Réalisé par Terrence Malick
Avec
Christian Bale, Cate Blanchett et Natalie Portman
Édité par Metropolitan Film & Video
« Il était une fois un jeune prince que son père, souverain du royaume d’Orient, avait envoyé en Égypte afin qu’il y trouve une perle. Lorsque le prince arriva, le peuple lui offrit une coupe pour étancher sa soif. En buvant, le prince oublia qu’il était fils de roi ; il oublia sa quête et sombra dans un profond sommeil. » Le père de Rick lui lisait cette histoire lorsqu’il était enfant. Aujourd’hui, Rick est devenu auteur de comédies et vit à Santa Monica. Il aspire à autre chose, sans savoir réellement quoi, et se demande quel chemin prendre…
Knight of Cups ou Chevalier des Coupes est une des cartes du jeu de tarots qui évoquerait l’amour, les opportunités à saisir et, probablement beaucoup d’autres choses encore. Un certain vague semble subsister, au moins dans l’esprit du profane.
La quête du personnage principal, mais de quoi ?
Tout comme après le visionnage du dernier film de Terrence Malick. Quel est le sens des divagations de Rick à Los Angeles, Las Vegas, dans des fêtes où il croise une foule d’invités ou dans des rues désertées, ou sur les rivages du Pacifique ou dans le désert ? Cherche-t-il quelqu’un ou quelque chose ? Le sait-il lui-même ? Nous, c’est sûr, ne le saurons jamais !
Dans ses errances, Rick rencontre six femmes, probablement celles qui ont compté pour lui, Nancy/Cate Blanchett, Elizabeth/Natalie Portman, Helen/Freida Pinto, Isabel/Isabel Lucas, Karen/Teresa Palmer et Della/Imogen Poots. Knights of Cups est avare de détails sur les relations que Rick a pu entretenir avec elles.
Une photo inspirée, mais par quoi ?
Les images se succèdent à un rythme accéléré, la plupart des plans ne durant que deux ou trois secondes, parfois beaucoup moins. La composition des cadres, l’étrange flexibilité de la photographie (par étirement des perspectives avec des grands angulaires, voire par la déformation des personnages), les angles de prise de vue insolites, les louvoiements fluides de la caméra et, plus encore, l’inspiration du montage… tout cela pourrait envoûter, à condition d’être au service d’un récit ou, tout au moins, d’un thème, d’un message, enfin… de quelque chose !
Pas question de mettre en doute le talent de Terrence Malick. Mais ses derniers films, The Tree of Life (L’arbre de vie), plus encore A la merveille, peuvent laisser perplexe.
Si, comme on peut le supposer, Rick, derrière lequel se cache peut-être Terrence Malick, cherche dans Knight of Cups un sens à sa vie (et à son cinéma ?), on pourrait lui suggérer de revoir ses trois premiers films, La Balade sauvage (Badlands, 1969), Les Moissons du ciel (Days of Heaven, 1973) et La Ligne Rouge (The Thin Red Line, 1998).
Knight of Cups (118 minutes) et ses suppléments tiennent sur un Blu-ray double-couche logé dans un digipack (non fourni pour le test effectué sur un check disc). Le menu animé et musical propose la version originale (avec sous-titres optionnels) dans deux formats audio, DTS-HD Master audio 5.1 ou 2.0, et un doublage en français (DTS-HD MA 5.1).
Un livret d’une quarantaine de pages, joliment illustré, présenté (d’après la photocopie fournie) comme un jeu de tarot, propose des clefs de lecture des films de Terrence Malick, détaille les lieux de tournage du film, à Los Angeles (carte à l’appui), à l’aquarium de Long Beach, à Las Vegas, dans le désert du Nevada. Suivent des photos de tournage, un aperçu sur le jeu de tarot, « Glamorama », un article de Nicolas Rioult sur les méthodes de réalisation de Terrence Malick, appliquées à Knight of Cups. Puis « Knight of Cuts », sur le montage du film, « Le Magicien » sur la bande-son, complété par « An oral history of the french doublage » avec les vues des artisans de la version française. « Aquarium » traite des choix de l’accompagnement musical et « Musée haut, Musée bas » des tableaux montrés lors de la visite par Christian Bale et Natalie Portman du Musée d’art du Comté de Los Angeles.
En supplément : Dans les coulisses (4’), une sorte de bande annonce à laquelle s’ajoute une promotion par les acteurs. Puis un entretien avec le producteur (10’) « Il est toujours difficile de décrire l’intrigue d’un film de Malick », nous dit-il. Voilà qui nous rassure ! Suit une justification de l’oeuvre, un exercice difficile. Il prétend qu’il existe des points communs entre les derniers films et les premiers, mais sans dire lesquels. Il nous dit aussi que Malick modifie sensiblement le scénario pendant le tournage, puis une nouvelle fois au stade de la postproduction, chacun pouvant ajouter son grain de sel, si bien qu’on ne sait jamais ce qui va arriver. Sa conclusion : « Ce qui est beau avec un film de Malick, c’est que l’expérience est propre au spectateur qui écrit autant l’histoire que Malick. » Pour finir, des bandes annonces.
L’image (2.35:1, 1080p, AVC) est d’une précision impressionnante sur toute la profondeur du champ et dans toutes les parties du cadre, lumineuse, solidement contrastée. Elle met idéalement en valeur la photo du film. Nickel !
Le son, DTS-HD Master Audio 5.1 pour la version originale et le doublage en français (avec une option 2.0 pour la VO) est irréprochable. Les dialogues se détachent clairement de l’ambiance, très présente et immersive, et de l’accompagnement musical fait essentiellement d’extraits d’oeuvres classiques.
Crédits images : © Dogwood Pictures, LLC