Les 100 fusils (1969) : le test complet du Blu-ray

100 Rifles

Édition Spéciale

Réalisé par Tom Gries
Avec Burt Reynolds, Jim Brown et Raquel Welch

Édité par Sidonis Calysta

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Le 18/04/2016
Critique

Les 100 fusils

Les 100 fusils (100 Rifles) (USA 1968) de Tom Gries est un western américain qui fut tourné en Espagne, dans les paysages d’Almeria où on tournait régulièrement depuis 1964 les westerns européens coproduits par l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la France. Le connaisseur peut d’ailleurs repérer au casting Soledad Miranda (la prostituée qui menace le héros indien dans la chambre d’hôtel) et Aldo Sambrell (un sergent mexicain de l’armée de Verdugo) qui apportent une touche européenne au casting. Distribué à l’époque par la 20th Century Fox, il bénéficia d’un gros budget, d’un scénario assez ambitieux, d’une nombreuse figuration, d’un casting intéressant, enfin d’un niveau de violence et d’érotisme typique de la période 1965-1970.

Le scénario des 100 fusils brasse de nombreux éléments : trafic d’armes légères, guerres mexicaines, guerre de libération des minorités ethniques, politique étrangère américaine et allemande au Mexique, racisme, relations juridiques pénales bilatérales entre USA et Mexique, ultra-violence, érotisme. L’arrestation de Burt Reynolds et de Jim Brown, enchaînés à une souche d’arbre par Verdugo, rend certainement hommage à La Chaîne (The Defiant Ones, 1958) de Stanley Kramer, ce producteur de «  films à message  », ce cinéaste progressiste, «  liberal  » au sens américain du terme, qui avait donné sa chance à Tom Gries, selon ses biographes, au début de sa carrière.

Les personnages féminins comme masculins sont conventionnels, du niveau psychologique d’une bande dessinée, mais ils tous bien interprétés. On n’oublie pas Soledad Miranda en prostituée avide d’argent, ni Raquel Welch en Indienne «  pasionaria  » sensuelle, maniant la carabine à levier de sous-garde Winchester modèle 1892 (cette arme légère d’épaule est la vedette du beau générique d’ouverture) aussi bien qu’un homme. La séquence érotique entre elle et l’acteur noir Jim Brown - qui avait joué dans le violent western Rio Conchos (USA 1964) de Gordon Douglas - fit sensation à l’époque et donna au film un authentique parfum de scandale.

Les 100 fusils

Burt Reynolds avait, comme on sait, du sang indien et il avait déjà joué un Indien révolté dans le Navajo Joe (Un dollaro a testa, 1966) de Sergio Corbucci. Fernando Lamas compose un général mexicain sadique (il se nomme d’ailleurs Verdugo) et drogué (un plan le suggère assez explicitement) arborant un pistolet semai-automatique Colt 1902 chromé à la ceinture qu’il ne faut pas confondre avec un Colt 45 ACP. Les 100 fusils du titre sont des Krag-Jorgensen à répétition manuelle, à verrou classique donc. On peut aussi voir, dans l’armement des deux camps, des fusils Springfield 1903 et même quelques (anachroniques) fusils Garand M1. Sans oublier les mitrailleuses Maxim, Vickers et Gatling qu’on retrouve l’année suivante encore en vedettes dans La Horde sauvage (The Wild Bunch, 1969) de Sam Peckinpah, dont l’action se situe dans le même contexte géopolitique et à la même époque.

La mise en scène de Gries est baroque, techniquement raffinée, influencée autant par l’écran large cinéma que par des techniques de télévision (où Gries travailla autant voire davantage qu’au cinéma), multipliant les plans et les cadrages pour la moindre scène afin de la dynamiser , favorisant les plans portés caméra à l’épaule et les raccords heurtés. Peut-être le plus gros budget jamais confié à Gries ? L’évadé (Breakout, 1975) avec Charles Bronson qu’il dirigea quelques années plus tard, aurait coûté environ quatre fois moins cher que Les 100 fusils. Sinon son meilleur film - c’est Will Penny le solitaire (1967) avec Charlton Heston, qui est souvent considéré comme tel par les critiques américains - Les 100 fusils demeure, encore aujourd’hui, le titre plus populaire de sa filmographie.

Les 100 fusils

Présentation - 5,0 / 5

Edition spéciale Blu-ray Full HD, éditée par Sidonis Calysta le 29 février 2016 qui supplémente avantageusement l’ancienne édition DVD en SD chez le même éditeur.

Durée vidéo 110 min., image presque impeccable, upgradée en HD au format original respecté 1.85 couleurs, son upgradé en DTS Master Audio 2.0 en VOSTF avec STF imposés sur la VO et en VF d’époque. Suppléments identiques à ceux de l’ancienne édition DVD, correspondant à une édition spéciale intermédiaire entre une édition simple et une édition collector. Codes visuels de la collection : navigation par revolver dans le menu principal, boîtier sous fourreau, tons bistres, lettrines typiques du western.

Bonus - 3,0 / 5

Cette édition Blu-ray de 2016 reprend à l’identique (contenu et définition de l’image, celle-ci étant maintenue au niveau SD, pas upgradée en HD) les suppléments déjà présentés sur l’édition DVD de 2010 :

Une bande-annonce originale (presque 3’) en VO sans STF qui plaisante sur la notion de «  film à message  » qui était alors à la mode.

Deux présentations de Patrick Brion (7’ environ) et de Bertrand Tavernier (20’ environ) illustrées de nombreuses affiches. D’une manière générale, Brion commente brièvement les éléments essentiels du générique et du casting tandis que Tavernier livre des réflexions plus amples et des commentaires plus étendus sur la carrière des cinéastes et leur mise en scène. Ce dernier se demande, par exemple, si Les 100 fusils n’a pas été remonté par le distributeur 20th Century Fox ? Il pense que certains plans pourraient ainsi être des amorces ou des fins de séquences manquantes, coupées au montage. Vue la précision du montage (à la fin de la séquence prégénérique, Raquel Welch hurlant alors qu’on lui passe une corde autour du corps, son cri recouvert par le sifflement d’une locomotive en fondu sonore parfaitement enchaîné), je ne le pense pas mais ce n’est pas non plus impossible.

En l’absence de document ou de témoignage de première main, cette question typique de celle qu’on peut se poser en histoire du cinéma, reste donc ouverte et Tavernier n’apporte pas de réponse probante. Gries n’avait probablement pas la «  final cut  » (la possibilité de décider du montage final) mais cela dit, à Hollywood, très peu de cinéastes en ont bénéficié, à moins d’être leurs propres producteurs. Et encore… cette qualité n’était pas non plus une garantie absolue d’en disposer. Le même Tavernier juge que Raquel Welch n’est pas une très bonne actrice : ce n’est pas mon avis. On croit à son personnage, elle le fait vivre. Bref, ces suppléments correspondent, qualitativement comme quantitativement, à ce qu’on est en droit d’attendre d’une édition spéciale, supérieure à une édition normale mais inférieure à une édition collector. 



Les 100 fusils

Image - 5,0 / 5

Le master HD des 100 fusils est au format original respecté 1.85 compatible 16/9 (tout comme l’ancienne édition DVD de 2010 qui mentionnait par erreur «  2.35  » sur sa jaquette et sur son étui) et l’image chimique est globalement très bien restaurée. Le master vidéo est pratiquement parfait : je n’ai relevé aucun défaut à l’exception d’une poussière négative isolée sur un plan, d’une saccade sur un autre plan, durant une fraction de seconde.

Son - 5,0 / 5

VOSTF et VF d’époque, les deux en DTS-HD Master Audio 2.0 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VF modifie parfois sérieusement les dialogues d’origine : elle remplace par exemple le «  Je veux leurs têtes !  » prononcé par le général Verdugo, par un «  Ils le payeront tous  », plus anodin et moins cruel. Les dialogues mexicains entendus dans la VF sont sous-titrés mais pas doublés en français, afin de préserver la couleur locale. La VO est obligatoirement STF. Belle musique de Jerry Goldsmith bien que sa partition soit moins inspirée, plus conventionnelle que celle signée, l’année précédente, pour 7 secondes en enfer (Hour of the Gun, 1967) de John Sturges.

Les 100 fusils

Crédits images : © Sidonis Calysta

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic FullHD
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p