Bas les masques (1952) : le test complet du Blu-ray

Deadline - U.S.A.

Réalisé par Richard Brooks (I)
Avec Humphrey Bogart, Ethel Barrymore et Kim Hunter

Édité par Rimini Editions

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Le 28/07/2015
Critique

Bas les masques

Ed Hutcheson, rédacteur en chef du Day, apprend que le journal qu’il dirige va être cédé au Standard. Toute l’équipe prend part à une veillée funèbre bien arrosée en mémoire du Day, que chacun sait condamné à disparaître. Lorsqu’un de ses journalistes est roué de coups par les hommes du gangster Thomas Rienzi, sur lequel il enquêtait, Hutcheson décide d’affronter avec son journal ce roi de la pègre, réputé intouchable.

Bas les masques, Deadline U.S.A.. Non, il ne s’agit pas de l’adaptation cinématographique de l’émission de Mireille Dumas, mais bel et bien d’un des plus grands et un des plus beaux films sur le monde de la presse. Réalisé en 1952 par Richard Brooks (1912-1992), dont il s’agit du troisième long métrage après Cas de conscience (1950) et Miracle à Tunis (1952), Bas les masques marque également la première collaboration entre le cinéaste et Humphrey Bogart qui allaient se retrouver un an plus tard pour Le Cirque infernal.

Ancien reporter sportif dans les années 1930-40, Richard Brooks connaît par coeur le monde de la presse, dont il nous montre ici tous les rouages jusqu’au boucan infernal des célèbres rotatives, et ce qui l’intéresse dans Bas les masques est la liberté d’expression à travers l’histoire d’un journal mis sur la sellette, ainsi que ses 1500 employés, par les filles de son propre fondateur, disparu depuis dix ans, mais dont l’héritage financier semble plus intéresser ses enfants plutôt que de poursuivre le rêve initié par leur paternel. Qu’à cela ne tienne, l’intègre rédacteur en chef Ed Hutchesson soutenu par la veuve de son ancien patron (Ethel Barrymore), tente de sauver l’honneur du journal, en essayant de le sauver du rachat par un canard merdeux ou dans le pire des cas à faire en sorte que son quotidien parte la tête haute en misant sur un scoop : réunir les preuves susceptibles de faire tomber un mafieux sur qui la justice ne semble avoir aucun poids.

Bas les masques

Ce rédacteur en chef déterminé et sensible est merveilleusement incarné par le mythique Humphrey Bogart, tout juste débarqué de L’Odyssée de l’African Queen de John Huston, qui trouve ici un de ses meilleurs rôles au cinéma. On peut même dire qu’il est extraordinaire dans la peau de ce boss humain et attaché à son quotidien, à ceux qui le font vivre et qui donnent tout leur temps pour tenir les gens informés. Malgré les pressions et les menaces, Hutcheson est bien décidé à faire éclater la vérité. Plusieurs intrigues s’entremêlent avec une fluidité exemplaire et grâce à un montage virtuose qui ne perd jamais les spectateurs. Les dialogues sonnent comme des coups de poing, la caméra de Brooks virevolte d’une pièce à l’autre du journal, tandis que quelques interludes dans la vie privée de Hutcheson - quand il souhaite renouer avec son ex-femme, brillamment incarnée par Kim Hunter - nous servent de soupapes pour respirer avant de replonger dans cette histoire réaliste mâtinée de polar et de mélodrame, avec quelques notes d’humour pour rendre l’ensemble et les personnages attachants.

Bas les masques est un chef d’oeuvre du genre, une référence du cinéma engagé (comme le sera De sang-froid en 1967, adapté de Truman Capote par Richard Brooks) qui n’a pas pris une seule ride, d’autant plus aujourd’hui où le monde de la presse écrite est en perdition. Pour l’anecdote, un certain James Dean fait une petite apparition muette dans le film dans le rôle d’un journaliste.

Bas les masques

Présentation - 5,0 / 5

Le Blu-ray de Bas les masques, édité chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire. La jaquette saura attirer les fans de Bogey et des classiques des années 1950. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Bonus - 4,5 / 5

Rimini Editions a mis les petits plats dans les grands pour la sortie de Bas les masques en Haute-Définition. Nous vous conseillons de visionner le film avant d’entamer les suppléments puisqu’ils contiennent de très nombreux spoilers.

On commence par une formidable présentation du film de Richard Brooks par le grand Patrick Brion (40’). L’historien du cinéma se souvient de sa rencontre avec Richard Brooks, un des trois cinéastes qui l’a le plus marqué dans sa vie de cinéphile, avec Vincente Minnelli et Joseph L. Mankiewicz, au point de lui consacrer un livre, le premier par ailleurs dédié au cinéaste, en 1986. Puis, Patrick Brion évoque bien entendu la carrière du réalisateur, qui avait démarré en tant que reporter sportif pour plusieurs journaux, pour ensuite bifurquer vers le monde du cinéma après avoir écrit trois romans. Il en vient donc à ses débuts en tant que scénariste (Les Tueurs, Key Largo), ses premiers pas derrière la caméra, ses films les plus célèbres (dont Bas les masques qui nous intéresse plus particulièrement ici) et les sujets abordés dans ses oeuvres.

On continue sur cette lancée avec un module rétrospectif sur la vie et la carrière du mythique Humphrey Bogart (35’) intitulé Bogart, le détective d’Hollywood. Proposé par les historiens du cinéma Christophe Champclaux et Linda Tahir-Meriau (qui présente également ici), ce documentaire se compose d’extraits et de bandes-annonces (le tout en vo non sous-titrée), mais aussi de photos et surtout de commentaires informatifs sur les collaborations qui ont compté pour Bogey, ainsi que sur ses plus grands rôles et ses partenaires. S’il demeure réservé aux néophytes - les fans n’apprendront pas grand-chose au final - ce supplément demeure agréable à regarder.

En exclusivité sur ce Blu-ray, nous trouvons également un autre bonus créé une fois de plus par Linda Tahir-Meriau et Christophe Champclaux (qui présente à son tour) sur les journalistes et la représentation du monde de la presse dans le cinéma américain (39’). Nous retrouvons la même structure que le supplément précédent, sauf que les propos sont ici plus pertinents, les analyses et anecdotes plus intéressantes et l’ensemble plus fluide.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce ainsi qu’une sorte de teaser pour la série L’Homme à la caméra (2’) interprétée par Charles Bronson durant deux saisons de 1958 à 1960.

Bas les masques

Image - 4,5 / 5

Difficile de faire mieux ! Fort d’un master au format 1.33 respecté et d’une compression solide comme un roc, ce Blu-ray au format 1080p en met souvent plein les yeux dès l’introduction avec une définition qui laisse souvent pantois. La restauration numérique HD se révèle étincelante. Les contrastes sont d’une densité impressionnante, les noirs profonds, les blancs lumineux et le grain original heureusement préservé, sans lissage excessif. En dehors d’une ou deux séquences peut-être moins définies, cela demeure franchement anecdotique car les séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes plus claires, le piqué est aussi tranchant qu’inédit, la stabilité de mise, les fondus enchaînés fluides, les détails étonnent par leur précision et la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Richard Brooks. On ne peut qu’applaudir devant la beauté de la copie !

Son - 4,0 / 5

Les version anglaise et française sont proposées en DTS-HD Master Audio Mono. Point de remixages superflus à l’horizon, l’écoute demeure fort appréciable en version originale (avec sous-titres français non imposés), avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. En revanche, la piste française sourde s’accompagne d’un souffle chronique, de chuintements et le volume tend à varier pendant une même séquence. Mais ce n’est pas une surprise puisqu’un carton en introduction indique la piste française n’a pas subi de restauration.

Bas les masques

Crédits images : © Rimini Éditions

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Franck Brissard
Le 5 août 2015
Bas les masques est un chef d’oeuvre du genre, une référence du cinéma engagé (comme le sera De sang-froid en 1967, adapté de Truman Capote par Richard Brooks) qui n’a pas pris une seule ride, d’autant plus aujourd’hui où le monde de la presse écrite est en perdition.

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