Réalisé par Walter Hill
Avec
Ryan O'Neal, Bruce Dern et Isabelle Adjani
Édité par L'Atelier d'Images
À Los Angeles, un solitaire surnommé » le chauffeur » s’est spécialisé dans l’art de semer la police après des braquages. Il a été longuement dévisagé par une jeune femme, » la joueuse « , lorsqu’il attendait des braqueurs d’une maison de jeu. Mais elle jurera à la police ne l’avoir jamais vu. Un policier, » le détective « , tend un piège au chauffeur en montant le faux casse d’une banque.
Walter Hill, réalisateur, scénariste et producteur, achève en 1978 Driver, son deuxième film après Le Bagarreur (Hard Times, 1975, avec Charles Bronson). Les premières réalisations de Walter Hill sont résolument tournées vers l’action : Les Guerriers de la nuit (1979), l’angoissant Sans retour (Southern Comfort, 1981), Streets of Fire (Les rues de feu) (1984) (que nous avons testé en Blu-ray)… Mais il touchera aussi à d’autres genres, le western, le drame et, avec moins de bonheur, à la comédie.
Driver est un pur film d’action. Les dialogues sont limités à l’essentiel et les trois personnages, le chauffeur, le détective et la joueuse, sont tout juste esquissés : on ne sait rien d’eux, ni de leur passé, ni même de leur psychologie. Le récit est épuré, réduit à un jeu du chat et de la souris entre le détective et le chauffeur. Le troisième personnage, la joueuse, est en arrière-plan.
On retient surtout de Driver ses deux poursuites d’anthologie, au niveau de celle de Bullitt avec Steve McQueen au volant de sa Ford Mustang. La première poursuite, au début du film, dure six minutes. Et l’autre, d’une douzaine de minutes, à la fin, se dénoue dans un entrepôt en une sorte de duel. Entre ces deux poursuites, le chauffeur offre une démonstration de son talent à des clients potentiels dubitatifs. Offre coûteuse qui réduit une Mercedes flambant neuve à l’état d’épave en 120 secondes chrono !
Le scénario, délibérément squelettique, ne laisse aucune place au superflu : toute histoire d’amour entre le chauffeur et la joueuse est radicalement bannie. Ce parti pris d’extrême dénuement fait l’originalité et la force quasi-hypnotique du film. Le Samouraï de Jean-Pierre Melville (1967) aurait-il inspiré Walter Hill ?
Sur la toile de fond d’un Los Angeles nocturne, trois acteurs défilent sur l’écran. Le chauffeur, c’est Ryan O’Neal, aux sommets du box-office depuis Love Story (1970) et sa remarquable prestation dans le rôle-titre du Barry Lyndon de Stanley Kubrick en 1975. Le détective, c’est l’inusable Bruce Dern, 150 rôles pour grand et petit écran avec la participation à une quarantaine de séries, dont Big Love. Et la joueuse, c’est Isabelle Adjani, impassible, glaciale, ici dans son rôle le plus sobre, à cent lieues de l’interprétation paroxystique d’Anna, trois ans plus tard, dans le Possession d’Andrzej Zulawski qui lui valut le prix d’interprétation à Cannes.
Saluons l’initiative de Showshank Films d’éditer Driver, un insolite polar encore inédit en vidéo en France. Le disque (BD-50) est présenté dans un boîtier Blu-ray traditionnel avec un fourreau cartonné à la lisière noire. Le menu animé et musical propose le choix entre la version originale, avec sous-titres optionnels, et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.
En supplément, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Cascades de nuit (10’) montre le tournage de cascades, principalement celle de la » démo clients » dont nous avons parlé plus haut. On nous dit que les cascades demandent un temps de préparation plus long pour des scènes de nuit. Suit un début alternatif (3’) qui ne se situe pas précisément au début du film. Une séquence très banale qui méritait d’être écartée. Pour finir, une bande-annonce.
L’image (1.85:1, 1080p, AVC), miraculeusement nettoyée sans altération de la texture, est fortement contrastée, avec des couleurs saturées et des noirs très denses. La dominance du noir, probablement un choix esthétique, conduit à une perte des détails dans certaines scènes d’intérieur en basse lumière.
Le son (DTS-HD Master Audio 1.0), très propre lui aussi, ne fait pas son âge. Il restitue avec une forte présence, sans distorsion et sur un large spectre, les bruits d’ambiance : circulation automobile, hurlement des sirènes, crissement des pneus, chocs des carrosseries et met en valeur la musique avant-gardiste de Michael Small (A cause d’un assassinat ou The Parallax View, de Alan J. Pakula, 1974). Seul petit bémol : quelques dialogues de la version originale sont occasionnellement étouffés.
Crédits images : © Showshank Films