Quelque part dans la nuit (1946) : le test complet du Blu-ray

Somewhere in the Night

Réalisé par Joseph L. Mankiewicz
Avec John Hodiak, Nancy Guild et Lloyd Nolan

Édité par Rimini Editions

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Le 04/07/2016
Critique

Quelque part dans la nuit

Soldat durant la Seconde Guerre Mondiale, George Taylor est de retour chez lui après avoir été blessé au combat. Souffrant d’amnésie, il part à la recherche de son identité. Les seuls indices dont il dispose sont un nom propre, Larry Cravat, et la lettre haineuse d’une femme. Aidé par une chanteuse de bar, pourchassé par une bande de criminels, il se demande à quelle affaire louche il a été mêlé.

Tout d’abord scénariste (Alice au Pays des Merveilles de Norman Z. McLeod, L’Ennemi public n°1 de W.S. Van Dyke), puis producteur (Furie de Fritz Lang, Indiscrétions de George Cukor), Joseph L. Mankiewicz (1909-1993) passe derrière la caméra en 1946 avec Le Château du dragon, en remplacement d’Ernst Lubitsch, victime d’une crise cardiaque. Suite à ce premier et grand succès, Mankiewicz jette son dévolu sur une pièce de Lee Strasberg, qu’il adapte avec Howard Dimsdale. Quelque part dans la nuit est un film noir dans le style du Le Faucon maltais de John Huston (1941) et du Le Grand sommeil de Howard Hawks, par ailleurs sorti quelques semaines après le film de Mankiewicz, marqué par cet omniprésent sentiment de paranoïa à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Une Amérique à la reconquête de son identité. Dans ce récit labyrinthique et il faut bien l’avouer la plupart du temps incompréhensible, nous suivons l’itinéraire de George Taylor. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce soldat amnésique tente de reconstituer son passé. Pour tout indice, il dispose de deux lettres : l’une signée par une femme, l’autre par un certain Larry Cravat. Aidé dans sa quête par Christy, une chanteuse, et Kendall, un policier, il apprend que Cravat est un détective véreux accusé de meurtre et part à sa recherche.

Comme le personnage principal, le spectateur est entraîné par un courant, on peut même parler de rapides, dont le parcours se dessine à partir d’indices récoltés au fur et à mesure de l’enquête et des rencontres singulières, dans des lieux atypiques. Un jeu de pistes pour un ancien soldat. Mais plus l’issue semble proche, plus la résolution s’avère opaque. Ce thriller psychologique vaut aujourd’hui plus pour sa mise en scène, formidable, et sa splendide photographie signée Norbert Brodine, que pour son intrigue souvent insaisissable et étouffante.

Quelque part dans la nuit

Quelque part dans la nuit, Somewhere in the Night demeure une curiosité dans la filmographie exceptionnelle de Joseph L. Mankiewicz. Le film s’avère aujourd’hui quelque peu oublié en raison d’un casting essentiellement composé de vedettes d’époque qui n’ont pas réellement marqué les esprits. Le rôle principal est confié au méconnu John Hodiak (1914-1955), vu dans Lifeboat d’Alfred Hitchcock, dont le charisme éteint convient au personnage de George Taylor, mais peine à créer une empathie avec le spectateur. Malgré un début fort prometteur, le réveil du soldat blessé, muet, filmé en caméra subjective avec ses pensées en voix-off, cette distance s’accentue au fur et à mesure que l’audience se perd également dans l’intrigue, n’ayant alors plus vraiment d’accroche avec ce que le réalisateur nous raconte. A ses côtés, la belle Nancy Guild, starlette des années 40 comme les affectionnaient alors les grands studios, trouve un des rôles de sa vie avec le Cagliostro de Gregory Ratoff (et d’Orson Welles). Sa carrière fut de très courte durée.

Complexe et au final peu attachant, Quelque part dans la nuit est un film noir typique de son époque, élégamment mise en scène, mais qui met la patience du spectateur à rude épreuve en raison de son histoire trop alambiquée.

Quelque part dans la nuit

Présentation - 5,0 / 5

Le Blu-ray de Quelque part dans la nuit, édité chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire. Le visuel, plaçant Nancy Guild sous un réverbère, est magnifique et saura attirer les fans des classiques des années 1940. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Bonus - 3,0 / 5

Rimini nous permet de visionner la bande-annonce d’époque, mais aussi et surtout d’écouter un portrait du réalisateur Joseph L. Mankiewicz par le grand Patrick Brion (40’). L’historien du cinéma connaît la carrière et la vie du cinéaste sur le bout des doigts, au point de lui avoir consacré un livre Joseph L. Mankiewicz (La Martinière, 2005). Avec Richard Brooks et Vincente Minnelli, Joseph L. Mankiewicz est un des trois cinéastes qui l’a le plus marqué dans sa vie de cinéphile. Patrick Brion retrace son parcours, fils d’immigrés juifs venus d’Allemagne, envoyé par son père à Berlin pour parfaire son éducation après avoir obtenu son diplôme à l’université Columbia en 1928. Intéressé par le théâtre et le cinéma, il est embauché par l’UFA pour traduire les intertitres des films destinés au marché anglo-saxon. Il quitte ensuite Berlin pour Paris, puis rejoint son frère Herman qui travaille alors aux Etats-Unis comme scénariste à la Paramount Pictures. Mankiewicz se voit chargé de la rédaction de sous-titres puis de scénarios, principalement pour des comédies. Il devient ensuite producteur, puis réalisateur en 1946 avec Le Château du dragon. Patrick Brion en vient à ses débuts derrière la caméra, évoque ses films les plus célèbres et les sujets abordés dans ses oeuvres. Notre guide n’oublie pas d’aborder le film qui nous intéresse ici, Quelque part dans la nuit, en passant en revue le casting et les thèmes.

Quelque part dans la nuit

Image - 4,5 / 5

Un Blu-ray au format 1080p (AVC). Ce nouveau master restauré en HD au format respecté 1.33 de Quelque part dans la nuit se révèle assez pointilleux en terme de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de stabilité, de clarté et de relief. La nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Joseph L. Mankiewicz, la photo signée Norbert Brodine retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé. Seuls petits accrocs constatés : des poussières, des raccords de montage, des rayures verticales et des effets de pompage sur les séquences les plus sombres.

Son - 4,0 / 5

Seule la version originale, avec les sous-titres français non imposés, est disponible. Point de remixage superflu à l’horizon, l’écoute demeure fort appréciable avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. Pas ou peu de souffle constaté, ainsi que de très légers craquements et parfois une diminution du volume au cours d’une même séquence.

Quelque part dans la nuit

Crédits images : © Rimini Editions

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm