Les Amants passionnés (1949) : le test complet du Blu-ray

Au bal du nouvel an 1939, Mary revoit Steven, un amour de jeunesse qu’elle a perdu de vue depuis qu’elle a choisi d’épouser Howard, un banquier plus âgé qu’elle. Elle revoit Steven et Howard surprend leur relation. Acculée à choisir, Mary décide de rester avec son mari. Neuf ans plus tard, elle est en villégiature dans un hôtel des Alpes suisses. Steven qu’elle n’a jamais revu, loue une chambre contiguë à la sienne…

Les Amants passionnés (Passionate Friends, 1949) est inspiré d’un roman de H.G. Wells, lui-même adapté au théâtre par Eric Ambler. David Lean réussit à donner au thème rebattu du triangle amoureux la dimension d’un grand film, par la qualité de la mise en scène, de la photographie, du montage et de la direction des acteurs.

David Lean acquiert une véritable consécration en recevant le Grand prix du festival de Cannes en 1946 pour Brève rencontre, sur une histoire assez proche de celle des Amants passionnés, avec Trevor Howard également en tête d’affiche. Les deux adaptations de Charles Dickens qui suivirent, Les Grandes espérances (deux oscars, pout la photo et pour la direction artistique en 1946) et Oliver Twist, en 1948, à défaut de succès commercial, confirmèrent au monde du cinéma le talent de Davis Lean.

Les acteurs sont remarquablement bien dirigés : Trevor Howard dans le rôle de Steven et, dans celui de Mary, Ann Todd que David Lean épousera à l’issue du tournage puis divorcera après huit ans. Mais on est surtout frappé par l’impressionnante présence de Claude Rains, inversement proportionnelle à la sobriété de son jeu.

David Lean s’est taillé la réputation, certainement méritée, d’un homme d’une insupportable exigence, jamais satisfait du résultat de son travail. Sans cela aurait-il pu réaliser quinze films dont chacun mérite d’être vu et revu ? Et parmi eux, deux des oeuvres majeures du cinéma : Lawrence d’Arabie et La Fille de Ryan (cette dernière toujours dans l’attente d’une réédition).

Les Amants passionnés (91 minutes) et ses suppléments tiennent sur un Blu-ray simple couche proposé en édition combo avec un DVD (test effectué sur le Blu-ray, seul fourni). Un menu animé et musical, dans le style de la collection Cinéma MasterClass éditée par Elephant Films, propose la seule version originale avec sous-titres optionnels.

Il s’agit de la première édition séparée de l’oeuvre qui n’était, jusqu’ici, disponible que dans le [PROGRAM(david_lean_premiers_chefs_d_oeuvre)] édité en 2011 par Carlotta Films, avec trois autres titres, Brève rencontre, Heureux mortels (This Happy Breed, 1944) et L’Esprit s’amuse (Blithe Spirit, 1945).

En supplément, une présentation du film pas Jean-Pierre Dionnet (12’), vivante et agrémentée d’anecdotes. Il rappelle la genèse du film, le mariage (qui durera huit ans, pas trois comme le dit le chroniqueur) de David Lean avec Ann Todd (« La Garbo de poche » faisait dire alors sa petite taille). Il fait un parallèle (loin d’être évident) entre Les Amants passionnés et Huit heures de sursis (Carol Reed, 1947). Il voit David Lean dans le personnage de Howard, interprété par Claude Rains, dont il rappelle l’entrée discrète dans une carrière d’acteur sous les « traits » de L’Homme invisible (James Whale, 1933).

Suit David Lean par Jean-Pierre Dionnet (10’). Pour lui David Lean est l’un des plus grands cinéastes britanniques de l’époque, avec Michael Powell (et Emeric Pressburger), Carol Reed et Alfred Hitchcock. Puis il passe rapidement en revue les films de David Lean, notamment ses plus grands succès, Le Pont de la rivière Kwai et Le Docteur Jivago, le seul film qui eut un réel succès commercial. Il souligne, derrière une apparence bourrue, la « générosité » du réalisateur, tout entière dédiée à son art.

Pour finir, une galerie de photos, la bande-annonce de Heureux mortels et L’Esprit s’amuse, sortis simultanément, et une rapide présentation par Jean-Pierre Dionnet d’autres titres de la Collection Cinéma MasterClass.

L’image (1.33:1, 1080p, AVC), restaurée par Technicolor Creative Services avec le soutien du British Film Institute et de Granada International, parfaitement nettoyée, offre un impeccable dégradé de gris, avec des blancs lumineux et des noirs denses.

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono a, lui aussi, été soigneusement débarrassé de tout bruit parasite et même du souffle, à peine perceptible. Le spectre est relativement large pour un film de cet âge avec des basses généreuses, par exemple dans la scène du métro à la fin du film. Quelques saturations, notamment dans les passages forte de la musique (un peu trop démonstrative).

Crédits images : © ITV plc (Granada International)