Johnny Got His Gun - Johnny s'en va-t-en guerre (1971) : le test complet du Blu-ray

Johnny Got His Gun

Édition Collector Limitée

Réalisé par Dalton Trumbo
Avec Timothy Bottoms, Kathy Fields et Marsha Hunt

Édité par EuropaCorp

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Le 17/12/2014
Critique

Appelé en France sur le front de la Première Guerre mondiale, Joe Bonham, un jeune soldat américain, est atteint par un obus. À l’hôpital, il découvre peu à peu la gravité de son état : s’il ne voit plus, c’est qu’il n’a plus d’yeux. S’il n’entend plus, c’est qu’il n’a plus d’oreilles. S’il ne peut plus parler, c’est qu’il n’a plus de bouche. Et il a perdu bras et jambes ! Comment faire comprendre aux autres qu’il a toute sa conscience ?

Dulce et decorum est pro patria mori

« Il est doux et glorieux de mourir pour la patrie » : cette maxime s’inscrit sur l’écran après la dernière image de Johnny Got His Gun, l’un des films les plus antimilitaristes jamais réalisés, une adaptation du roman éponyme écrit par Dalton Trumbo en 1938 et publié le 3 septembre 1939, le jour-même où la France et le Royaume-Uni déclarèrent la guerre à l’Allemagne nazie.

Le succès du livre et l’écriture de nombreux scénarios assurèrent la notoriété de Dalton Trumbo qui apparut comme l’un des grands scénaristes de son temps, notamment pour le film Trente secondes sur Tokyo. Il attira aussi l’attention du House Committee on Unamerican Activities, ce qui lui valut de faire partie des « Dix de Hollywood » cités à comparaître devant la commission initiée par le sénateur McCarthy et de devoir, après expiration des voies de recours, purger en 1950 une peine de 11 mois de prison et de figurer sur la « liste noire » de Hollywood jusqu’en 1960.

Ce qui ne l’empêcha pas de continuer à écrire, sous le couvert de prête-noms, quelques fameux scénarios, dont celui de Gun Crazy (Deadly Is the Female) et de Vacances romaines. Ce n’est qu’à partir de 1960 qu’il put sortir de la clandestinité, grâce à l’appui d’Otto Preminger, et signer le scénario d’Exodus et de Spartacus.

Une émotion qui prend aux tripes

Confronté à l’opposition des Major Companies, Dalton Trumbo décida de réaliser lui-même Johnny Got His Gun en 1970 avec les moyens du bord : un petit budget (600 000 dollars), un chef opérateur néophyte et un acteur débutant, Timothy Bottoms, dans le rôle de Joe. Sa réputation de scénariste lui permit toutefois d’attirer des acteurs connus, notamment Jason Robards, placé sous le feu des projecteurs en 1968 par Il était une fois dans l’Ouest et Donald Sutherland, auréolé par le succès de MASH, Palme d’Or 1970.

Johnny Got His Gun ne se distingue pas par sa forme classique, plus proche du style des années 50 que de celui plus évolué du « Nouvel Hollywood ». Il laisse pourtant un souvenir impérissable pour avoir réussi à nous faire ressentir la terrifiante angoisse dans laquelle se débat Joe, poussant des cris que nous sommes, avec lui, les seuls à pouvoir entendre, revivant des souvenirs dont nous sommes, avec lui, les seuls témoins.

Johnny Got His Gun est un film unique, le seul réalisé par Dalton Trumbo. Le cancer du poumon eut raison du projet de tournage d’un second film.

Présentation - 5,0 / 5

Tout sort de l’ordinaire dans cette édition limitée : les dimensions du coffret, la qualité du cartonnage, son décor, sur fond noir mat, un poing d’un rouge brillant avec deux doigts dessinant le signe de la victoire.

Et des « goodies » à gogo : l’édition Babel 2004 du livre, une pochette de dix photos et le dossier de presse Planfilm de 1971 (40 pages) contenant notamment un entretien avec Dalton Trumbo, sa biographie, son témoignage devant la commission des activités antiaméricaines, synopsis, fiche technique…

Quatre disques. Deux DVD dans un livret cartonné, l’un du film, l’autre étiqueté « Les suppléments » contient un premier jeu de bonus. Dans un digipack inséré dans un étui, le Blu-ray du film et un deuxième DVD de suppléments, labélisé « Disque bonus exclusif ».

Sur le Blu-ray comme sur le DVD, le menu animé et sonorisé fait défiler de courts extraits du film et offre le choix entre la version originale, avec sous-titres français imposés, et un doublage en français. Sous-titres pour malentendants et piste d’audiodescription.

Sortent simultanément deux autres éditions, l’une sur Blu-ray et l’autre sur DVD, certes moins fastueuses, mais toutefois accompagnées d’un DVD des indispensables suppléments vidéo.

À noter que la France a la primeur d’une édition Blu-ray !

Bonus - 5,0 / 5

Les suppléments, au diapason de cette édition, sont exceptionnels :

Sur le DVD « Les suppléments », après la bande-annonce originale (3’), on trouve une série de scènes coupées (8’) accompagnée de prises de vue du tournage, commentées par Timothy Bottoms et le chef opérateur Jules Brenner.

Viennent ensuite un entretien avec Timothy Bottoms (10’), enregistré en 2009, puis un entretien avec Bertrand Tavernier (15’) qui n’est qu’un montage condensé de la conversation beaucoup plus longue avec Philippe Rouyer (42’), détaillée plus bas.

Sur le « Disque bonus exclusif » accompagnant le Blu-ray, tout commence par Dalton Trumbo : un rebelle à Hollywood, un documentaire de Robert Fischer (2006, 59’) qui rapporte, en exergue, l’appréciation de Luis Buñuel : « Le film m’a laissé une des plus fortes impressions que j’aie jamais ressenties ». Le document est fait d’anecdotes racontées par Christopher Trumbo, fils du réalisateur qui l’assista pendant le tournage, d’un extrait de l’adaptation du roman à la radio en 1940 avec James Cagney, des années noires de la chasse aux sorcières, du nouvel essor en pleine lumière…

Suit une conversation avec Bertrand Tavernier (42’) interrogé par Philippe Rouyer, critique à Positif, historien de cinéma et chroniqueur radio et télé. Bertrand Tavernier rappelle qu’il fut l’attaché de presse du film pour sa sortie en France, qu’il a oeuvré, avec Pierre Rissient, à faciliter la distribution dans l’hexagone de plusieurs films d’auteurs sur liste noire. Il évoque des rencontres chaleureuses avec Dalton Trumbo et insiste sur une originalité de Johnny Got His Gun, un film de guerre qui ne montre pas une goutte de sang, sans scènes d’action, uniquement centré sur les conséquences de la guerre. Cet entretien, comme les autres, est présenté dans le format inhabituel du 2.35 qui permet de cadrer ensemble les deux interlocuteurs.

Vient ensuite un entretien avec Pierre Rissient (42’) fondateur du cercle des cinéphiles du Cinéma Mac Mahon, scénariste, réalisateur et producteur, interrogé par Philippe Rouyer. Il rappelle les projections au Mac Mahon des films des black listés, ses rencontres avec Dalton Trumbo et les grandes manoeuvres pour faire entrer Johnny Got His Gun dans la sélection du Festival de Cannes : l’appui de Jean Renoir n’a pas suffi, il a fallu y ajouter celui de Luis Buñuel ! Ce ne fut pas peine perdue : le film obtint le Prix Spécial du Jury.

Pour finir, un entretien avec Philippe Rouyer (47’) qui rappelle le laborieux financement du film par l’appel à des souscriptions privées, les sacrifices consentis par les acteurs sur leur cachet, son échec commercial aux USA. Mais Philippe Rouyer se livre surtout, en illustrant ses propos par plusieurs extraits de scènes, à une passionnante analyse du film, notamment des habiles transitions du noir et blanc à la couleur. Il tort aussi le cou à certaines idées reçues sur l’apport au film de Buñuel, qui envisagea, au milieu des années 50, une adaptation du roman qui resta dans les tiroirs, faute d’un financement.

Image - 5,0 / 5

L’image (1.66:1, 16/9, 1080p, AVC), en noir et blanc pour le présent dans l’hôpital et en couleurs pour les souvenirs et les rêves, a été parfaitement restaurée : ni taches, ni rayures, ni pompage, étalonnage soigneux, nickel !

Les scènes en noir et blanc, tournées sur une pellicule couleurs, puis désaturées, sont agréablement contrastées, avec des blancs lumineux et des noirs denses.

Les scènes en couleurs obéissent à un choix esthétique : l’image des souvenirs présente des couleurs légèrement désaturées, ce qui adoucit la définition des arrière-plans ; les couleurs sont nettement plus soutenues pour les rêves surréalistes, avec une plus grande profondeur de champ.

Son - 5,0 / 5

L’option du son respecte le format mono d’origine (recodée en DTS-HD Master Audio 1.0). Il a été, lui aussi, soigneusement nettoyé, pratiquement sans souffle. Les dialogues sont clairement restitués, ainsi que l’accompagnement musical de Jerry Fielding.

Beau travail aussi sur le doublage en français, toutefois légèrement affecté par le timbre trop mat des voix.

Crédits images : © Pathé

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 17 décembre 2014
Un film unique, qui prend aux tripes !
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jean-marc
Le 17 décembre 2014
Certainement un très bon film, mais combien ce film m'avait traumatisé quand je l'avais vu alors que j'avais la 20aine !!!
J'ai pas trop envie de le revoir...
Super dur.

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