Hippocrate (2014) : le test complet du Blu-ray

Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins, et du personnel. Son initiation commence.

Avant d’être cinéaste (Les Yeux bandés) et scénariste (Mariage à Mendoza, Télé gaucho), Thomas Lilti a suivi des études de médecine et n’a d’ailleurs jamais arrêté de pratiquer à ce jour. Remarqué avec son premier long métrage, il signe un coup de maître avec Hippocrate, passionnante et originale comédie-dramatique inspirée de son propre apprentissage médical. Il noue ici ses deux métiers, le corps médical et le septième art, à travers le récit initiatique d’un jeune interne (il se retrouve confronté à la vie, la maladie, la vieillesse, la mort), impeccablement interprété par Vincent Lacoste (Les Beaux gosses, Jacky au royaume des filles) qui trouve ici son premier rôle « sérieux ».

Hippocrate est évidemment influencé par l’histoire personnelle de Thomas Liliti qui parvient à restituer la vie d’un hôpital, sans tomber dans le piège de la reconstitution ou du documentaire, mais en livrant un véritable objet de cinéma grâce à un solide usage du format Scope et de la caméra à l’épaule, ainsi que par une irréprochable direction d’acteurs. On sent les emprunts autobiographiques qui ont su nourrir un scénario malin - et réaliste - où le talent d’observation du réalisateur ne fait aucun doute, d’autant plus qu’Hippocrate a été tourné dans l’hôpital où Thomas Lilti a réellement pratiqué la médecine et qu’il s’est entouré de réelles infirmières pour conseiller l’équipe, qui apparaissent d’ailleurs à l’écran dans leur (quasi) propre rôle.

Loin de la représentation du corps médical des séries TV, tant sur le fond que sur la forme, Hippocrate n’a pas pour vocation de montrer des médecins « surhumains », mais dans leurs contradictions, leurs incidents de parcours, rivalités, entraides, doutes, désaccords sur un traitement, mais toujours dévoués à la tâche malgré le manque de moyens et de matériels mis à leur disposition. C’est le cas par exemple du personnage d’Abdel, incarné par l’excellent Reda Kateb, calme, exemplaire de sang-froid, qui révèle peu à peu ses failles, mélancolique et sombre. Il interprète un médecin expatrié qui à son arrivée en France devient un simple interne, coupé de ses racines et de sa famille, renvoyé à ses origines étrangères. Le reste du casting est à l’avenant (Jacques Gamblin, Marianne Denicourt, Philippe Rebbot, Carole Franck) et s’épanouit devant la caméra vive et dynamique de Thomas Lilti, qui restitue la vie grouillante et incessante de cet univers particulier. Les hommes et les femmes se croisent sans arrêt, se côtoient, comme une véritable fourmilière dans laquelle est invité le spectateur à entrer, à plonger même puisque la quasi-entièreté du film se déroule dans l’hôpital.

On ressort ravi et le coeur gros, euphorique, les larmes aux yeux d’Hippocrate, très grande réussite de l’année 2014, plébiscitée par la critique (unanime) et le public (presque un million d’entrées), que l’on devrait normalement retrouver à la cérémonie des Césars…

Le test du Blu-ray a été réalisé sur un check-disc. L’incontournable menu principal, animé et musical, typique de l’éditeur accueille le spectateur. Simple, efficace mais peu recherché, surtout que l’éditeur ne propose plus de chapitrage… Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

Cette section vaut essentiellement pour son très bon making of (17’) constitué de nombreuses images de la préparation des comédiens avec le réalisateur Thomas Lilti, d’images de tournage et de propos très intéressants de toute l’équipe. Le cinéaste, également médecin, revient sur la genèse d’Hippocrate, évoque son parcours et les éléments autobiographiques qui ont nourri le scénario, ainsi que son souci d’être le plus authentique possible en ayant recours à de véritables infirmières qu’il a également engagé comme comédiennes à part entière.

Derrière l’intitulé Témoignages (4’), nous trouvons des scènes coupées qui donnent la parole à quelques personnages du film (Guy, Josey, Juliette, Myriam) qui face caméra partagent quelques souvenirs liés à leur boulot.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

On frôle la perfection, surtout qu’Hippocrate a été tourné en Haute Définition. La belle photo, froide - mais pas clinique, pardon pour le jeu de mots, mais c’était tentant - et lumineuse du chef opérateur Nicolas Gaurin (Douches froides, Happy Few, Confession d’un enfant du siècle) trouve un écrin remarquable grâce à ce Blu-ray au format 1080p de très haut niveau. Les noirs sont denses, l’encodage AVC consolide l’ensemble, tandis que les séquences intérieures se trouvent logées à la même enseigne. En dehors de diverses scènes sombres un poil plus altérées, le relief demeure fort appréciable, le piqué affûté aux quatre coins du cadre large et la texture des matières, des costumes notamment, reste palpable tout du long. Un transfert très élégant.

La très belle musique composée par Low Entertainment est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les voix des comédiens s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales, la balance gauche-droite est dynamique, même si le caisson de basses reste souvent au point mort, à part durant la fête (à 1h).

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Jair Sfez/Le Pacte