Réalisé par Morten Tyldum
Avec
Benedict Cumberbatch, Keira Knightley et Matthew Goode
Édité par Studiocanal
1940. Alan Turing, mathématicien, est chargé par le gouvernement britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable. Avec une équipe atypique de savants, linguistes, champions d’échecs et agents du renseignement, Turing va contribuer à changer le cours de la Seconde Guerre Mondiale et de l’Histoire…
C’est au norvégien Morten Tyldum (HeadHunters), à qui la mise en scène d’Imitation Game a été confiée. Il s’agit de l’histoire du jeune cryptanalyste britannique Alan Turing (1912-1954), tirée de la biographie Alan Turing ou l’énigme de l’intelligence (Alan Turing : The Enigma) d’Andrew Hodges. Si le film rentre dans les codes balisés pour ne pas dire franchement académiques du biopic, Imitation Game vaut surtout pour son brillant casting, porté par l’un des plus grands acteurs du cinéma contemporain, Benedict Cumberbatch, solidement épaulé par Keira Knightley, une actrice de plus en plus intéressante, Matthew Goode et Charles Dance.
À l’instar du Le Discours d’un roi, oeuvre proprette transcendée par la performance de Colin Firth, le film de Morten Tyldum est sublimé par la performance intense, bouleversante et remarquable de son comédien principal. Imitation Game s’attarde sur cette partie de la vie d’Alan Turing, durant laquelle ses recherches sur la cryptographie lui ont permis de créer une machine (comme qui dirait le premier ordinateur) capable de déchiffrer plusieurs messages ennemis ce qui, selon plusieurs historiens, aurait accéléré la chute du nazisme et donc la fin de Seconde Guerre mondiale. Le film s’attache ensuite aux persécutions endurées par ce génie asocial pour son homosexualité, considérée à l’époque comme étant « une maladie mentale », quand après-guerre il fut condamné à la castration chimique et cloîtré seul chez lui. Evénement qui le plongera dans une foudroyante dépression, qui le conduira au suicide.
Tendu comme un vrai thriller historique, le sujet est passionnant, les personnages bien dépeints, l’émotion au rendez-vous. Du point de vue technique, la photo élégante et stylisée du chef opérateur espagnol Oscar Faura (L’Orphelinat, The Impossible) demeure très plaisante et s’accorde parfaitement au ton du film, mélangeant habilement les ambiances feutrées de l’antre de Bletchley Park et les teintes plus froides hors du cocon créatif d’Alan. Il en est de même pour la partition de l’incontournable Alexandre Desplat qui reste en tête bien longtemps après. Gracié et réhabilité par la Reine Elisabeth II en 2013, Alan Turing, héros de l’ombre, renaît à travers ce très beau film, un hommage nécessaire, un devoir de mémoire.
Le test du Blu-ray d’Imitation Game, édité chez Studiocanal, a été réalisé sur un check-disc. Le visuel de la jaquette semble reprendre celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est élégant, animé et musical.
La pièce centrale de cette section est le making of (23’) traditionnel, composé d’interviews de l’équipe du film (comédiens, réalisateur, producteurs, compositeur) et d’images de tournage. Entièrement promotionnel, ne vous attendez pas à quelque chose d’original avec ce module, mais chacun remplit bien sa mission et vend le film de manière intelligente, sans trop en faire, en racontant principalement l’histoire et en présentant les personnages.
S’ensuivent deux intéressantes séquences coupées au montage (4’) dont une fin alternative qui montre la découverte du corps d’Alan Tuning et de la pomme empoisonnée au cyanure sur la table de chevet.
Trois petites featurettes de deux minutes sont également au programme, mais ne font que reprendre principalement ce qui a déjà été vu ou entendu dans le making of.
Studiocanal frôle la perfection avec ce master HD d’Imitation Game. Ce Blu-ray subjugue avec la restitution de la très belle photographie du chef opérateur espagnol Oscar Faura (L’Orphelinat, The Impossible, Les Yeux de Julia). Le piqué n’est jamais pris en défaut, les contrastes sont merveilleux, la profondeur de champ appréciable et la colorimétrie élégante. Le seul bémol provient de cerrtaines séquences sombres et tamisées. La définition flanche quelque peu, les détails sont moins conséquents et la gestion des noirs est un poil plus déséquilibrée. Cela n’empêche pas que l’apport HD demeure probant et indispensable.
Imitation Game n’est pas vraiment le film avec lequel vous pourrez épater la galerie et faire une démonstration de gros son. Les versions française et anglaise sont certes proposées en DTS HD Master Audio 5.1, mais les latérales ne servent réellement qu’à instaurer quelques ambiances naturelles et à spatialiser la musique du compositeur français Alexandre Desplat.
L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.
Crédits images : © SquareOne Entertainment
Bande-annonce de Imitation Game :