Réalisé par Damien Chazelle
Avec
Miles Teller, J.K. Simmons et Paul Reiser
Édité par Ad Vitam
Andrew, 19 ans, rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. Mais la concurrence est rude au conservatoire de Manhattan où il s’entraîne avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer le fleuron des orchestres dirigé par Terence Fletcher, professeur féroce et intraitable. Lorsque celui-ci le repère enfin, Andrew se lance, sous sa direction, dans la quête de l’excellence…
Damien Chazelle, tout juste trente ans, est un réalisateur franco-américain. Révélé en 2009 avec son premier long métrage Guy and Madeline on a Park Bench, qu’il écrit (alors qu’il est encore étudiant à Harvard) et produit, pour lequel il écrit des chansons, qu’il met en scène et pour lequel il assure également le montage et la photographie, il explose littéralement avec son second film, Whiplash.
Disons le tout de go, Whiplash est un des chefs-d’oeuvre de l’année 2014. A l’origine, il y a un court-métrage du même nom, réalisé par Damien Chazelle en 2013 dans le but d’obtenir les fonds nécessaires pour la mise en route de son second long métrage. Présenté au Festival du Film de Sundance, il remporte le Prix du Jury du court-métrage, ce qui a ensuite facilité la tâche à Damien Chazelle pour pouvoir enfin mettre en route son second film.
Au générique du court puis du long métrage, il y a l’excellentissime J.K Simmons, découvert par le grand public dans la trilogie Spider-Man de Sam Raimi, dans laquelle il interprète le rédacteur en chef colérique du Daily Bugle, J. Jonah Jameson. Vu et grandement apprécié chez les frères Coen dans Ladykillers et Burn After Reading, ou bien en père désabusé mais tendre avec sa fille ado enceinte jusqu’aux yeux dans Juno, le comédien âgé de 60 ans livre une des plus grandes prestations vues au cinéma ces dernières années. Vêtu de noir, ses bras secs et costauds battant la mesure - ou envoyant valdinguer des tabourets dans la tronche de ses musiciens - son crâne rasé et ses rides creusées font de lui une véritable icône dont on se souviendra très longtemps. L’Académie des Oscar l’a heureusement gratifié de la statuette dorée du Meilleur Acteur dans un second rôle. A ses côtés, un futur grand qui ne cesse d’étonner (euphémisme) de film en film, Miles Teller. Né en 1987, on découvre le jeune comédien dans l’excellent Rabbit Hole de John Cameron Mitchell. Son extrême sensibilité foudroie et vole la vedette à Nicole Kidman et Aaron Eckhart en quelques scènes. Vu dans Projet X, The Spectacular Now, Divergente et sa suite, Miles Teller fracasse tout dans Whiplash.
Whiplash est un drame musical, enfin un drame sur la musique, et encore ce n’est pas tout à fait cela. Disons que c’est un film sur le côté physique de la musique, tourné comme un film de guerre, de sport et d’action. Imaginez le Sergent instructeur Hartman de Full Metal Jacket, remplacez-le par J.K. Simmons (souvent terrifiant), tandis que les marines seraient ici des musiciens. C’est ça Whiplash ! Ou comment un professeur de musique tyrannique souhaite arracher littéralement le meilleur d’un jeune prodige de la batterie - Miles Teller joue de la batterie depuis l’âge de 15 ans, ce qui a facilité la tâche - en l’humiliant, en le poussant jusque dans ses derniers retranchements, jusqu’à l’explosion qui fera de lui un nouveau maestro.
Tourné dans l’urgence en 19 jours, le film de Damien Chazelle (également joueur de batterie) agrippe le spectateur de la première à la dernière image, sans jamais relâcher la tension et montre la violence (jouer comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort) physique et psychologique, la torture de la création chez l’artiste, entre sang, sueur et larmes. L’excellence de l’interprétation, la virtuosité de la mise en scène et du montage, la beauté de la bande originale nous subjuguent. Les dix dernières minutes sont aussi époustouflantes qu’un film d’action et nous clouent au fauteuil sans que l’on puisse respirer.
Lauréat de plus de 80 récompenses dans les festivals du monde entier, dont 3 Oscar (meilleur acteur dans un second rôle, meilleur montage, meilleur mixage), 3 BAFTA, le Grand Prix et le Prix du public au Festival du film américain de Deauville puis le Grand Prix du Jury et le Prix du public à Sundance, Whiplash est un film qui compte et qui va rester. Alors si vous ne l’avez pas encore vu, FONCEZ !
Le test du Blu-ray de Whiplash, édité chez Ad Vitam, a été réalisé sur un check-disc. Le visuel de la jaquette semble reprendre celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et bien évidemment musical.
Ne manquez pas les entretiens avec le réalisateur Damien Chazelle (5’) et les comédiens J.K. Simmons (6’) et Miles Teller (5’) ! Enregistrés à l’occasion de la présentation de Whiplash au Festival du film américain de Deauville en 2014, les trois collaborateurs s’expriment (en français dans le texte pour Damien Chazelle) sur la genèse du projet (dont le court-métrage présent en bonus), le casting, les personnages, les conditions de tournage (19 jours seulement), les partis pris. On apprend que le cinéaste a commencé à jouer de la batterie vers l ‘âge de 10 ans (tout comme Miles Teller qui lui a commencé à 15 ans), que le personnage si génialement joué par J.K. Simmons (lui-même ancien prof de musique, comme son père) s’inspire d’un de ses professeurs de musique du Conservatoire, et plein d’autres anecdotes et analyses sur le film vraiment très intéressantes.
Comme nous l’indiquions précédemment, l’éditeur a eu la bonne idée de glisser dans cette section, le court-métrage Whiplash (17’). Réalisé dans le but d’obtenir les financements pour le second long métrage de Damien Chazelle, ce court-métrage interprété par J.K. Simmons, déjà dans la peau de Fletcher, et Johnny Simmons, acteur vu dans Evan tout-puissant, Jennifer’s Body et Le Monde de Charlie, incarne Andrew. L’histoire se focalise ici sur la première interprétation de ce dernier dans le groupe de Fletcher. Cette séquence sera intégralement réinterprétée dans le long métrage, à la virgule près.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
Magnifique. Le master HD (1080p-AVC) de Whiplash édité par Ad Vitam ne cesse de subjuguer par tant de beauté. Tourné en numérique, le film, que dis-je, le chef d’oeuvre de Damien Chazelle bénéficie d’un traitement de faveur et la photo signée par le chef opérateur Sharone Meir trouve en Blu-ray un écrin indispensable. La luminosité des scènes diurnes est superbe, les contrastes affichent une rare densité, les noirs sont d’une rare densité et le piqué aussi aiguisé que la lame d’un scalpel rend compte des multiples détails des visages, dont celui taillé à la serpe de J.K. Simmons et les quelques cicatrices qui zèbrent celui de Miles Teller. Le relief des textures y est chronique, les nombreuses séquences sombres, de clairs-obscurs et nocturnes demeurent aussi précises que les quelques scènes étincelantes tournées en plein jour. Du grand art.
Alors là, chapeau ! Montez le volume, car c’est du très grand spectacle ! Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement riches et même explosifs. Les frontales et les latérales rivalisent de dynamisme, les séquences musicales sont exsudées avec force, la spatialisation est démentielle et le caisson de basses participe joyeusement à ce spectacle. Chaque note de batterie, trompette, piano, résonne dans les tympans. Les dix dernières minutes vont vous scotcher à votre fauteuil ! On en redemande ! Notons toutefois que la version originale l’emporte largement sur son homologue du point de vue ardeur et homogénéité.
L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.
Crédits images : © Ad Vitam