1892, Saint-Pétersbourg. Sacha, une jeune fille de l’aristocratie russe, a toujours été fascinée par la vie d’aventure de son grand-père, Oloukine. Explorateur renommé, concepteur du Davaï, son magnifique navire de l’Arctique, il n’est jamais revenu de sa dernière expédition à la conquête du Pôle Nord. Et maintenant son nom est sali et sa famille déshonorée. Pour laver l’honneur de la famille, Sacha s’enfuit. En route vers le Grand Nord, elle suit la piste de son grand-père pour retrouver le fameux navire.
Le plat lui va si bien
Après un parcours qui va de la BD à l’assistanat de réalisation (Brendan et le secret de Kells, Le Tableau), Rémi Chayé démarre avec Tout en haut du monde sa carrière de réalisateur de long métrage d’animation. Ce projet dont l’origine remonte tout de même à 2005, est une fois de plus un exemple éblouissant des talents qui se trouvent en France dans ce domaine et aussi du fait que l’animation 2D porte toujours en elle une force poétique et évocatrice que toutes les prouesses 3D n’atteignent pas si souvent.
Le thème de la 2D est même poussé ici dans une extrémité culottée puisque l’habituel trait noir qui entoure les couleurs et définit les contours de chaque chose dans un tel film, a ici disparu, laissant les à-plats de couleurs s’animer d’eux-mêmes dans des séquences qui ressemblent alors plus à des tableaux animés. Ce style de dessin est souvent utilisé par les autres studios pour les recherches d’ambiances, de couleurs ou de lumières d’une scène. Mais là, tout le film profite de cette simplification de l’image : pas de plis sur les vêtements, pas d’ombres sur les personnages, mis à part sur certains objets ou décors, conçus en 3D pour laisser les animateurs s’occuper de tout ce qui est vivant.
Certains amateurs se rappelleront de ces rendus vectoriels, entre 2D et fausse 3D, pour des jeux vidéos tels que Alone in the Dark ou Another World, et auront alors une meilleure idée de l’univers graphique qui habite Tout en haut du monde, d’ailleurs entièrement dessiné et animé à la main, mais sur palettes graphiques.
Partant du pitch original, (une jeune fille part à la recherche de son Grand-père, disparu sur la banquise), Tout en haut du monde nous entraîne dans une véritable aventure humaine, en plein Pôle Nord, dans les pas des fameuses expéditions du début du 20e siècle.
La jeune fille en question, au caractère bien trempé et à l’esprit aventureux, est doublée par Christa Théret (LOL (Laughing Out Loud) ®, Renoir, La Fille du patron) qui montre ici une nouvelle facette de son talent de comédienne en donnant la réplique (entre autres et pour quelques lignes seulement) à Féodor Atkine dont la voix unique et profonde est souvent réclamée pour le monde de l’animation et que l’on retrouvait d’ailleurs sur Brendan et le secret de Kells.
De grands talents derrière les micros, derrières les pinceaux virtuels et derrière les séances d’écriture, livrant une nouvelle pépite de french animation et embarquant le spectateur dès les premiers mouvements d’un film qui a conquis dès sa première projection à Annecy en 2015 d’où il est reparti avec le très estimé Prix du Public.
Testé sur check-disc, le Blu-ray final est proposé dans un boîtier standard blanc. Les menus sont simples et sur fonds de séquences du film. Une partie technique parfaitement maîtrisée et une section bonus suffisante.
Une fois passée la bande-annonce de rigueur, deux bonus de qualité attendent le curieux des coulisses d’un tel film. En premier, le commentaire audio à cinq voix (réalisateur, monteur, scénariste, directeur d’animation et storyboardeuse) est une véritable promenade dans le processus créatif grâce aux informations et anecdotes de ces 5 piliers. Et puis bien évidemment, le making of, qui lève également le voile sur le processus de création du film mais d’une manière plus linéaire et synthétique, témoignant bien de la passion et du dévouement que requiert une telle entreprise aujourd’hui.
Justement composées d’à-plats très simples, Tout en haut du monde est de ces films qui ne supporteraient pas un mastering et un encodage approximatifs. Et d’ailleurs, face au MPEG-2 du DVD, l’AVC de ce Blu-ray est le partenaire idéal pour ce film qui est ici restitué avec la plus grande fidélité par rapport aux images produites à l’origine. Définition, couleurs et contrastes sont parfaitement délivrées.
Le très beau travail fait sur la partie sonore du film trouve ici aussi un partenaire efficace avec la piste DTS-HD Master Audio 5.1, pleine des ambiances de Saint-Pétersbourg, d’un pub ou de la banquise avec ses craquements et ses tempêtes. L’espace sonore est ample et riche, et les dialogues d’une grande clarté. La piste 2.0 est très nette également, mais fait perdre toute la largeur sonore du film.
Crédits images : © Sacrebleu Productions, Maybe Movies