Réalisé par Ryan Gosling
Avec
Christina Hendricks, Iain De Caestecker et Saoirse Ronan
Édité par Wild Side Video
Dans une ville baptisée Lost River, Billy, mère célibataire de deux enfants, est acculée par les dettes. Luttant pour conserver sa maison, elle est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde macabre et pervers. Pendant ce temps, Bones, son fils aîné, fait la découverte d’une route menant à une ville engloutie par la rivière. Pour sauver leur famille, Billy et son fils vont devoir vaincre leurs démons…
LOST REASON
Ryan Gosling, acteur remarquable et remarqué dans Les Marches du pouvoir ou Drive, passe derrière la caméra et accouche sans douleur d’un premier long métrage fantasmagorique au possible.
Presque hors du temps, Gosling puise dans ses souvenirs d’enfance, de spectateur et d’acteur pour cette participation à un certain cinéma hors circuit et cet hommage à la ville de Detroit, véritable hoquet du rêve américain.
Très loin des blockbusters et autres cinémas convenus, Lost River fait partie de ces films hybrides, entre réalité criante (voire dérangeante) et poésie pure, teintés d’une violence graphique toute viscérale. Au bord de cette rivière perdue, les pieds s’enfoncent dans un enfer poisseux où la raison s’effondre et l’instinct de survie se réveille sous différentes manifestations : folie, désespoir, dépravation… C’est à se demander au bout de quelques minutes ce qui pousse ces personnages à rester dans ce bourbier émotionnel.
On pourra citer bon nombre de sources d’inspirations et de clins d’oeil à peine déguisés dans la réalisation de Ryan Gosling, mais c’est sans aucun doute le parfum de David Lynch qui plane comme une brume sur ce fleuve pas tranquille, jusque dans les flammes des maisons (force purifiante et dévastatrice) qui font écho à la brûlante imagerie d’un Sailor & Lula.
Mention très très spéciale aux deux acteurs masculins principaux : Iain De Caestecker surprenant de maturité et d’intensité à côté de son rôle de savant-geek dans Marvel : Les agents du S.H.I.E.L.D. - Saison 1 et Matt Smith, flippant à souhait et bien loin là aussi de son rôle du Doctor.
Une réunion de talents accompagnée non moins sans talent par les flots musicaux de Johnny Jewel, tous à surveiller de très très près…
Sorti en combo Blu-ray/DVD, nous avons testé ce titre à partir d’un check-disc. Comme toujours chez Wild Side, le soin éditorial est au rendez-vous avec notamment des menus entièrement conçus autour de l’ambiance du film.
Si l’on peut se sentir un peu déçu par la partie bonus dans laquelle Ryan Gosling ne montre pas le bout de son nez, il faut saluer l’effort français (l’édition US ne propose RIEN) d’être aller interviewer Benoît Debie (chef op. de Gaspard Noé sur Irréversible ou Enter the Void et aussi sur Spring Breakers) qui officie sur Lost River ; et l’acteur français Reda Kateb (Zero Dark Thirty et Un prophète). C’est l’occasion d’en savoir un peu plus sur le processus créatif et d’apprendre à quel point le tournage fut organique, instinctif et parfois imprégné d’improvisations.
Filmée à la fois en 35mm et en numérique (caméra RED), la photographie de Lost River signée Benoît Debie donne au film une ambiance poisseuse et irrespirable par moment. Une angoisse fidèlement retransmise par un master et un encodage sans histoire.
Nappes de musique, effets sonores à la spatialisation surréaliste, basses hyper profondes, dialogues nets… la VOST DTS-HD Master Audio 5.1 est un vrai bijou sonore à l’équilibre aussi parfait que fragile. On ne peut malheureusement pas en dire autant du mixage VF, lui aussi en DTS-HD MA 5.1, qui pousse les potentiomètres à fond, fait gueuler les enceintes et fait disparaître une bonne partie de la magie noire du film par des doublages trops secs.
Crédits images : © Bold Films, Marc Platt Productions, Phantasma