixe et musical (celui de l’édition précédente était animé) offre le choix entre version originale (avec sous-titres français optionnels) et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 5,0 / 5

Tous les suppléments du deuxième DVD de 2007 sont repris sur le Blu-ray :

Hemingway / Siodmak : de la nouvelle d’Hemingway au film noir de Siodmak (23’) : dans son étude de l’adaptation des Tueurs, Marguerite Chabrol, enseignante de cinéma à l’université Paris X, compare la nouvelle écrite par Ernest Hemingway au film, avec leurs ressemblances (les dialogues, qui en constituent l’essentiel, sont presque intégralement repris dans le scénario) et aussi leurs divergences, notamment le gommage dans le film de tous les propos qui auraient pu offenser certains spectateurs, propos racistes, antireligieux… Ce regard clair et intelligent sur le film est complété par une analyse détaillée de la première scène, celle du diner.

Entretien avec Hervé Dumont (Directeur de La Cinémathèque Suisse et auteur de l’essai « Robert Siodmak, le maître du film noir ») sur la genèse, les thèmes et l’esthétique du film (16’). Hervé Dumont rappelle qu’à la suite du succès commercial du film The Spiral Staircase (1945), Universal a donné carte blanche à Robert Siodmak pour la réalisation des Tueurs : il a pu faire appel, pour l’écriture du scénario, à John Huston (qu’un contrat d’exclusivité avec Warner Bros a empêché de figurer au générique) et, pour l’accompagnement musical, au compositeur hongrois Miklós Rózsa. La distribution était moins exclusive : c’était la toute première apparition de Burt Lancaster à l’écran et Ava Gardner n’avait, jusque-là, tenu que des petits rôles, sans que son nom s’affiche au générique.

Expressionnisme en noires et blanches (16’) : Christian Lauliac, spécialiste de la musique au cinéma, donne une lecture du film à travers la musique de Miklós Rózsa. Il fait ressortir la nouveauté de l’approche de l’accompagnement musical qui ne cherche plus une adéquation linéaire à l’image, mais la complète par des thèmes liés à des idées ou à des personnages. De longs moments de « silence » sont ménagés : les quinze passages musicaux ne totalisent qu’une trentaine de minutes.

Le boxeur sans confession (15’) : Pierre Berthomieu, spécialiste du cinéma hollywoodien, analyse le personnage de Burt Lancaster, un anti-héros, et souligne l’influence qu’aura eu film, par ses éclairages, ses cadrages obliques et asymétriques, sur l’esthétique du film noir.

Les Tueurs, version radiophonique (30’) rediffuse l’émission consacrée au film (à l’intérieur de la série hebdomadaire « The Screen Directors’ Playhouse », qui captiva l’Amérique de 1949 à 1951). Après une rapide présentation de Robert Siodmak, Burt Lancaster et Shelley Winters remplaçant Ava Gardner dans le rôle de Kitty, rejouent le film. L’histoire a été simplifiée : Sam Deardon cumule deux personnages : l’inspecteur James Reardon et le flic Sam Lubinsky.

Tous ces suppléments sont présentés dans le format du film (1.33, noir et blanc) et illustrés par leur réalisateur Nicolas Ripoche, dans un cadrage intelligemment étudié, de photos ou d’extraits du film qui constituent un indispensable contrepoint aux diverses analyses.

Les Tueurs, premier court métrage d’études d’Andreï Tarkovski (1.33, noir et blanc, en russe avec sous-titres français optionnels, 19’). En 1956, Andreï Tarkovski, alors étudiant de troisième année à l’Institut national russe du cinéma (VGIK) fut autorisé (c’était une première) à adapter, pour un travail pratique, une oeuvre étrangère. Il choisit la nouvelle de Hemingway. Comparaison intéressante entre l’adaptation de 1946 et une nouvelle vision, révélatrice du talent naissant de Tarkovski.

Une bande-annonce en VOST complète l’ensemble de ces suppléments dont la pertinence et la présentation en font un exemple d’excellence.

Image - 5,0 / 5

La remastérisation de 2007 et l’apport de la HD (1080p, AVC) donnent un noir et blanc qui atteint la perfection. La résolution acérée, sans altérer la texture argentique originale, révèle tous les détails de l’arrière-plan des scènes filmées sur une grande profondeur de champ (la scène du diner et celle de la fusillade du Green Cat). Absolument propre, lumineuse, bien contrastée, avec des noirs dense, l’image permet d’apprécier la puissance captivante de la photo dès la première scène, celle de l’arrivée des tueurs, filmés dans un brutal contrejour.

Son - 5,0 / 5

Le son, au format DTS-HD Master Audio 1.0, sans souffle, ni bruits parasites, au spectre relativement ouvert, avec des aigus incisifs, restitue clairement les dialogues et la musique. Les voix du doublage, un peu assourdies, sont, comme souvent, placées trop en avant.

Crédits images : © Carlotta Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Franck Brissard
Le 25 octobre 2014
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Philippe Gautreau
Le 25 octobre 2014
Pas de commentaire.

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