Réalisé par Todd Haynes
Avec
Julianne Moore, Dennis Quaid et Dennis Haysbert
Édité par ARP Sélection
Cathy et Frank Whitaker forment un couple en vue dans la petite ville de Hartford, Connecticut. Lui est directeur commercial d’une entreprise locale. Elle élève leurs deux enfants et s’implique dans la vie associative de la communauté. Les fondations de leur union sont ébranlées quand Cathy surprend son mari dans les bras d’un autre homme. Et son image se ternit soudain quand elle fraternise avec Raymond Deagan, un jardinier noir.
Impossible d’ignorer le cinéma de Todd Haynes depuis son entrée tapageuse dans le cercle des réalisateurs avec Poison, inspiré de l’oeuvre de Jean Genet et salué en 1991 par le Grand prix du jury de Sundance et par le Teddy du meilleur film au festival de Berlin. Ce premier film qui suscita une vive controverse à sa sortie, est aujourd’hui regardé comme un jalon du cinéma gay.
Les films qui suivirent, deux autres oeuvres subversives, Safe en 1995 et Velvet Goldmine en 1998, puis I’m Not There en 2007 et Carol en 2015, ont tous confirmé le talent du réalisateur et l’originalité de son cinéma.
Loin du paradis, réalisé en 2002, un hommage avoué aux mélodrames des années 50, récolta une belle moisson de prix, autour d’une centaine, principalement décernés par des associations de critiques, pour la réalisation et pour l’interprétation de Julianne Moore.
Avec tous les ingrédients d’un film destiné à arracher les larmes, Todd Haynes livre avec Loin du paradis le délicat récit du drame vécu par trois êtres, Cathy, Frank et Raymond, rejetés par leur microcosme en des temps, pas si lointains, où l’homosexualité était considérée comme une maladie, où la mixité raciale, fut-elle limitée à une simple relation amicale, était vue comme une faute impardonnable par les deux communautés, blanche et afro-américaine.
La réalisation classique, avec d’élégants mouvements de caméra, l’accompagnement musical d’Elmer Bernstein et l’interprétation naturelle de Julianne Moore, de Dennis Quaid dans le rôle de Frank et de Dennis Haysbert dans celui de Raymond, complètent le plaisir de voir, ou revoir, Loin du paradis, un de ces films qu’il est difficile d’oublier.
Loin du paradis (107 minutes) tient sur un Blu-ray double couche logé dans le traditionnel boîtier bleu. Le menu animé et musical donne le choix entre la version originale, avec sous-titres imposés, et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1.
En supplément, le documentaire sur le tournage (11’, 2002) est, avant tout, une sorte de déclaration d’amour de Todd Haynes au cinéma du Hollywood des années 50, particulièrement à celui de Douglas Sirk pour All I Desire (1953), Le Secret magnifique (Magnificient Obsession, 1954), Tout ce que le ciel permet (All That Heaven Allows, 1955) et Le Mirage de la vie (Imitation of Life, 1959). Suit une bande annonce.
L’image (1.85:1, 1080p, AVC) est propre. Mais là où l’on attendait, en accord avec les choix esthétiques du réalisateur, les teintes éclatantes du technicolor, on doit faire avec des couleurs souvent ternes et diluées dans une artificielle dominante orange. De plus, des contrastes mous et des noirs poreux affectent la lisibilité de certaines scènes sombres. Pour couronner le tout, la définition n’est pas au rendez-vous.
Le son (DTS-HD, Master Audio 5.1) est un peu mieux traité. La musique d’Elmer Bernstein est assez correctement restituée. Mais les dialogues sont un parfois étouffés et du souffle se fait un peu trop entendre. Et le remixage 5.1 laisse pratiquement au repos les voies latérales.
Crédits images : © ARP Sélection