Réalisé par Rudi Rosenberg
Avec
Max Boublil, Rephael Ghrenassia et Joshua Raccah
Édité par France.TV Distribution
La première semaine de Benoit dans son nouveau collège ne
se passe pas comme il l’aurait espéré. Il est malmené par la
bande de Charles, des garçons populaires, et les seuls élèves
à l’accueillir avec bienveillance sont des « ringards ».
Heureusement, il y a Johanna, jolie suédoise avec qui Benoit
se lie d’amitié et tombe sous le charme. Hélas, celle-ci
s’éloigne peu à peu pour intégrer la bande de Charles. Sur les
conseils de son oncle, Benoit organise une soirée et invite
toute sa classe. L’occasion de devenir populaire et de
retrouver Johanna.
Il y a des petits films qui sortent un peu en catimini dans le lot toujours plus conséquent des nouvelles programmations du mercredi. Sorti dans les salles juste avant Noël 2015, Le Nouveau a su joliment faire son trou en attirant pas loin de 400.000 spectateurs. Ce beau succès est vraiment mérité car le premier long métrage de Rudi Rosenberg est un vrai petit bijou sur l’adolescence, un sujet qui tient particulièrement à coeur au jeune réalisateur, déjà l’auteur de deux courts-métrages sur le même thème, 13 ans et Aglaée. Rudi Rosenberg met dans le mille à travers une histoire universelle, qu’on imagine aisément marquée par des éléments personnels et autobiographiques.
Rarement en France, un réalisateur de la nouvelle génération aura aussi bien dépeint l’amitié, les premiers émois, l’introspection, le mal-être de l’adolescence, sans vulgarité, mais avec une délicatesse inattendue. En adoptant le point de vue de Benoit, un nouvel élève qui vient tout juste de débarquer de Caen sur Paris avec sa famille, Rudi Rosenberg le place en territoire en apparence « hostile », sans amis, sans repères, avec juste la boule au ventre et une boite de chocolats pour « appâter » ceux qui voudront bien l’approcher. Bienvenue dans l’arène ! « C’est précisément la classe de 4ème qui m’intéresse. C’est une année charnière où le contraste de maturité entre les élèves est le plus flagrant. Où, malgré l’âge, on n’est pas tous logés à la même enseigne : il y a ceux qui sont encore clairement dans l’enfance, qui sucent leur pouce, portent des cartables, et les autres qui sont devenus de vrais ados, qui fument, organisent des soirées et sortent avec les filles. J’ai pensé que la confrontation de ces deux mondes offrirait un bon terrain de comédie » indique le jeune cinéaste.
Sans clichés et sans pour autant se focaliser sur la génération d’aujourd’hui - on ne voit aucun portable ni réseaux sociaux - Le Nouveau montre les moments qui soudent ou désunis les adolescents, l’entraide mais aussi les moqueries, les moments de joie et les premières peines de coeur notamment, si les amours s’envolent l’amitié reste, tout comme les sentiments qui demeurent les mêmes d’une génération à l’autre. Le Nouveau ne s’inscrit pas dans « son temps » avec les modes vestimentaires, expressions et autres éléments qui seront d’ailleurs déjà dépassés dans quelques années, mais plutôt au coeur même de ce carrefour temporel universel et intemporel, qui reste immuable. Le seul véritable « adulte » du film est interprété par Max Boublil, oncle immature de Benoit, cloué dans son canapé, lui-même un éternel adolescent, repoussant sans cesse le moment de chercher du travail. En dehors de Boublil, Le Nouveau se concentre sur la bande principale, pour une plus grande immersion possible. Tous les comédiens, recrutés après un long casting de dix mois, sont formidables de spontanéité et l’on ne peut que croire à ce merveilleux « club des paumés ». Plus de 5000 jeunes ont été auditionnés afin de trouver les perles rares et là-dessus Rudi Rosenberg et son équipe ne se sont pas trompés. Réphaël Ghrenassia (Benoit), Joshua Raccah (Joshua), Guillaume Cloud-Roussel (Constantin), Johanna Lindstedt (Johanna) sont très prometteurs et n’oublions pas Géraldine Martineau, qui incarne la sensible Aglaée - et qui l’était déjà dans le court-métrage de Rosenberg en 2010 - qui livre une véritable prestation puisque née en 1985 la comédienne interprète une jeune de 14 ans ! À voir pour le croire.
Le Nouveau intègre directement le cercle des petits films qui vont n’avoir de cesse de grandir, de se faire connaître, de devenir culte auprès des spectateurs comme à l’époque Génial, mes parents divorcent de Patrick Braoudé. Cette belle surprise, drôle, tendre et mélancolique, n’a pas fini de faire de nouveaux adeptes. Seule frustration, le film ne dure qu’1h15 ! On peut sans doute rêver, mais nous ne serions pas contre une suite !
Le test du Blu-ray du Nouveau a été réalisé sur un check-disc. L’incontournable menu principal, animé et musical, typique de l’éditeur accueille le spectateur. Simple, efficace mais peu recherché. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.
Un tout petit making (14’) est proposé pour prolonger le plaisir du film. Ce documentaire sans aucune voix-off, compile les images issues du plateau et du tournage. C’est une petite et plaisante plongée dans la fabrication du film avec quelques propos des jeunes comédiens (survoltés entre les prises), des images de leur screen-test, quelques scènes ratées. Il y a beaucoup de rires, surtout quand Joshua Raccah (également Joshua dans le film) imite les pétages de plombs du réalisateur Rudi Rosenberg, et l’ensemble est très réjouissant.
Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes sombres sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Nicolas Loir trouve en Blu-ray (au format 1080p) un écrin idéal pour revoir ce petit bijou.
Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 offre un bon confort acoustique en mettant à l’avant la musique du film. De ce point de vue-là, il n’y a rien à redire sur la spatialisation, surtout au moment de la fête organisée chez Benoit. Les ambiances naturelles sont en revanche un peu plus discrètes et finalement, l’ensemble de l’action se retrouve canalisé sur les enceintes frontales, surtout que Le Nouveau se déroule essentiellement en intérieur. Néanmoins, les dialogues sont solidement plantés sur la centrale. Une dynamique piste Stéréo est également disponible, ainsi qu’une piste en Audiodescription et les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.
Crédits images : © Récifilms, Cinéfrance, Mars Films, D8 Films