Réalisé par Neill Blomkamp
Avec
Sharlto Copley, Dev Patel et Sigourney Weaver
Édité par Sony Pictures
Dans un futur proche, la population, opprimée par une police entièrement robotisée, commence à se rebeller. Chappie, l’un de ces droïdes policiers, est kidnappé. Reprogrammé, il devient le premier robot capable de penser et ressentir par lui-même. Mais des forces puissantes, destructrices, considèrent Chappie comme un danger pour l’humanité et l’ordre établi. Elles vont tout faire pour maintenir le statu quo et s’assurer qu’il soit le premier, et le dernier, de son espèce.
CHAPEAU CHAPPIE
Avec Chappie, Neill Blomkamp affirme clôturer ce qu’il considère comme une trilogie urbaine visitant, au travers de la science-fiction, les thèmes de la différence et de l’exclusion. Après le ghetto alien de District 9 et la fracture spatio-sociale de Elysium, c’est par le biais de l’intelligence artificielle ou plutôt de l’émergence de la conscience autonome, qu’il termine ce cycle.
Ce thème ô combien abordé au cinéma (je ne vais pas me lancer ici dans une énumération des classiques du genre), trouve ici un nouvel élan dans le sens où c’est une machine (essentiellement des images de synthèse dans le film) qui accueille cette conscience et non un acteur qui joue les robots. Mais dès les premiers instants de « vie » de Chappie, l’identification tourne à plein régime et même sans support « humain », la compassion et l’inquiétude pour ce personnage aussi enfantin que puissant, sont palpables.
Il faut dire que Blomkamp, surentraîné par ses deux précédents longs métrages, maîtrise à merveille son environnement et sa ville natale de Johannesburg pour en faire un terrain de jeu qui ancre tout de suite son récit dans un réalisme très immersif. Ajoutés à cela les images de synthèse parfaitement maîtrisées, les effets spéciaux de plateau impressionnant et une interprétation extrêmement touchante de Sharlto Copley dans le rôle de Chappie (voix et capture de mouvements), et la sauce prend instantanément. Cette vérité presque documentaire permet même d’excuser ici et là quelques raccourcis un peu violents, surtout lorsqu’il s’agit de faire glisser le thème de l’intelligence artificielle vers celui du transfert de conscience et par là même vers celui de l’immortalité… Chappie passe ainsi d’un « pourquoi m’as-tu créé pour que je meure ? » à un enthousiasme emportant tout sur son passage.
Saluons au passage la bonne idée de placer Hugh Jackman dans la peau d’un ingénieur arriviste, coléreux, sans scrupules et à la coupe de cheveux improbable. Le talent de l’acteur australien étant tout aussi appréciable dans un rôle de « bad guy ».
Après 3 films remarqués et remarquables à plus d’un titre, il va sans dire que Neill Blomkamp va être très attendu au tournant de son projet de film pour la saga Alien prévu pour 2017…
Chappie vous accueille dans un boîtier Blu-ray classique de couleur noire glissé dans un surétui carton. Le code pour la copie digitale vous attend sur le leaflet inséré dans le boîtier. Les menus sont fixes, sonorisés et habillés d’une navigation simple au look électronique.
Près d’1h30 de bonus sont présents sur ce Blu-ray.
Une fin alternative propose une conclusion où les robots, dotés de la même conscience de départ (celle de Chappie), s’auto-répliquent et prennent peu à peu le contrôle des systèmes informatiques de la planète. De quoi lancer un autre film ou même une série. Mais la fin retenue dans le film est plus modeste et plus axée sur le sentiment.
La scène version longue est celle de l’affrontement direct entre Chappie et le personnage interprété par Hugh Jackman. Elle ne gagne que quelques secondes et quelques images pour un résultat un poil plus gore que la version finalement retenue.
Le gros morceau (le tournage) de cette section bonus est en fait malheureusement découpé en featurettes, comme c’est désormais la mode. Plutôt que d’avoir un seul making of posé et cohérent, les divers aspects de la production du film sont ici abordés au travers de 8 modules enrichis aux images du film. On retient tout de même celui sur le tournage dans la ville de Johannesburg, dont la tour Ponte (vue notament dans Dredd) et la maison d’enfance du réalisateur squattée depuis. Ceux concernant les effets spéciaux (images de synthèse et plateau) valent également le détour comme celui sur le design des armes et des deux robots du film dont le « Moose » qui rappelle furieusement le ED-209 de Robocop.
Les coulisses se terminent par 7 galeries photos très généreuses des diverses recherches pour le film, esquisses, storyboards et autres affiches.
Tourné essentiellement en numérique, Chappie est marqué par une image propre, contrastée et à la palette de couleurs assez vive dès qu’il s’agit de pénétrer dans l’univers des gangsters. Que ce soit dans ces environnements parfois flashy ou dans la ville sale, la définition de l’encodage AVC n’en perd pas une miette et participe indéniablement à l’immersion dans le spectacle.
Grosse différence de mixage entre la VF DTS-HD Master Audio 5.1 et la VOST DTS-HD Master Audio 7.1 ! Là où la VOST est très équilibrée, très immersive et très profonde, la VF devient très frontale et brutale. Le doublage n’arrange rien et efface presque totalement l’interprétation « gangsta » de Chappie et le laisse avec une voix gentillette qui casse de nombreux effets dramatiques.
Crédits images : © Sony Pictures Entertainment / Columbia Pictures / Media Rights Capital