Réalisé par Philippe de Broca
Avec
Daniel Auteuil, Fabrice Luchini et Marie Gillain
Édité par TF1 Studio
« Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! » Telles sont les paroles en forme de serment lancées par Lagardère au comte de Gonzague, qui a ourdi un complot contre son ami, le brillant duc de Nevers, pour capter la fortune de son riche cousin. Il faudra seize ans au chevalier de Lagardère pour venger son ami, faire triompher la morale, sauver l’honneur et trouver l’amour.
Le début des années 1990 est difficile pour le cinéaste Philippe de Broca dont les deux derniers films, Les 1001 nuits et Les Clés du paradis ont été de sérieux échecs au box-office. Il se tourne alors vers la télévision et signe Regarde-moi quand je te quitte (1993), Le jardin des plantes (1994), Les hommes et les femmes sont faits pour vivre heureux… mais pas ensemble (1995) et Le veilleur de nuit (1996). En 1997, le producteur Patrick Godeau lui offre alors l’opportunité de revenir au cinéma avec une nouvelle adaptation du Bossu, roman de cape et d’épée écrit par Paul Féval en 1857, qui avait déjà connu quelques adaptations, en 1944 par Jean Delannoy avec Pierre Blanchar dans le rôle de Lagardère, et bien sûr en 1959 par André Hunebelle avec Jean Marais et Bourvil.
Doté d’un budget conséquent de 143 millions de francs, soit plus de 20 millions d’euros aujourd’hui, Philippe de Broca revient à ses premières amours, le film d’aventures et le divertissement populaire, pour lequel il signe le scénario avec Jean Cosmos et Jérôme Tonnerre. Réalisé avec une fougue et un panache contagieux, génialement interprété, Le Bossu est le chant du cygne du réalisateur des mythiques Homme de Rio, Les Tribulations d’un chinois en Chine, Le Diable par la queue, Tendre poulet et bien d’autres classiques et chefs d’oeuvres gravés dans les mémoires.
Daniel Auteuil campe un Lagardère à la fois fougueux et prolo, mais aussi élégant, rusé et charmeur. A ses côtés, Fabrice Luchini est fourbe à souhait, Marie Gillain délicieuse, Vincent Pérez toujours impérial dans les rôles à costumes, Yann Collette venimeux et Philippe Noiret se délecte à endosser le costume de Philippe d’Orléans, plus de vingt ans après Que la fête commence de Bertrand Tavernier.
Si quelques baisses de rythme se font parfois ressentir après l’assassinat du Duc de Nevers, Le Bossu n’a rien à envier à ses prédécesseurs et démontre que Philippe de Broca en avait encore sous le capot. L’élégance de sa mise en scène, la photo de Jean-François Robin, le soin apporté aux décors et aux costumes, l’excellente chorégraphie des combats et la musique de Philippe Sarde participent également gracieusement à la grande réussite de cette entreprise, récompensée par un succès public avec plus de 2,3 millions d’entrées en 1997.
Le Blu-ray du Bossu repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Si le menu principal est joliment animé sur la musique de Philippe Sarde, mauvais point en revanche pour la jaquette au visuel particulièrement laid.
TF1 Vidéo reprend le très grand making of de 57 minutes, diffusé à la télévision. Complet, merveilleusement illustré par de très nombreuses images de tournage et du plateau, d’interviews de toute l’équipe du film (comédiens, réalisateur, producteur, chef décorateur, chef opérateur, créateur des costumes), ce documentaire exemplaire s’avère indispensable. La genèse, l’évolution du scénario, les dessins préparatoires, la création des décors, les maquillages, la répétition des combats à l’épée avec le maître d’armes Michel Carliez, les effets spéciaux (y compris les images de synthèse), les partis pris, tout est finement et intelligemment abordé. De souvenir, il s’agit probablement d’une référence du genre pour un film français.
A l’occasion de cette sortie en Blu-ray, TF1 Vidéo a chargé Jérôme Wybon de réaliser un petit module rétrospectif complémentaire de 26 minutes. Les intervenants, Patrick Godeau (producteur), Yves Agostini (caméraman), Alexandra de Broca (épouse de Philippe de Broca) et Henri Lanoë (monteur) reviennent donc sur l’aventure du Bossu et replacent le film dans la carrière (et la vie) du cinéaste. Même si certains propos font parfois écho avec ce qui a déjà été entendu dans le making of, ce segment porte désormais la marque de fabrique de Jérôme Wybon, autrement dit des anecdotes pertinentes (on apprend que le premier montage faisait 2h50 !) qui s’enchaînent sur un rythme vif,et illustrées par des photos de plateau.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
Le Bossu est enfin disponible en Haute-Définition (1080p). Cette promotion technique met en valeur le superbe cadre large et la photo Jean-François Robin (37°2 le matin, Nelly & Monsieur Arnaud) renaît littéralement durant les séquences diurnes en extérieur où le relief est fort appréciable. Ce très beau Blu-ray relève la palette colorimétrique, riche, chatoyante et détaillée, le piqué étant également joliment aiguisé et le grain bien géré. La profondeur de champ est également étonnante et certains plans en extérieur, même s’ils s’accompagnent de temps en temps d’un léger bruit vidéo), sont vraiment somptueux. Dépourvu de poussières et d’accrocs divers, ce master HD s’avère lumineux, la définition jamais prise en défaut et les séquences tamisées éclairées sont divines.
Le mixage proposé est une piste DTS-HD Master Audio 5.1 qui ne sert principalement qu’à spatialiser la musique de Philippe Sarde. En dehors de cela, quelques petites ambiances naturelles parviennent à percer sur la scène arrière sur les très nombreuses séquences en extérieur, sinon c’est un peu le calme plat d’autant plus que la délivrance des dialogues manque d’ardeur. Quelques déséquilibres de la balance latérales-frontales nous font souvent jongler avec la télécommande, surtout que la musique tend à prendre le dessus sur tout. Les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.
Crédits images : © TF1 Vidéo