Trois souvenirs de ma jeunesse (2015) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Arnaud Desplechin
Avec Quentin Dolmaire, Lou Roy-Lecollinet et Mathieu Amalric

Édité par Blaq Out

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Le 18/05/2016
Critique

Trois souvenirs de ma jeunesse

Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient… De son enfance à Roubaix… Des crises de folie de sa mère… Du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent…Il se souvient… De ses seize ans… De son père, veuf inconsolable… De ce voyage en URSS où une mission clandestine l’avait conduit à offrir sa propre identité à un jeune homme russe… Il se souvient de ses dix-neuf ans, de sa soeur Delphine, de son cousin Bob, des soirées d’alors avec Pénélope, Mehdi et Kovalki, l’ami qui devait le trahir… De ses études à Paris, de sa rencontre avec le docteur Behanzin, de sa vocation naissante pour l’anthropologie… Et surtout, Paul se souvient d’Esther. Elle fut le coeur de sa vie. Doucement,  » un coeur fanatique « .

Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs au dernier Festival de Cannes, Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin apparaît comme étant une préquelle à Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) sorti en 1996. Mais il est aussi relié à Un conte de Noël car le personnage apparaissait adolescent sous les traits d’Emile Berling. Alter ego du cinéaste, Paul Dédalus, dont le nom provient de l’oeuvre de James Joyce, est cette fois incarné par un jeune comédien inconnu mais remarquable, Quentin Dolmaire, dont le jeu laisse pantois d’admiration.

Trois souvenirs de ma jeunesse

Film en trois volets donc, dont le premier est porté par Mathieu Amalric, qui comptabilise sa sixième collaboration avec Arnaud Desplechin, Trois souvenirs de ma jeunesse subjugue et nous emporte dans un vent de folie de répliques savoureuses, de réflexions sur la vie, l’amour, l’amitié, la sexualité, avec une liberté rare dans le cinéma français. La figure féminine, Esther, rôle créé par Emmanuelle Devos dans Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), est incarnée ici par une Lou Roy-Lecollinet magnétique, également la grande révélation. Arnaud Desplechin nous raconte ainsi la rencontre entre Paul et Esther de 16 à 21 ans. Tourné entre Roubaix, Paris et la Biélorussie, Trois souvenirs de ma jeunesse dresse le portrait de ces deux êtres qui s’attirent et s’opposent. Paul pense comprendre le monde qui l’entoure mais ne parvient pas à s’y adapter. Ses relations avec les filles sont catastrophiques, même si le sentiment amoureux est ce qui lui importe le plus. Cependant, il ne parvient pas à rester fidèle, hormis en amitié, domaine dans lequel il est par ailleurs très exigeant.

Esther est aussi, quant à elle, très complexe. Spontanée et d’une extrême sensibilité, elle peut sembler désagréable lorsqu’on l’aborde, d’autant qu’elle se donne des airs hautains comme si rien ne pouvait l’atteindre. Malgré ses airs très assurés, Esther ne fait que douter et demeure très seule. Un charme dingue émane d’elle et Paul en tombe immédiatement amoureux. Leur rencontre est déterminante pour leur entrée dans le monde adulte car Paul et Esther se complètent. Pour la première fois, l’une de ses conquêtes parvient à remettre Paul à sa place, à le placer face à ses responsabilités et à ses engagements. Son charme, son ironie, son répondant instantané et son bagou qui d’habitude le protègent du monde «  réel  », ne peuvent rien face au naturel d’Esther. Elle-même parvient à y trouver sa raison d’être tout en se découvrant grâce à Paul. 

Arnaud Desplechin joue avec les genres (romance, espionnage, récit initiatique), perd le spectateur dans un dédale(us) de souvenirs et insuffle un humour que certains disent inattendu, mais que les habitués du cinéma du réalisateur ont toujours perçu. Trois souvenirs de ma jeunesse est un immense plaisir. Divinement écrit et interprété, délicatement mis en scène, ce jeu de ping-pong verbal, littéraire, mélancolique et romanesque ravit les sens à chaque instant.

Trois souvenirs de ma jeunesse

Présentation - 3,5 / 5

Le Blu-ray de Trois souvenirs de ma jeunesse, édité chez Blaq Out, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Bonus - 3,0 / 5

Pour l’un de ses plus importants titres de l’année 2015, Blaq Out accompagne le film d’une petite demi-heure de suppléments. Durant un entretien (14’), Arnaud Desplechin aborde la genèse de Trois souvenirs de ma jeunesse, les thématiques, la relation des personnages, le casting. Le réalisateur évoque quelques sources d’inspirations comme le cinéma de John Cassavetes, Larry Clark, tout en analysant certains partis pris comme l’usage du split screen. On retrouve également l’interview de Quentin Dolmaire et Lou Roy-Lecollinet (12’), durant laquelle ces deux révélations s’expriment sur leurs premiers pas devant la caméra et leur collaboration avec Arnaud Desplechin. On peut découvrir une autre vidéo des deux jeunes comédiens à travers leurs essais casting. Elle reprend une séquence de Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) et faire une troublante comparaison.

Trois souvenirs de ma jeunesse

Image - 4,5 / 5

La copie aurait pu être encore plus aiguisée. Le Blu-ray au format 1080p est édifiant seulement sur les séquences diurnes tournées en extérieurs, avec une admirable restitution des textures et un relief confondant. Le reste du temps, dans les intérieurs ou sur les scènes sombres, le report des détails aurait pu être plus incisif et le piqué plus vif. La définition n’est pas décevante en soi, mais les contrastes et les noirs manquent parfois de densité. Cependant, la colorimétrie est éclatante, la clarté très agréable et le cadre large habilement exploité avec une brillante profondeur de champ. Les partis pris d’Irina Lubtchansky, brillante directrice de la photographie, demeurent flatteurs pour les mirettes.

Son - 4,0 / 5

Les dialogues sur la piste DTS HD Master Audio 5.1 ne manquent pas de punch et l’environnement musical est plaisant et bien présent. Si le caisson de basses est aux abonnés absents, la spatialisation demeure concrète sur toutes les séquences en extérieurs et le confort acoustique certain. La piste Stéréo contentera largement celles et ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.

Trois souvenirs de ma jeunesse

Crédits images : © Blaq Out

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 18 mai 2016
Arnaud Desplechin joue avec les genres (romance, espionnage, récit initiatique), perd le spectateur dans un dédale(us) de souvenirs et insuffle un humour que certains disent inattendu, mais que les habitués du cinéma du réalisateur ont toujours perçu. Trois souvenirs de ma jeunesse est un immense plaisir. Divinement écrit et interprété, délicatement mis en scène, ce jeu de ping-pong verbal, littéraire, mélancolique et romanesque ravit les sens à chaque instant.

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