Desperate Hours (La maison des otages) (1990) : le test complet du Blu-ray

Desperate Hours

Réalisé par Michael Cimino (I)
Avec Mickey Rourke, Anthony Hopkins et Mimi Rogers

Édité par Carlotta Films

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Le 18/03/2016
Critique

Desperate Hours

Alors que s’ouvre son procès pour tentative de meurtre, le détenu Michael Bosworth parvient à s’échapper du tribunal et à s’enfuir, accompagné par son frère Wally et son ami Albert. Pendant qu’ils attendent Nancy, l’avocate et maîtresse de Michael également complice de son évasion, les trois hommes décident de se cacher dans une maison cossue, appartenant à la famille Cornell. Commence alors une prise d’otages entre le trio en fuite et les quatre membres de cette famille…

L’Année du dragon n’a pas réussi à remettre Michael Cimino en selle en 1985. Deux ans plus tard, Le Sicilien, le seul faux-pas de la carrière de son auteur, l’enterre à nouveau aux yeux de la profession. En 1990, c’est à nouveau le producteur italien Dino De Laurentiis, lui-même dans une très mauvaise passe après une succession d’échecs, qui vient chercher le cinéaste et lui propose de mettre en scène le remake de La Maison des otages, réalisé en 1955 par l’immense William Wyler et adapté du roman de Joseph Hayes. Dans les années 1950, le roman avait également été transposé au théâtre par ce dernier avec le jeune Paul Newman dans le rôle principal.

Difficile d’écrire une critique constructive pour La Maison des otages (Desperate Hours) qui est un film coupé ou plutôt charcuté surtout après une heure haletante. Michael Cimino offre à Mickey Rourke - lui-même au début de sa très longue traversée du désert - le rôle principal, précédemment tenu par Humphrey Bogart dans le film original, et réalise un huis clos psychologique avec en parallèle une famille dysfonctionnelle (en contradiction avec le modèle des années 50) avec des personnages confrontés à une situation difficilement soutenable. Un duel physique et psychologique s’installe dans cette maison qui pue le fric jusqu’au moindre bibelot. Un luxe illusoire. Si la griffe de Michael Cimino ne fait aucun doute pendant près d’une heure - dès l’ouverture sur des paysages immenses et hallucinants de beauté - malgré une histoire somme toute de série B, malheureusement les producteurs en ont décidé autrement quand la violence explose dans la maison éponyme et le montage du film dans sa seconde partie est en tout point exécrable. Les scènes s’enchaînent sans cohésion, la narration est trouée, le film se perd.

Mickey Rourke, tantôt intense tantôt absent, est loin d’être aussi mauvais que l’ont prétendu les critiques à la sortie du film. Si son personnage est un être dangereux et violent, il l’est en raison de ce que sont devenus les Etats-Unis. Le comédien est excellemment épaulé par Anthony Hopkins, Mimi Rogers, Kelly Lynch (femme fatale échappée des années 50), Elias Koteas et David Morse dans un de ses premiers rôles au cinéma et qui possède probablement la plus belle scène du film, celle de l’évasion dans ce qui reste de l’Amérique originelle, à l’état sauvage. Paradoxalement, ou naturellement plutôt, il s’agit de la séquence la plus apaisée. Une soupape. La musique de David Mansfield est très belle, la réalisation de Cimino sans failles, mais toujours est-il que la version censurée de ce sixième long métrage est frustrante, dénature le travail de l’auteur-réalisateur et de ce fait provoque l’incompréhension. A sa sortie, Desperate Hours est unanimement conspué par la critique et Mickey Rourke nommé aux Razzie Awards pour son interprétation.

Aujourd’hui, nous regardons souvent ébahis, le plus souvent en colère, ce squelette d’une oeuvre maudite d’un des plus grands cinéastes de tous les temps.

Desperate Hours

Présentation - 4,0 / 5

Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur noire, est sobre, mais élégant. L’ensemble est également glissé dans un surétui cartonné. Quant au menu, il s’avère fixe et musical.

Bonus - 1,5 / 5

Pas grand-chose à se mettre sous la dent dans cette section. Outre la bande-annonce et les credits, l’excellent Jean-Baptiste Thoret propose une introduction à La Maison des otages - Desperate Hours (8’). Spécialiste du cinéma américain et notamment du Nouvel Hollywood, notre interlocuteur replace le sixième long métrage de Michael Cimino (à ce jour) dans son contexte cinématographique, en croisant habilement le fond et la forme. Toujours aussi didactique, spontané et captivant, Jean-Baptiste Thoret, auteur de Michael Cimino, les voix perdues de l’Amérique (disponible chez Flammarion) évoque la carrière du cinéaste après les échecs commerciaux de L’Année du dragon et du Le Sicilien. Notre interlocuteur parle également des rapports tendus entre le réalisateur et Mickey Rourke, ainsi que le massacre du montage de Michael Cimino par la production avant la sortie du film.

Desperate Hours

Image - 4,0 / 5

Si l’image affiche une propreté indéniable et des couleurs souvent ravivées, le piqué manque souvent de mordant, la définition n’est pas optimale et la profondeur de champ laisse parfois à désirer. Le cadre est habilement exploité, mais les contrastes ne sont pas aussi fermes qu’attendus, certains plans manquent de netteté et se révèlent même légèrement flous. Les scènes sombres posent également problème avec un grain plus appuyé et un défaut de détails certain. La colorimétrie retrouve un éclat et une chaleur inédits, un équilibre indéniable (malgré des visages un peu rosés), un étalonnage beaucoup plus conforme aux partis pris esthétiques originaux. Sans surprise, les séquences en extérieur s’avèrent les plus lumineuses.

Son - 3,5 / 5

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 sont propres et distillent parfaitement la musique. La piste anglaise est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages. Au jeu des différences, la version française (au doublage excellent) s’avère un peu trop axée sur les voix, mais ne manque pas d’ardeur.

Desperate Hours

Crédits images : © Carlotta Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

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Franck Brissard
Le 18 mars 2016
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Desperate Hours (La maison des otages)
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