Réalisé par Abderrahmane Sissako
Avec
Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki et Abel Jafri
Édité par France.TV Distribution
Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes
religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les
dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan,
son petit berger âgé de 12 ans.
En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de
terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini
la musique et les rires, les cigarettes et même le football…
Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister
avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour
leurs sentences absurdes et tragiques.
Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de
Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue
accidentellement Amadou le pêcheur qui s’en est pris à GPS, sa
vache préférée.
Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants
venus d’ailleurs…
C’est l’événement de la Cérémonie des César 2015. 7 compressions sont venues récompenser Timbuktu, le cinquième film réalisé par le mauritanien Abderrahmane Sissako (Bamako), devenu le premier cinéaste africain à obtenir le César du meilleur réalisateur. Reparti bredouille du Festival de Cannes en 2014, Timbuktu a pour point de départ un fait divers survenu en juillet 2012, un jeune couple non marié lapidé par des islamistes dans une région au Nord du Mali, en place publique, devant des centaines des témoins. Un drame qui n’a connu aucun relais dans les médias. Devant cette banalisation de la violence et cette triste réalité, Abderrahmane Sissako pense d’abord réaliser un documentaire sur les djihadistes dans son pays. Il pense même montrer une scène de lapidation réalisée en animation. Mais très vite le cinéaste en revient à la fiction. Timbuktu, tourné près de la frontière malienne dans un village hautement sécurisé par l’armée mauritanienne après un attentat-suicide survenu sur la place principale de Tombouctou, montre cette violence, cette tension, avec calme, l’horreur et la folie des hommes sous un ciel magnifique, serein et lumineux.
Formidablement interprété par des comédiens amateurs (Toulou Kiki, Ibrahim Ahmed, formidables) et professionnels, enfants et adultes avec autant d’histoires et de destins qui s’entrecroisent, Timbuktu est forcément une oeuvre qui interpelle. Les personnages n’ont pas besoin d’être dépeints sous toutes les coutures pour être d’emblée attachants, comme Zabou, la seule femme qui marche sans se couvrir la tête, qui peut également chanter, danser, fumer et insulter les djihadistes, puisqu’elle a perdu la raison. Etre folle permet de survivre.
Poème africain solaire, souvent incandescent avec ces paysages extraordinaires superbement photographiés par le chef opérateur Sofian El Fani (La Vie d’Adèle), Timbuktu est une oeuvre sensible, un acte artistique qui s’élève face à l’extrémisme religieux qui n’a de cesse de s’étendre. Abderrahmane Sissako use même d’un humour inattendu pour mettre en relief, non pas l’absurdité des événements qui ne prêtent évidemment pas à rire, mais pour montrer que les djihadistes sont avant tout des hommes, aucunement élevés par leur « mission », maladroits même dans la mise en place de leur terreur, à l’instar de ce djihadiste qui peine à trouver de nouvelles interdictions à hurler dans son mégaphone.
Entre naïveté et fascination, avec pudeur, liberté et lyrisme, Timbuktu s’inscrit dans les mémoires. Pour ne pas oublier.
Le test du Blu-ray de Timbuktu, édité par France Télévisions Distribution, a été réalisé sur un check-disc. L’incontournable menu principal, animé et musical, typique de l’éditeur accueille le spectateur. Simple, efficace mais peu recherché, surtout que l’éditeur ne propose plus de chapitrage… Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.
Le gros morceau de cette section repose sur la conférence de presse de l’équipe du film, réalisée lors de la présentation de Timbuktu au Festival de Cannes en 2014. Pendant 50 minutes, le réalisateur, accompagné de ses comédiens et de la productrice Sylvie Pialat, reviennent sur la genèse du film, le casting, l’évolution du scénario, les partis pris, les conditions de tournage, les thèmes, tout en répondant aux questions des journalistes. Un très beau et intéressant moment.
L’interview de l’équipe du film (15’), également réalisée à Cannes, s’avère évidemment redondant après l’écoute de la conférence de presse.
L’interactivité se clôt sur un clip vidéo (3’) et la bande-annonce du film.
Après son triomphe aux Césars et plus d’un million d’entrées dans les salles, FTD prend soin de Timbuktu pour son arrivée dans les salons et en Haute Définition. Un master HD quasi-irréprochable au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques originales, la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes chaudes, ambrées et dorées comme le sable, avec le bleu azur du ciel, le tout étant soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, seuls les arrière-plans auraient pu être un peu plus détaillés, surtout sur les plans d’ensemble qu’affectionnent tout particulièrement Abderrahmane Sissako. Les gros plans sont ciselés à souhait, la colorimétrie est joliment laquée, le relief très présent. Un service après-vente remarquable et élégant.
La très belle musique composée par Amine Bouhafa est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les voix des comédiens s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales, la balance gauche-droite est dynamique, même si le caisson de basses reste souvent au point mort.
L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.
Crédits images : © Le Pacte