Les Innocentes (2016) : le test complet du Blu-ray

Pologne, décembre 1945. Mathilde Beaulieu, une jeune interne de la Croix-Rouge chargée de soigner les rescapés français avant leur rapatriement, est appelée au secours par une religieuse polonaise. D’abord réticente, Mathilde accepte de la suivre dans son couvent où trente Bénédictines vivent coupées du monde. Elle découvre que plusieurs d’entre elles, tombées enceintes dans des circonstances dramatiques, sont sur le point d’accoucher.
Peu à peu, se nouent entre Mathilde, athée et rationaliste, et les religieuses, attachées aux règles de leur vocation, des relations complexes que le danger va aiguiser… C’est pourtant ensemble qu’elles retrouveront le chemin de la vie.

A chaque film, Anne Fontaine revient là où on ne l’attendait pas. Les Innocentes est son septième long métrage en dix ans. Après avoir fait tourner deux blondes solaires, Naomi Watts et Robin Wright dans Perfect Mothers (2013), puis la magnifique Gemma Arterton qui faisait tourner la tête à Fabrice Luchini dans Gemma Bovery (2014), la réalisatrice éclectique aborde pour la première fois de sa carrière le drame historique. A l’origine des Innocentes, il y a un fait divers resté tabou pendant des années, une tragédie survenue en temps de guerre, en Pologne, en 1945. Dans un couvent, des soldats soviétiques avaient violé 25 religieuses avant de les assassiner. Sur ce point de départ, Anne Fontaine et ses coscénaristes Pascal Bonitzer, Sabrina B. Karine et Alice Vial ont brodé l’histoire des Innocentes afin d’explorer les thématiques de la foi et de la maternité.

Pour s’imprégner, Anne Fontaine a réalisé deux retraites chez les Bénédictines, congrégation centrale du film, tandis que la jeune comédienne Lou de Laâge (Jappeloup) s’est préparée auprès de sages-femmes et d’un chirurgien. Aux côtés de cette dernière, épatante, magnétique, sublime dans le rôle d’une jeune interne de la Croix-Rouge française appelée au secours par une religieuse polonaise, Vincent Macaigne, Agata Buzek (Crazy Joe), Agata Kulesza (Wanda dans le splendide Ida) et Joanna Kulig (également vue chez Pawel Pawlikowski) complètent le casting. Entièrement réalisé en Pologne dans un monastère désaffecté, les couvents refusant d’abriter une équipe de tournage, Les Innocentes est un des plus beaux films d’Anne Fontaine.

La cinéaste aborde son sujet de manière très frontale, avec une immense pudeur, sans pathos. Merveilleusement photographiée par la talentueuse chef opératrice Caroline Champetier (Holy Motors, Des hommes et des dieux), cette histoire place le spectateur en tant que témoin dans l’infirmerie, le réfectoire et la petite chapelle de ce couvent isolé et du drame qui s’y joue. Anne Fontaine questionne le sens de la vie dans le chaos, comment survivre à la violence qui a marqué les chairs des religieuses polonaises, comment juger leur foi qui semble survivre à une épreuve aussi douloureuse. Les Innocentes subjugue du début à la fin avec sa mise en scène délicate et élégante, l’intensité des interprètes, la force et le dilemme (comment rester fidèle à Dieu lorsque le voeu de chasteté a été rompu par la force ? L’instinct maternel sera-t-il plus fort que la foi ?) des personnages qui émanent des nombreux et magnifiques gros plans.

La confiance, la complicité et l’amitié qui s’installent progressivement entre la jeune interne, moderne, communiste, athée, libre et les religieuses émeuvent de la première à la dernière image. Une très grande réussite et un des films les plus bouleversants de 2016.

Le test du Blu-ray des Innocentes, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Seul un petit making of (17’) vient garnir la section des suppléments. Si ce documentaire est plutôt bien fichu en donnant la parole aux comédiennes et à la réalisatrice Anne Fontaine, tout en dévoilant l’envers du décor, l’ensemble est malheureusement bien trop court.

En ce qui concerne l’image, TF1 Vidéo signe un quasi-sans-faute avec ce master HD. La colorimétrie spécifique presque monochrome est respectée, le piqué est doux mais ferme (voir les scènes en forêt), les détails impressionnent aux quatre coins du cadre ainsi que sur les nombreux gros plans. Les partis pris de la photo signée Caroline Champetier sont superbement retranscrits et les contrastes affichent une densité remarquable. Ajoutez à cela des ambiances tamisées séduisantes et vous obtenez un transfert très élégant.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 est immédiatement immersif et permet au spectateur de plonger dans le monde isolé du couvent avec une musique enivrante et les chants grégoriens sur les enceintes latérales. Les voix sont d’une précision sans failles sur la centrale, tout comme les silences, la balance frontale est constamment soutenue, la douce composition spatialisée de bout en bout.

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © TF1 Vidéo