Réalisé par Ilya Naishuller
Avec
Sharlto Copley, Haley Bennett et Tim Roth
Édité par Metropolitan Film & Video
Vous ne vous souvenez de rien.
Votre femme vient de vous ramener à la vie. Elle vous apprend
votre nom : Henry.
Cinq minutes plus tard, vous êtes la cible d’une armée de
mercenaires menée par un puissant chef militaire en quête de
domination du monde. Vous parvenez à vous échapper mais votre
femme se fait kidnapper. Vous voilà perdu dans un Moscou
hostile. Ici tout le monde semble vouloir votre mort. Vous ne
pouvez compter sur personne. Sauf peut-être sur le mystérieux
Jimmy. Pouvez-vous lui faire confiance ? Arriverez-vous à
survivre à ce chaos, sauver votre femme et à faire la lumière
sur votre véritable identité ?
Présenté comme étant « l’expérience la plus intense et la plus originale à vivre au cinéma depuis bien longtemps ! », Hardcore Henry est un pétard mouillé. Entièrement tourné avec une caméra GoPro, utilisée exclusivement en caméra subjective, ce « film » tourné à la première personne adopte le point de vue du héros, en imitant le procédé des jeux vidéo de tir. Hardcore Henry n’a d’ailleurs rien d’un long métrage, mais d’une démo d’un jeu vidéo à la violence gratuite, sans fond, sans enjeux. Une attraction comme un cinéma dynamique. Réalisateur, mais aussi scénariste, producteur et surtout interprète du rôle principal (la caméra étant fixée au niveau de la bouche, afin de donner l’impression aux spectateurs de voir à travers les yeux du personnage), Ilya Naishuller est à l’origine un membre du groupe de rock soviétique Biting Elbows. Il a lui-même mis en scène quelques-uns de leurs clips, dont celui de la chanson au titre explicite et poétique Bad Motherfucker, qui utilise déjà la caméra subjective. Le travail d’ Ilya Naishuller a été remarqué sur internet par l’improbable Timur Bekmambetov (Night Watch, Day Watch, Wanted, Abraham Lincoln, Vampire Hunter), qui décide aussitôt de produire son premier long métrage. Après le tournage, le film a bénéficié d’une campagne de crowdfunding, décidément à la mode, et a bénéficié d’une rallonge de 250.000 dollars grâce aux dons des internautes, ce qui a permis de financer la post-production, notamment les effets visuels.
Hardcore Henry s’apparente à un jeu vidéo frénétique lancé à cent à l’heure, qui fera le bonheur des adeptes mais qui ennuiera ceux qui s’attendaient à du « vrai » cinéma. Car soyons honnêtes, il n’y a rien à sauver dans cette entreprise, si ce n’est les premières minutes qui installent bien le film, avec même une petite apparition de Tim Roth ! Mais très vite les partis pris fracassent les yeux et la tête dès l’apparition du bad guy (ridicule) et de celle répétitive de l’épuisant Sharlto Copley, qui n’a de cesse de mourir et de ressusciter comme un running-gag éculé. L’identification voulue par le réalisateur ne fonctionne pas, d’autant plus que Henry reste muet du début à la fin. Nous assistons, avec beaucoup de mal, à une succession de poursuites à la Yamakasi, de fusillades, de poursuites encore, de fusillades toujours, jusqu’au final qui rappelle l’affrontement de Neo face à plusieurs dizaines d’Agent Smith dans Matrix Reloaded.
C’est très violent, sanglant, ça part dans tous les sens, l’expérience tourne court car trop d’action tue l’action. Alors oui au cinéma qui inspire le jeu vidéo, mais l’inverse est fortement déconseillé, surtout pour livrer des found-footage parkinsoniens qui donnent envie de vomir !
Le test du Blu-ray de Hardcore Henry, disponible chez Metropolitan, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.
Deux commentaires audio sont disponibles. Le premier réalisé par Ilya Naishuller tout seul en piste, le second étant également effectué par metteur en scène mais accompagné cette fois par Sharlto Copley. Ces deux commentaires sont disponibles uniquement en version originale non sous-titrée !
Le réalisateur lya Naishuller et Sharlto Copley répondent ensuite aux questions des internautes via un chat organisé par les réseaux sociaux (12’). les deux hommes reviennent sur les conditions de tournage, les cascades, le travail avec la GoPro et remercient celles et ceux qui ont contribué au crowdfunding. Des images dévoilent l’envers du décor.
L’éditeur joint ensuite quelques séquences coupées (8’) disponibles sans musique et sans effets spéciaux, dont une séquence de combat dans un parking. Ce qui permet de découvrir comment le film a été tourné, avant le travail réalisé en postproduction.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.
Hardcore Henry reprend les codes formels du found footage et ses partis pris de ne filmer qu’à travers le prisme d’une caméra GoPro Hero3. Si le Blu-ray était le support tout indiqué pour (re)découvrir le film d’Ilya Naishuller, la définition dépend des « conditions » de prises de vue. La colorimétrie est étincelante, la copie extrêmement lumineuse, lisse, tandis que la gestion des contrastes reste aléatoire. Le piqué est on ne peut plus mordant, les détails appréciables sur le cadre, bien que les séquences nocturnes s’accompagnent parfois d’un petit halo, avec un aspect plus brouillon sur les séquences plus agitées (euphémisme) à l’instar de l’affrontement final. Metropolitan offre toutefois les meilleures conditions possibles pour (re)vivre cette expérience, si le coeur vous en dit, du moins s’il est bien accroché !
Sans surprise, dès l’apparition du logo Metropolitan, les fracassants et immersifs mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français exploitent les latérales dans leurs moindres recoins, et ce jusqu’à la fin du film. C’est peu dire que Hardcore Henry met à mal toute installation acoustique digne de ce nom. La musique de Darya Charusha bénéficie d’une spatialisation percutante et systématique, les effets, explosions, déflagrations et ambiances annexes foisonnent sans jamais noyer les quelques dialogues. N’oublions pas le caisson de basses qui ne tient pas en place sur le sol et fait vibrer les murs. Le chaos ! Top démo si vous désirez épater la galerie !
Crédits images : © Metropolitan Films