Strictly Criminal (2015) : le test complet du Blu-ray

Black Mass

Combo Blu-ray + DVD + Copie digitale

Réalisé par Scott Cooper
Avec Johnny Depp, Joel Edgerton et Benedict Cumberbatch

Édité par Warner Bros. Entertainment France

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 13/05/2016
Critique

Strictly Criminal

Le quartier de South Boston dans les années 70. L’agent du FBI John Connolly convainc le caïd irlandais James « Whitey » Bulger de collaborer avec l’agence fédérale afin d’éliminer un ennemi commun : la mafia italienne. Le film retrace l’histoire vraie de cette alliance contre nature qui a dégénéré et permis à Whitey d’échapper à la justice, de consolider son pouvoir et de s’imposer comme l’un des malfrats les plus redoutables de Boston et les plus puissants des États-Unis.

Crazy Heart (2009, Oscar du meilleur acteur pour Jeff Bridges) puis Les Brasiers de la colère (2013) ont confirmé le talent de metteur en scène de Scott Cooper. C’est donc avec impatience que l’on attendait son troisième long métrage, Strictly Criminal (Black Mass en version originale) et cette fois encore nous ne sommes pas déçus !

Ce remarquable polar-thriller s’inspire du livre Black Mass: The True Story of an Unholy Alliance Between the FBI and the Irish Mob écrit par Dick Lehr et Gerard K. O’Neill, qui raconte la véritable histoire de l’ascension du gangster James « Whitey » Bulger en tant que boss de la mafia irlandaise du sud de Boston. Spécialisé dans le racket, l’assassinat et le trafic de drogue, Bulger collaborait secrètement avec le FBI et l’agent John Connolly, grâce auquel il ne fut jamais arrêté au temps de son empire du crime.

Barry Levinson - producteur à l’époque de Donnie Brasco de Mike Newell en 1997 - avait été envisagé pour réaliser Strictly Criminal et Johnny Depp avait dans un premier temps refusé le rôle principal pour une question de gros sous, «  malheureux  » d’être payé seulement dix millions de dollars à la place de ses vingt millions habituels. L’acteur est finalement revenu sur sa décision au moment où Scott Cooper s’est vu confier les rênes. Bien lui en a pris, car après s’être caricaturé lui-même depuis le triomphe de la franchise Pirates des Caraïbes, sa carrière battait de l’aile «  artistiquement  » parlant surtout après les calamiteux Transcendance et The Tourist. Le fait d’accepter un rôle de salaud violent et impitoyable n’était pas sans nous rendre curieux. S’il est encore une fois transformé physiquement, blond-grisonnant dégarni, les dents gâtées, les yeux bleus délavés de prédateur et la peau grêlée, Johnny Depp, impérial, signe une très grande performance. Osons le dire, c’était inespéré, surtout après son interprétation neurasthénique de John Dillinger dans Public Enemies de Michael Mann en 2009. Il est tout bonnement méconnaissable et magnétique dans la peau de ce criminel, monstre humain - qui avait déjà inspiré le personnage de Jack Nicholson dans Les Infiltrés de Martin Scorsese - auquel il lui apporte une ambiguïté tout à fait remarquable et passionnante, à l’image du film.

Comme l’indique le cinéaste «  Johnny Depp tenait à en montrer la folie meurtrière, la malveillance, la cruauté - et la part d’humanité aussi. Il y avait là un risque car on ne voulait surtout pas qu’on puisse nous accuser d’avoir humanisé un homme qui incarnait le mal absolu. Et nous n’avons pas hésité à évoquer les différentes facettes de sa brutalité  ». Le comédien s’est largement documenté sur son personnage sadique et glaçant en visionnant de multiples photos et surtout des dizaines d’heures d’images issues de caméras de surveillance de l’époque. Depp a ensuite rencontré quelques-uns des amis et vieilles connaissances qui avaient collaboré avec Bulger au début de sa carrière de gangster. Pendant plus de deux heures, l’acteur parvient à se faire oublier totalement et nous ne voyons que Bulger du début à la fin, entre moments tendres avec son fils et explosions de violence - le film est parfois très brutal - durant lesquels il n’hésite pas à tuer une jeune femme qui l’avait «  peut-être  » balancé aux flics.

Afin d’accentuer l’authenticité de son récit, Scott Cooper a décidé de tourner son film à Boston, sur les lieux mêmes où se sont déroulés la plupart des événements relatés, tout en soignant la reconstitution des années 70-80 grâce à un budget confortable de plus de 50 millions de dollars. Johnny Depp est aussi secondé par un casting quatre étoiles avec notamment Benedict Cumberbatch, toujours excellent qui incarne le frère de Bulger, sénateur promis à un brillant avenir, Joel Edgerton, parfait en ex-pote d’enfance de Bulger, qui a fréquenté les mêmes rues, devenu un ambitieux agent du FBI à défaut d’être devenu un caïd, qui souhaite éradiquer la mafia italienne de sa ville. N’oublions pas les participations de Kevin Bacon, Peter Sarsgaard et Dakota Johnson.

Pour information, car cette excellente fresque criminelle s’arrête juste avant, Bulger s’enfuit de Boston en décembre 1994, et réussit à échapper aux agents lancés à ses trousses dans le monde entier. Après être devenu un des fugitifs les plus recherchés des Etats-Unis (après Ben Laden), le FBI, finit par lui mettre le grappin dessus en juin 2011 à Santa Monica. Il a alors 81 ans. Jugé par le tribunal de Chicago, il écope de deux peines de prison à vie dont au moins 5 ans de prison ferme en novembre 2013.

Strictly Criminal

Présentation - 4,0 / 5

Le Blu-ray de Strictly Criminal repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui avec le titre en léger relief. La jaquette reprend le visuel de l’affiche française du film et le menu principal s’avère fixe et musical.

Bonus - 4,0 / 5

La meilleure couverture pour les pires crimes (23’) : Le making of proposé traditionnel se compose d’interview de toute l’équipe (comédiens, producteurs, réalisateurs) y compris les deux co-auteurs Dick Lehr et Gerard K. O’Neill, et d’images de tournage sur les véritables lieux où se sont déroulés les faits. Les propos des intervenants sont intéressants et dressent un portrait étonnant et sans langue de bois de James « Whitey » Bulger.

Johnny Depp devient James « Whitey » Bulger (12’) : Comme son titre l’indique, ce module se focalise sur la transformation physique du comédien à travers des images issues de ses séances de maquillage. Johnny Depp et son maquilleur attitré Joel Harlow évoquent les différents essais qui ont conduit au résultat final, afin que l’acteur puisse se glisser totalement dans la peau de son personnage. Nous avons aussi le droit à l’avis de ses partenaires sur le fait de donner la réplique à James « Whitey » Bulger et non pas à Johnny Depp du premier jusqu’au dernier jour des prises de vue.

A la poursuite de James « Whitey » Bulger (1h02) : Là où le film s’arrête, la traque commence ! Ce documentaire relate la longue cavale - de 1995 à 2011 - et l’arrestation de James « Whitey » Bulger et de sa compagne, à travers le témoignage des agents des forces de l’ordre et de témoins.

Dommage de ne pas retrouver les scènes coupées, surtout celle dans lesquelles apparaissaient Sienna Miller, dont la performance a été entièrement coupée au montage final pour des «  raisons narratives  ».

Strictly Criminal

Image - 5,0 / 5

Strictly Criminal est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo stylisée du chef opérateur Masanobu Takayanagi ([PROGRAM(territoire_des_loups_br)], [PROGRAM(happiness_therapy_br)]). Les volontés artistiques, comme le beau grain palpable et caractéristique d’un tournage en argentique, sont donc respectées et même sublimées, sans aucune perte du piqué et des détails, y compris sur les séquences nocturnes ainsi que sur les arrière-plans. Le cadre large 2.35 est riche, les contrastes affichent une densité remarquable (de beaux noirs), le grain cinéma est conservé, les scènes diurnes sont lumineuses et la colorimétrie est optimale. Superbe édition HD !

Son - 4,5 / 5

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 anglais, aussi percutant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. En revanche, la piste française, proposée dans un pauvre Dolby Digital 5.1, parvient à s’en sortir, même s’il n’y a pas de comparaison possible avec la version originale.

Strictly Criminal

Crédits images : © Warner Bros.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Franck Brissard
Le 8 mai 2016
Pas de commentaire.

Lire les avis »

Multimédia
Strictly Criminal
Bande-annonce VOST
Strictly Criminal
Bande-annonce VF

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)