Réalisé par Graham Annable
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
Les Boxtrolls est une fable qui se déroule à Cheesebridge, une ville huppée de l’époque victorienne, dont la principale préoccupation est le luxe, la distinction et la crème des fromages les plus puants. Sous le charme de ses rues pavées, se cachent les Boxtrolls, d’horribles monstres qui rampent hors des égouts la nuit pour dérober ce que les habitants ont de plus cher : leurs enfants et leurs fromages. C’est du moins la légende à laquelle les gens de Cheesebridge ont toujours cru. En réalité les Boxtrolls sont une communauté souterraine d’adorables et attachantes créatures excentriques qui portent des cartons recyclés comme les tortues leurs carapaces. Les Boxtrolls ont élevé depuis le berceau un petit humain orphelin Oeuf, comme l’un des leurs, explorateur de décharge et collectionneur de détritus mécaniques…
Cartons et merveilles
Adaptée d’un énorme livre pour enfants dont la matière pourrait remplir plusieurs films, la troisième réalisation du studio Laika (Coraline et L’Étrange pouvoir de Norman) force une nouvelle fois le respect et génère un émerveillement sans limites.
Il faudra, bien évidemment, ne pas s’attendre à voir une production lisse et politiquement correcte, mais plutôt un film qui gratte et fait grincer les dents ici et là par son ton ironique et son humour charbon noir. Pourtant américain, le studio Laika insuffle dans chacune de ses productions un humour que l’on croirait volontier venu de chez son cousin britannique, le studio Aardman, autre champion de l’animation image par image (stop motion), technique dont Les Boxtrolls profite encore une fois de la façon la plus efficace qui soit.
Mais face à Aardman qui, pour le moment, s’adonne plutôt à un rendu très rond, coloré et largement tout public, Laika et ses artistes préfèrent pousser les recherches graphiques, sortir des sentiers battus, fondre dans un univers tordus et se frotter à une galerie de personnages qui vont des plus abjects aux plus adorables, quitte à ne pas pouvoir faire l’unanimité.
Dans Les Boxtrolls le lyrisme, la poésie et une certaine magie disputent l’attention du spectateur avec la noirceur ou la bêtise crasse de certains personnages. Un manichéisme poussé à l’extrême, avec une dose d’humour « so british » hérité sans aucun doute d’Alan Snow, l’auteur anglais du livre « Here Be Monsters! » dont s’inspire le film.
Outre la virtuosité décidément étourdissante des artistes de chez Laika concernant l’animation et la conception des personnages et décors, Les Boxtrolls régalent également les oreilles grâce aux voix originales d’Isaac Hempstead-Wright (Bran Stark de Game of Thrones), Elle Fanning (la version jeune d’Angelina Jolie dans Maléfique), et surtout de Ben Kingsley qu’on ne présente plus et qui dote le vilain du film d’une voix et d’un phrasé dont on se souviendra longtemps. Côté voix toujours, mention spéciale à Dee Bradley Baker (Star Wars - The Clone Wars) et Maurice LaMarche ( Les Simpson et Futurama), deux incontournables du doublage de séries animées aux États-Unis, qui incarnent à eux deux, toute la population des Boxtrolls à la sonorité gutturale qui semble être un croisement entre un Ewok et un Klingon…
Le tout est lié par un score musical très inspiré et composé par Dario Marianelli, compositeur discret et fort talentueux, entendu sur de nombreux films comme Orgueil & préjugés, V pour Vendetta ou Agora.
Il n’y a qu’un seul problème avec les productions Laika, l’attente jusqu’au film suivant…
Face au déploiement artistique nécessaire à la réalisation des Boxtrolls, on regrette le manque d’imagination d’Universal question packaging. Il faudra se contenter d’un boîtier Blu-ray classique, glissé dans un fourreau lenticulaire (effet 3D), qui accueille la seule galette contenant versions 2D et 3D du film. Ces deux versions sont accesibles via un menu à icônes, illustré par la musique et des extraits du film.
Le leaflet contenant le code d’accès à la copie digitale UltraViolet est glissé dans le boîtier.
La partie suppléments des Boxtrolls est en tous points similaire à celle du précédent titre Laika sorti en Blu-ray, L’Étrange pouvoir de Norman.
Un commentaire audio très détaillé des deux réalisateurs qui collent vraiment aux images et délivrent quantité d’informations précises sur les différents processus de création du film. À noter que ce commentaire ne profite que d’un seul sous-titre… en anglais.
Des animatiques de scènes alternatives ou abandonnées, accompagnés des commentaires audio optionnels des deux réalisateurs (toujours sous-titrés en VO alors que les scènes elles-mêmes profitent d’un sous-titre français), qui donnent à explorer certaines voies ou articulations du récit.
Les coulisses du film en 5 modules : les voix (avec notamment un Ben Kingsley incroyable qui double couché pour obtenir cette voix si profonde, la conception des marionettes qui rivalise de trésors de précision à chaque nouveau film, la conception et l’animation du méchant du film en mode allergique et tout gonflé façon Elephant Man, la réalisation de la séquence de danse qui mixe animation en volume et images de synthèse, et enfin la conception de la perforeuse, la plus grande « marionnette » conçue par Laika à ce jour.
Et pour finir, 5 documentaires/featurettes de 2 minutes 30 environ, utilisés en pré-sortie du film, des sortes de bandes-annonces gonflées d’infos de tournage, mais du coup un brin redondants avec les bonus précédent, en abordant quasiment les mêmes sujets.
Au total, un peu plus d’une heure de suppléments sans compter le commentaire audio. C’est presque insuffisant tant on pourrait admirer pendant des heures le travail de ces artistes forcenés…
Quel spectacle ! Il va sans dire que le Blu-ray reste le support de prédilection pour profiter pleinement d’un film aux images si travaillés et riches de milliers de détails, surtout quand son master et son encodage sont aussi réussis qu’ici. Les différentes ambiances du film, avec une majorité de scènes sombres ou embrumées sont parfaitement restituées, que ce soit en 2D ou en 3D dont le travail de profondeur de champ est admirable et toujours bienvenu.
La VF, déjà encodée en DTS standard, souffre en plus de dialogues très en avant et qui ont tendance à manger les ambiances et la profondeur du mixage original. On trouvera donc plus d’ampleur dans la VOST DTS-HD Master Audio 5.1, riche de détails plus fins. Il faut ne fois de plus souligner que malgré les efforts des doubleurs, il est également difficile d’atteindre le niveau d’excellence de jeu et d’humour de la VOST, surtout en ce qui concerne Ben Kingsley dont le personnage perd tout son « charme » en VF.
Crédits images : © Laika / Universal Pictures