Windjammer : La grande rencontre (1958) : le test complet du Blu-ray

Windjammer: The Voyage of the Christian Radich

Réalisé par Bill Colleran
Avec Bjorn Amvik, Arne Andersen et Per Antonsen

Édité par Bel Air Classiques

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Le 02/07/2015
Critique

Photo Windjammer

En 1957, à la fin de l’hiver, le navire école norvégien Christian Radich, un trois-mâts carré, appareille d’Oslo pour aller croiser le long de la côte est des USA. À bord, en plus de l’équipage, 45 jeunes de 14 à 21 ans (boys only!). Après une escale à Madeire, les alizés poussent le navire jusqu’à Porto Rico. Il relâche ensuite à Curaçao, à La Trinidad, à New York et à Philadelphie…

Coréalisé par Louis De Rochemont III (qui en restera-là pour la réalisation), Windjammer : La grande rencontre a toutes les allures d’un film publicitaire touristique, hormis sa longueur (142 minutes !). Les images, cadrées sans grande recherche, sont convenues : la descente de traîneaux glissant sur les pavés des rues pentues de Funchal, les danses folkloriques à Curaçao, les steelbands à La Trinidad. Seule surprise : voir et entendre Pablo Casals et son violoncelle. En prime, un très long intermède consacré à la US Navy qui fait défiler à une ou deux encablures du Christian Radich des bâtiments de toutes sortes : croiseurs, destroyers, un lance-missiles, un sous-marin et un porte-avions, probablement l’orgueil de sa flotte !

Bref (est-ce le mot qui convient ?), on n’est pas mécontent de reposer son sac à terre lorsque le voilier se remet à quai dans le port d’Oslo.

Le commentaire est à l’avenant, avec un usage laxiste du mot  » tempête  » pour désigner ce qu’un vieux loup de mer appellerait plus justement  » grand frais  » ou  » coup de vent « , à l’extrême. Autre détail gênant : les jeunes Norvégiens s’expriment tous en anglais, avec un accent américain appuyé, dans leurs conversations et dans leurs chants de marins !

Mais, si on allait voir Windjammer : La grande rencontre, c’était surtout pour se sentir tout petit devant les dimensions superlatives de l’écran du Cinerama qui vous enveloppait dans sa rondeur et pour être assailli par un son qui semblait venir de tous azimuts. C’est vrai, après tout, que sans cela, le segment des montagnes russes de This Is Cinerama n’aurait laissé aucune trace dans les histoires du Septième Art.

Deux salles parisiennes étaient spécialement équipées : Le Gaumont Palace, place Clichy, fermé en 1973, et L’Empire, avenue de Wagram, qui allait être reconverti en plateau de télévision, à partir de 1975, avant d’être détruit par une explosion accidentelle en 2005.

Les films en Cinerama étaient tournés par trois cameras 35 mm et montrés en salles par trois projecteurs sur un écran large et courbe aux proportions allant jusqu’à s’approcher de 3:1 et un son multicanal (7 pistes pour Windjammer : La grande rencontre). Le premier des huit films jamais tournés, This Is Cinerama, fut projeté le 30 septembre 1952 au Broadway Theater de New York. Les deux derniers films furent Ben Hur (1959) et Un Monde fou fou fou fou (1963). Abel Gance avait  » largement  » ouvert la voie dès 1927 avec trois projecteurs synchronisés pour la distribution dans les salles équipées de son Napoléon sur un écran de… 4:1 !

Photo Windjammer

Mais, hélas, votre écran de télé ou de home cinéma, si grand soit-il, ne pourra jamais, même en rêve, restituer les conditions de projection du Cinerama. L’image que nous propose cette édition de Windjammer : La grande rencontre, dans un format baptisé Curved screen Smilebox simulation, est rognée au format 1.85:1, avec un évidement courbe en haut et en bas du cadre et, pour simuler la courbure de l’écran, un généreux étirement en hauteur des bords gauche et droit. Pour couronner le tout, la séparation des trois images crée deux bandes verticales très visibles.

Cette édition de Windjammer : La grande rencontre souffre mal, sur le seul plan technique, la comparaison avec le Blu-ray de l’édition Warner de La Conquête de l’Ouest, qui proposait, après effacement des marques de séparation, deux présentations, celle en Smilebox, à éviter aussi, et, sur un deuxième disque, celle, rectangulaire, aux proportions originales de 2.89:1, parfaitement restaurée.

Seule une restauration technique de pointe aurait sauvé Windjammer : La grande rencontre du naufrage…

Le film contient cependant un moment particulièrement émouvant, celui où le Christian Radich croise la route du navire école allemand, le quatre-mâts barque Pamir, pour son tout dernier voyage. Il allait en effet sombrer peu après aux Açores : sa cargaison, mal arrimée, l’a empêché de résister à un ouragan. Lourd bilan : 6 rescapés, 80 disparus, dont 50 cadets.

Photo Windjammer

Édition - 4,5 / 10

Proposé dans le boîtier bleu standard, le disque s’ouvre sur un menu fixe et musical avec une interactivité limitée au choix entre deux formats audio : DTS-HS Master Audio 5.1 ou Dolby Digital 2.0 et l’affichage optionnel de sous-titres français sur la version originale en anglais, seule disponible.

Aucun bonus, à l’exception d’un livret de 8 pages. Une page présente le périple du Christian Radich. Trois autres résument, plutôt clairement, les procédés de prise de vue et de projection en Cinerama, rebaptisé  » Cinémiracle  » pour la sortie de Windjammer : La grande rencontre.

Pour l’image, nous renvoyons aux critiques déjà formulées à l’encontre du recadrage Smilebox et aux bandes verticales de séparation des trois pellicules. Si l’image a manifestement été débarrassée des taches et griffures et assez bien stabilisée, elle souffre, en revanche, d’une résolution insuffisante, de couleurs un peu passées (en particulier les rouges qui tournent souvent au bistre) et mal ré-étalonnées (les visages passent du rouge brique au fromage blanc). Les blancs, lumineux, perdent souvent tout relief. Les noirs, assez denses au centre, plus poreux sur les côtés, se bouchent facilement dans les scènes sombres.

Le format DTS-HD Master Audio 5.1 pouvait laisser espérer un rappel du spectaculaire sept pistes d’antan. Espoir déçu : l’image sonore est concentrée sur les voies frontales, les enceintes latérales n’étant que timidement sollicitées par les bruits d’ambiance les plus forts et par la musique. Pas facile de distinguer cette version de l’autre, au format Dolby Digital 2.0. Un souffle se fait entendre à un niveau variable.

Photo Windjammer

Crédits images : © Bel-Air

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
4,5 / 10
Avis

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Philippe Gautreau
Le 11 juin 2015
Seule un projection en Cinerama aurait pu sauver du naufrage ce terne documentaire sur la croisière d’un navire-école danois. Hélas, la simulation « Smilebox » peine à recréer l’illusion…

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