Réalisé par James Marsh
Avec
Eddie Redmayne, Felicity Jones et Tom Prior
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
1963, en Angleterre, Stephen, brillant étudiant en cosmologie à l’Université de Cambridge, entend bien donner une réponse simple et efficace au mystère de la création de l’univers. De nouveaux horizons s’ouvrent quand il tombe amoureux d’une étudiante en arts, Jane Wilde. Mais le jeune homme, alors dans la fleur de l’âge, se heurte à un diagnostic implacable : une dystrophie neuromusculaire plus connue sous le nom de maladie de Charcot va s’attaquer à ses membres, sa motricité, et son élocution, et finira par le tuer en l’espace de deux ans.
Grâce à l’amour indéfectible, le courage et la résolution de Jane, qu’il épouse contre toute attente, ils entament tous les deux un nouveau combat afin de repousser l’inéluctable. Jane l’encourage à terminer son doctorat, et alors qu’ils commencent une vie de famille, Stephen, doctorat en poche va s’attaquer aux recherches sur ce qu’il a de plus précieux : le temps.
Alors que son corps se dégrade, son cerveau fait reculer les frontières les plus éloignées de la physique. Ensemble, ils vont révolutionner le monde de la médecine et de la science, pour aller au-delà de ce qu’ils auraient pu imaginer : le vingt et unième siècle.
Stephen William Hawking, né à Oxford en 1942, est un des plus célèbres physiciens théoriciens et cosmologistes du monde. Professeur de mathématiques à l’université de Cambridge pendant près de 30 ans, il est célèbre pour ses contributions dans les domaines de la gravité quantique et plus particulièrement dans le cadre des trous noirs, si célèbres dans le monde de la littérature et le cinéma de science-fiction. Son best-seller publié en 1988, Une brève histoire du temps, demeure son ouvrage de vulgarisation scientifique le plus célèbre. Stephen Hawking souffre d’une dystrophie neuromusculaire attribuée à une sclérose latérale amyotrophique, plus communément appelée maladie de Charcot en France ou de Lou Gehrig de l’autre côté de l’Atlantique, qui le cloue sur un fauteuil roulant. Avec un tel CV dirons-nous, ce destin hors du commun ne pouvait qu’intéresser le monde du cinéma.
Avec Une merveilleuse histoire du temps, le réalisateur James Marsh, très remarqué pour ses documentaires Le Projet Nim et surtout Le Funambule (Oscar du meilleur documentaire en 2009), mais aussi dernièrement pour son formidable Shadow Dancer avec Clive Owen et Andrea Riseborough, adapte les mémoires de Jane Wilde, la première femme de Stephen Hawking, intitulées Travelling to Infinity : My Life with Stephen, publiées en 2008. D’où cet angle original de présenter un biopic sur une célébrité par le regard de celle qui a partagé sa vie, lui a donné trois enfants et s’est occupée de lui des bancs de l’université de Cambridge jusqu’à sa reconnaissance internationale. La vie et les travaux du physicien sont donc perçus sous l’angle de celle qui l’a accompagné, une excellente initiative puisque les spectateurs, comme Jane Wilde, sont incapables de comprendre les théories scientifiques abordées.
Après Benedict Cumberbatch, qui avait déjà interprété Stephen Hawking dans un téléfilm diffusé sur la chaîne BBC en 2004, c’est au tour du comédien britannique Eddie Redmayne, découvert dans la série Les Piliers de la terre adaptée de l’oeuvre de Ken Follett, puis au cinéma dans My Week with Marilyn, d’incarner le scientifique, de l’université en 1963 jusqu’à l’âge de 40 ans, à divers stades de sa carrière, de sa vie privée et de sa maladie.
Si l’on pense évidemment à My Left Foot de Jim Sheridan, qui a sûrement influencé James Marsh, ou même à la prestation tout aussi saisissante de John Hawkes dans The Sessions et celle de Mathieu Amalric dans Le Scaphandre et le papillon, Une merveilleuse histoire du temps ne prend pas trop de risques et respecte trop souvent le cahier des charges du bon biopic qui se respecte, en mettant bien en valeur la performance physique de ses formidables comédiens, tout en enchaînant les moments incontournables - la rencontre, le coup de foudre, l’osmose, la lutte contre la maladie, la vie de famille, les premières théories, la reconnaissance, le divorce - de cette femme et de cet homme, comme des perles sur un collier. A l’instar d’ Imitation Game, sorti simultanément, Une merveilleuse histoire du temps voit sa mise en scène très classique transcendée par le jeu des acteurs, Eddie Redmayne donc, incroyable dans le rôle de Stephen Hawking d’autant plus qu’il lui ressemble physiquement, mais aussi et surtout Felicity Jones (vue dans Chéri de Stephen Frears et Oh My God ! de Tanya Wexler) qui tire réellement son épingle du jeu. Magnifique, une sensibilité à fleur de peau, son jeu donne le frisson du début à la fin avec cette impression de voir émerger une future grande actrice exploser à l’écran. N’oublions pas Charlie Cox (le Matt Murdock de la série Daredevil), Emily Watson, David Thewlis et même notre champion du Monde Frank Leboeuf dans un petit rôle.
Une merveilleuse histoire du temps aura attiré un peu plus de 200.000 spectateurs en France. Alors qu’il se trouvait en compétition avec son ami (et ancien Stephan Hawking pour la télévision) Benedict Cumberbatch pour son incroyable incarnation d’Alan Turing dans Imitation Game, c’est finalement Eddie Redmayne, tout juste récompensé par le Golden Globe et le Screen Actors Guild Award du meilleur acteur dans un film dramatique, qui a remporté l’Oscar du Meilleur Acteur en 2015.
Le Blu-ray d’Une merveilleuse histoire du temps, édité chez Universal, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette diffère de l’affiche française du film, que l’on préférait. Le menu principal n’est guère recherché, fixe et musical.
Cette section s’ouvre sur un commentaire audio du réalisateur James Marsh, disponible en version originale sous-titrée en français. Si les propos demeurent soutenus, l’intérêt est beaucoup plus relatif. En effet, le cinéaste partage son temps entre paraphraser ce qui se déroule à l’écran et le passage de pommade pour toute son équipe, en particulier ses comédiens et son directeur de la photographie Benoît Delhomme. On en apprend un petit peu sur la préparation physique d’Eddie Redmayne et les quelques improvisations des acteurs, mais honnêtement nous n’en retenons pas grand-chose, même si James Marsh est un bon compagnon de route pendant deux heures.
Ne manquez pas les scènes coupées (11’) également disponibles avec le commentaire de James Marsh. Principalement écartées du montage final pour des raisons de redondance, ces séquences sont très plaisantes, notamment celle de l’arrivée inattendue de Stephen pendant une messe, devant le regard étonné-amusé de Jane. D’autres scènes prolongeaient le quotidien difficile de cette dernière, mais aussi celle de la première rencontre entre Jane et Jonathan, ainsi que celle de la rencontre avec la Reine.
Pour terminer, nous trouvons un petit making of de 7 minutes. Classique, rapide, mais suffisamment informatif, ce documentaire se compose d’interviews de l’équipe et fait découvrir l’envers du décor, avec notamment la préparation et l’implication constante des comédiens, ainsi que la venue sur le plateau des véritables Stephen Hawking et Jane Wilde.
Universal signe un sans-faute avec ce master HD immaculé d’Une merveilleuse histoire du temps. Tout d’abord, c’est la clarté et le relief des séquences diurnes qui impressionnent et flattent la rétine. Les couleurs - avec parfois l’usage de filtres - sont chatoyantes, le piqué vigoureusement acéré, les détails abondent aux quatre coins du cadre large, restituant admirablement les partis pris de la photo signée Benoît Delhomme (Cyclo, Un air de famille, Des hommes sans loi) et les contrastes affichent une densité remarquable. Ajoutez à cela une profondeur de champ fort appréciable, des ambiances tamisées séduisantes et des teintes irrésistibles et vous obtenez le nec plus ultra de la HD. Un transfert très élégant mais rien de très étonnant quand on sait qu’Une merveilleuse histoire du temps a été tourné avec la caméra numérique Arri Alexa Plus. Les quelques séquences de films de famille ont quant à elles été tournées en 16mm, d’où un grain évidemment plus appuyé.
Même si le mixage français DTS 5.1 est évidemment en retrait par rapport à la version originale DTS-HD Master Audio 5.1, les deux pistes créent un confort acoustique totalement immersif et dynamique, à l’instar du superbe score signé Jóhann Jóhannsson (Prisoners), ardemment délivré par l’ensemble des enceintes dès le générique en ouverture. Les dialogues sont exsudés avec fracas sur la centrale, les effets frontaux sont ardents et les latérales distillent leur lot d’effets naturels et saisissants. Toutefois, évitez la version française. N’oublions pas le caisson de basses qui intervient à bon escient.
Crédits images : © Universal Pictures