Trepalium (2015) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Vincent Lannoo
Avec Léonie Simaga, Pierre Deladonchamps et Ronit Elkabetz

Édité par ARTE ÉDITIONS

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Le 19/02/2016
Critique

Trepalium - Saison 1

Dans un futur indéterminé, le taux de chômage a atteint 80%. Un mur haut de 40 mètres sépare la population : d’un côté, les « actifs » habitent la Ville, de l’autre côté, les « inactifs », relégués dans la « Zone » dans un grand besoin de nourriture et d’eau potable. L’eau y est polluée et les zonards sont dépendants du parcimonieux approvisionnement en eau par Aquaville, une compagnie prospère. La situation financière de la Ville s’est détériorée et les tensions avec la zone menacent un équilibre précaire. C’est pourquoi la Banque internationale subordonne son aide à une meilleure cohabitation entre les deux communautés. En réponse, le gouvernement annonce la création de 10 000 emplois solidaires réservés aux zonards.

Trepalium est une minisérie créée par Antarès Bassis et Sophie Hiet et réalisée par le Belge Vincent Lannoo, après six longs métrages dont Vampires (2009), une comédie horrifique récompensée à la Semaine du cinéma fantastique de Málaga.

Trepalium, c’était, dans la Rome antique, un assemblage de trois madriers auquel on attachait les esclaves pour leur infliger un châtiment ; c’est la racine de « travail » qui désigne aussi un cadre en bois destiné à contenir les mouvements d’un cheval pendant qu’on lui prodigue des soins.

Loin d’être vu comme un supplice dans la série, le travail est un bienfait. En des temps difficiles où l’on évoque l’heureux passé où le taux de chômage n’était que de 15% (!), un emploi ouvre les portes d’un monde meilleur, celui de la Ville et de sa sécurité.

L’intelligent scénario de ce conte dystopique emprunte aux codes de Brave New World d’Aldous Huxley et de Nineteen Eighty-Four de George Orwell. Comme ils l’étaient par Big Brother, les faits et gestes des actifs sont étroitement surveillés et la moindre entorse aux règles les expose à une sanction immédiate.

Trepalium tire un autre atout de ses choix de direction artistique. Ce sont le siège du Parti communiste français, oeuvre de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, et la Bibliothèque nationale de France, oeuvre de Dominique Perrault, qui ont été judicieusement choisis pour cadre des lieux de pouvoir de la Ville, dominant des ternes alignements de cubes-habitations faits au moule. En totale opposition avec le capharnaüm de la Zone, aux allures de bidonville et de friche industrielle. À l’anarchie vestimentaire des inactifs, répondent les uniformes des actifs, avec d’infimes différences révélant la catégorie à laquelle chacun a été assigné.

L’apartheid se manifeste aussi de manière plus subtile. Les actifs ne sourient jamais, parlent peu, ne laissent paraître aucune émotion : leur comportement s’est adapté à une société dans laquelle on obéit aux ordres sans discuter, en évitant de se faire remarquer. De l’autre côté du mur, à l’inverse, la liberté d’expression génère une bruyante pagaille.

Le choix des couleurs souligne également la différence entre les deux mondes. Dans l’ensemble assez désaturées, elles sont plus chaudes avec une coloration dorée dans la Ville, plus froides avec une dominante bleue dans la Zone.

Malgré ces indéniables qualités, Trepalium peine pourtant à soutenir un niveau suffisant de tension dramatique. On arrive difficilement à s’attacher aux personnages principaux et les événements auxquels ils sont confrontés engendrent rarement un suspense. Faute de rebondissements, le déroulement du récit est trop lisse et, aussi, trop prévisible, hormis le twist de la dernière séquence.

L’esthétique de Trepalium laissera vraisemblablement un souvenir assez durable, malheureusement affadi par un scénario qui manque de ressort.

Trepalium - Saison 1

Édition - 6,5 / 10

Trepalium est divisée en six épisodes de 50 minutes répartis sur deux disques, un BD-50 et un BD-25, logés dans le traditionnel boîtier bleu, glissé dans un étui. Le menu animé et musical se limite à l’activation de sous-titres pour malentendants et au choix des épisodes, la série n’étant proposée, en français, que dans un seul format audio, DTS-HD Master Audio 5.1.

Deux suppléments sur le disque 2 :

À l’ombre du mur, journal d’un inutile (24’) : Hector nous lit, tandis qu’au bas de l’écran, un oscillogramme ondule au son de sa voix, plusieurs entrées du journal intime qu’il a ouvert à 17 ans, puis régulièrement tenu à jour des années durant. Une sorte de préquelle à Trepalium, illustré de dessins, de photos, de coupures de journaux… dans lequel défile la vie d’Hector le zonard : sa rencontre avec Lily, l’arrivée d’un fils… Et la construction du mur qui conduira à la naissance d’un petit groupe de résistants. Original !

Suit un entretien avec Vincent Lannoo (24’). Interrogé par l’Obs, il parle avec enthousiasme (et quelques répétitions) des repérages, du choix des décors et des costumes, des options de couleurs pour la photographie…

L’image (1.78:1, 1080i, AVC), un peu trop douce, manque généralement de piqué dans les arrière-plans. Assez lumineuse dans les séquences bien éclairées, elle est, dans les scènes sombres, affectée par un manque de contrastes et des noirs poreux qui ont tendance à se boucher.

Le son (DTS-HD Master Audio 5.1), avec un spectre bien ouvert et une dynamique satisfaisante, est concentré sur les voies avant. Les enceintes latérales ne sont guère sollicitées que par l’accompagnement musical. Un défaut récurrent : le timbre souvent caverneux des dialogues qui peut aller occasionnellement jusqu’à rendre délicate leur compréhension.

Trepalium - Saison 1

Crédits images : © ARTE France, Kelija

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
6,5 / 10
Avis

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Philippe Gautreau
Le 20 février 2016
Trepalium a de sérieux atouts : un scénario plutôt original, un choix judicieux de décors et costumes, une photographie inspirée. Dommage que le scénario manque un peu de tension et de rythme.

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